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Voltaire, vers 1740, définissait le roman « la production d'un esprit faible décrivant avec facilité des choses indignes d'être lues par un esprit sérieux ». — Comment expliquez-vous ce jugement sévère? Montrez, par des exemples, de quelle manière le roman a évolué depuis Prévost jusqu'à Balzac, au point de devenir le genre littéraire le plus compréhensif qui embrasse les diverses formes de la pensée et de la vie humaine.

Publié le 14/03/2011

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voltaire

   Voltaire songe aux romans qui étaient, en 1740, de beaucoup les plus nombreux : romans galants où survivait quelque chose des romans précieux de Mlle de Scudéry; romans d'aventures compliquées et invraisemblables comme celles de la plupart des romans mêmes de l'abbé Prévost. Pourtant, à cette même date, Voltaire aurait pu songer à la Princesse de Clèves, au Gil Blas de Lesage, à la Vie de Marianne et au Paysan parvenu de Marivaux, à Manon Lescaut. Ce ne sont ni des aventures romanesques, ni des galanteries alambiquées, mais des peintures vraies, vivantes, des âmes et des mœurs. Puis le genre du roman s'est successivement enrichi et diversifié : roman lyrique dans la Nouvelle Héloïse; roman pittoresque dans Paul et Virginie ou Atala; roman de confidence personnelle dans René, Obermann, Adolphe, etc. ; roman où passent tous les caractères et toutes les mœurs, la « comédie humaine « chez Balzac; roman pittoresque dans Notre-Dame de Paris; roman à thèses sociales chez George Sand, Victor Hugo, etc., ces divers caractères étant d'ailleurs réunis, ainsi que ceux de la tradition classique, dans beaucoup de ces œuvres.    Expliquons l'erreur de Voltaire. Elle tient surtout à ce que le roman a produit alors beaucoup plus d'œuvres vieillies ou mauvaises que d'œuvres de talent; et surtout à ce que Voltaire, esprit très classique, n'estime que les genres établis et réglementés par la doctrine classique. Fénelon, qui discute, dans sa Lettre à F Académie, les différents genres, ne dit pas un mot du roman.

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