Vicente Aleixandre
Publié le 30/11/2011
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Le prix Nobel de littérature a été décerné en 1977 au poète espagnol Vicente Aleixandre dont « l'oeuvre créatrice et poétique est enracinée dans la tradition du l.rrisme espagnol et dans les courants modernes et eclaire la condition de l'homme dans l'univers et dans la société d'aujourd'hui«. Si Aleixandre est bien connu en Espagne et en Amérique latine, il semble l'être beaucoup moins en Europe et particulièrement en France où son oeuvre, très peu éditée, est pratiquement introuvable. Les éditions Gallimard annoncent la prochaine parution d'une anthologie du poète. Cet inconnu, qui ne l'est que par la faute d'une ignorance étrange, est né en 1898 à Séville. A vingt ans, il commençait à écrire ; à trente ans, il publiait son premier recueil poétique, Ambiance, où il marque nettement la distance qui le sépare de la poèsie espagnole traditionnelle pour chercher des modes d'expression nouveaux, plus en rapport avec le temps dans lequel il vit. Ses textes poétiques sont des vers libres dont la musique est purement intérieure.
«
Elle a des neveux et des nièces qui s'aiment et
cela l'indigne, car, si elle est sans doute un peu
jalouse de leur jeunesse, à soixante ans qu'elle a, elle est surtout désireuse de la respectabilité de la
famille.
Elle allume les contre-feux qui vont étouf
fer les amours.
La sécheresse cérébrale de cette
dame est extraordinaire.
Ce qui compte à ses yeux,
c'est l'apparence ; qu'importe ce qui se passe der
rière le décor.
En ce sens, elle est
t~ique de la
société anglaise de la fin du XIX• siecle telle que
Swinburne la connut et la décrit, avec son hypocri
sie et son besoin d'illusion.
Ce roman est une bonne introduction à l'œuvre
de Swinburne.
C'est d'ailleurs son seul écrit roma
nesque mené à terme.
Lesbia Brandon, au titre
significatif, est demeuré à l'état de brouillons, et on
ne sait même pas dans quel ordre il faut placer les
.
chapitres.
Les Contre-feux de l'amour est un livre
achevé.
Il fut publié voilà juste cent ans, et c'est un
peu comme le résumé de la pensée de son auteur :
une pensée scandaleuse,
au gré de la société figée
de l'Angleterre à la fin du dernier siècle, mais
volontairement scandaleuse aussi, car Swinburne
savait fort bien où
il allait.
Swinburne était né en
1837 ; il mourut en 1909.
Autant dire que son existence se confond approxi
mativement avec le règne de la reine Victoria.
Cette coïncidence n'est pas sans importance car il fut l'image de son époque, et, si on peut dire, son
négatif.
Elevé dans les bons collèges, il y découvre,
avec une sensualité particulière, un goût certain de
la dépravation et de la révolte.
Cela l'attire, l'exal
te, l'inspire.
Il déchire
le rideau du conformisme à
la mode pour crier ce qui est aussi une vérité : que
la vertu n'est pas
le lot habituel de l'humanité et
qu'il y a d'autres plaisirs sur terre que celui du thé.
Il
le dit dans ses poèmes.
Il l'exprime dans sa vie.
Si l'idée n'était pas neuve, personne ne s'était
jamais risqué à en faire la révélation publique.
Entraîné par la violence de son propos, Swinburne,
comme tous ceux qui en disent trop, exagère par
fois et choque pour la seule satisfaction d'étonner.
Mais ce nerveux qui semble avoir eu une prédilec
tion particulière pour le fouet, fréquentait les artis
tes préraphaélites et les poètes de la fin du siècle ; il
connaissait bien Gabriel Dante Rossetti et Edward
Burnes Jones.
Certains critiques ont voulu voir en
lui une espèce de reflet anglais de Sade, ce qui est
le dénaturer.
On exagérerait aussi en le comparant,
par on ne sait quels côtés, à l'éventreur de Londres,
produit sanglant de la société victorienne et, paraît
il, neveu de la reine.
Il y a pourtant un peu de ces
deux personnages en lui, même s'il s'amusait plus
qu'il n'agissait.
On notera cependatlt que ses Poè mes et ballades, qui scandalisèrent les contempo
rains, parurent à Londres au moment où, en Fran
ce,
le gouvernement de Napoléon III poursuivait,
au nom de la moralité, un Baudelaire et ses Fleurs du mal et un Flaubert et Madame Bovary.
L'hypo
crisie était-elle finalement moins forte de l'autre
côté du Channel que de ce côté-ci ? C'est une ques
tion qu'il faut aussi se poser.
Alexandre Galitch
Alexandre Galitch, poète russe, a été retrouvé
mort par électrocution à Paris, le 15 décembre,
dans le petit appartement qu'il occupait depuis son
départ de l'Union Soviétique dont il n'était plus
citoyen.
Il avait été, jusqu'à son exil, une des vedet
tes de l'art soviétique contemporain et les jeunes,
en particulier, avaient, à son égard, une admiration
que rien ne démentait.
n.
composait des poèmes
qu'il déclamait en s'accompagnant d'une guitare.
Il
s'agissait, ordinairement, de courtes saynètes met
tant en scène des personnages de la rue -un peu à
la façon du théâtre populaire -des soldats, des
employés de bureaux, des caissières de grands
magasins, un peu frondeurs par nature, mais qui
savaient parler
le langage de chacun et, à travers
les joies et les misères de leur existence, toucher,
amuser ou émouvoir
le public.
Il paraît qu'on n'ap
préciait pas à Moscou ce qui, dans ses œuvres,
semblait être une critique du régime, comme si,
dans
le pays de Pétrouchka on ne sentait pas ce
qu'il y a d'humilité et de misère dans l'humour ou
la satire.
Galitch s'en vint à Paris.
Il s'appelait Guinzbourg.
Juif de naissance,
converti à l'orthodoxie, contestataire
par vocation, il réunissait les raisons d'être chassé de l'Union des
écrivains et de l'Union des cinéastes.
Il travailla à
Munich à Radio-liberté, puis à Radio-France où il
avait la charge des émissions culturelles à destina
tion de
l'URSS.
Quelques-unes de ses œuvres poéti
ques ont été éditées en France : Chansons (1969), Génération des condamnés (1972) et Répétition
générale (1974).
Le Qumran
La séance publique de l'Académie des Inscrip
tions et Belles-Lettres a donné l'occasion, à M.
Dupont-Sommer, à la fin novembre, de faire la syn
thèse des travaux relatifs aux manuscrits de la Mer
morte dont la découverte date de trente ans,
puisque c'est en
1947 en effet qu'un jeune berger,
poursuivant un animal enfui, les découvrit dans les
grottes presque inaccessibles du Qumran.
Il y avait
là des jarres pleines de rouleaux de cuir couverts
d'une écriture qui, pour le petit Bédouin, n'avait
aucun sens.
Il signala cependant sa découverte.
D'autres grottes et d'autres amphores furent ainsi
trouvées et, au total, six cents manuscrits du plus
haut intérêt, avec des dizaines de milliers d'extraits
qu'il est difficile de rassembler.
Un des rouleaux,
par exemple, qui est aussi le mieux conservé,
contient tout Isaïe en hébreu.
Jusqu'à la trouvaille
du Qumran, on ne disposait d'aucun texte biblique
antérieur au
IX• siècle de notre ère, et voilà que,
subitement, par un incroyable hasard, on met la
main sur des manuscrits datant du premier siécle
avant notre ère.
L'ensemble constitue une des plus extra
ordinaires découvertes archéologiques et littéraires
de l'après -guerre..
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