Vous comparerez ces deux textes sous forme d'un commentaire composé. Vous prendrez soin que cette confrontation ne prenne pas l'allure de deux études successives et juxtaposées, mais constitue un devoir unique qui examine simultanément les deux extraits. Vous pourrez étudier, notamment, comment la mise en scène de ces deux rencontres met en valeur aussi bien le narrateur que le personnage de Napoléon.
Publié le 27/04/2011
Extrait du document
Après l'adoption du Concordat par le Corps législatif en 1802, Lucien, ministre de l'intérieur, donna une fête à son frère ; j'y fus invité, comme ayant rallié les forces chrétiennes et les ayant ramenées à la charge. J'étais dans la galerie, lorsque Napoléon entra : il me frappa agréablement ; je ne l'avais jamais aperçu que de loin. Son sourire était caressant et beau ; son œil admirable, surtout par la manière dont il était placé sous son front et encadré dans ses sourcils. D n'avait encore aucune charlatanerie dans le regard, rien de théâtral et d'affecté. Le Génie du christianisme, qui faisait en ce moment beaucoup de bruit, avait agi sur Napoléon. Une imagination prodigieuse animait ce politique si froid : il n'eût pas été ce qu'il était, si la muse n'eût été là ; la raison accomplissait les idées du poète. Tous ces hommes à grande vie sont toujours un composé de deux natures, car il les faut capables d'inspiration et d'action : l'une enfante le projet, l'autre l'accomplit. Mémoires d'Outre-Tombe, (La Pléiade, page 490) 2. — Deux jours avant le 20 mars, je m'habillai pour aller prendre congé de Bonaparte aux Tuileries ; je ne l'avais pas revu depuis le moment où il m'avait parlé chez Lucien. La galerie où il recevait était pleine ; il était accompagné de Murât et d'un premier aide-de-camp ; il passait presque sans s'arrêter. A mesure qu'il approcha de moi, je fus frappé de l'altération de son visage : ses joues étaient dévalées ( ) et livides, ses yeux âpres, son teint pâle et brouillé, son air sombre et terrible. L'attrait qui m'avait précédemment poussé vers lui, cessa ; au lieu de rester sur son passage, je fis un mouvement afin de l'éviter. D me jeta un regard comme pour chercher à me reconnaître, dirigea quelques pas vers moi, puis se détourna et s'éloigna. Lui étais-je apparu comme un avertissement ? Mémoires d'Outre-Tombe, (La Pléiade, page 533).
Liens utiles
- Gustave Flaubert, Madame Bovary. Vous expliquerez ce texte sous forme de commentaire composé. Vous pourrez étudier, dans ce passage qui marque la naissance d'une idylle entre Emma Rouault et Charles Bovary, la façon dont sont présentés le cadre et les personnages. Vous montrerez que la scène est vue tantôt par l'auteur, tantôt par Charles Bovary.
- Vous présenterez de ce texte un commentaire composé. Vous pourrez par exemple étudier l'art de Proust, metteur en scène; montrer comment rythme, cadrage, proximité ou éloignement contribuent à renforcer la satire sociale.
- J.M.G. Le Clézio, Désert, roman de 1980. Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous pourrez, par exemple, étudier comment ce récit d'un accouchement dans le désert saharien montre, par ses procédés de style, une naissance intimement liée aux éléments naturels. Mais ces indications ne sont pas contraignantes et vous avez toute latitude pour organiser le commentaire à votre gré. Vous vous abstiendrez seulement de présenter une étude linéaire ou un commentaire séparant artificiel
- Extrait du roman d'Albert Camus, L'Étranger. Vous ferez de ce texte un commentaire composé : vous pourrez vous attacher à montrer comment la technique du récit et du dialogue nous éclaire sur la personnalité du narrateur (Meursault) et contribue à donner à cette scène de « demande en mariage » un caractère déconcertant.
- Gustave Flaubert, Salammbô. Vous ferez de ce texte un commentaire composé ; vous pourrez par exemple étudier le caractère dramatique de la scène ainsi que son élargissement épique.