Une vie l'indispensable ; il parla longuement des restaurants à prix moyens dont il désigna deux ou trois fréquentés par des femmes ; et il indiqua l'hôtel de Normandie où il descendait lui-même, auprès de la gare du chemin de fer.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
Un commissionnaire prit la malle de Jeanne ; et elle le suivit effarée, bousculée, inhabile à passer dans la
foule remuante, courant presque derrière l'homme dans la crainte de le perdre de vue.
Quand elle fut dans le bureau de l'hôtel, elle s'empressa d'annoncer :
" Je vous suis recommandée par M.
Roussel.
"
La patronne, une énorme femme sérieuse, assise à son bureau, demanda :
" Qui ça, M.
Roussel ? "
Jeanne interdite reprit : " Mais le notaire de Goderville, qui descend chez vous tous les ans.
"
La grosse dame déclara :
" C'est possible.
Je ne le connais pas.
Vous voulez une chambre ?
\24 Oui, madame.
"
Et un garçon, prenant son bagage, monta l'escalier devant elle.
Elle se sentait le coeur serré.
Elle s'assit devant une petite table et demanda qu'on lui montât un bouillon avec
une aile de poulet.
Elle n'avait rien pris depuis l'aurore.
Elle mangea tristement à la lueur d'une bougie, songeant à mille choses, se rappelant son passage en cette
même ville au retour de son voyage de noces, les premiers signes du caractère de Julien, apparus lors de ce
séjour à Paris.
Mais elle était jeune alors, et confiante et vaillante.
Maintenant, elle se sentait vieille,
embarrassée, craintive même, faible et troublée pour un rien.
Quand elle eut fini son repas, elle se mit à la
fenêtre et regarda la rue pleine de monde.
Elle avait envie de sortir, et n'osait point.
Elle allait infailliblement
se perdre, pensait-elle.
Elle se coucha ; et souffla sa lumière.
Mais le bruit, cette sensation d'une ville inconnue, et le trouble du voyage la tenaient éveillée.
Les heures
s'écoulaient.
Les rumeurs du dehors s'apaisaient peu à peu sans qu'elle pût dormir, énervée par ce demi-repos
des grandes villes.
Elle était habituée à ce calme et profond sommeil des champs, qui engourdit tout, les
hommes, les bêtes et les plantes ; et elle sentait maintenant, autour d'elle, toute une agitation mystérieuse.
Des
voix presque insaisissables lui parvenaient comme si elles eussent glissé dans les murs de l'hôtel.
Parfois un
plancher craquait, une porte se fermait, une sonnette tintait.
Tout à coup, vers deux heures du matin, alors qu'elle commençait à s'assoupir, une femme poussa des cris
dans une chambre voisine ; Jeanne s'assit brusquement dans son lit ; puis elle crut entendre un rire d'homme.
Alors, à mesure qu'approchait le jour, la pensée de Paul l'envahit ; et elle s'habilla dès que le crépuscule parut.
Il habitait rue du Sauvage, dans la Cité.
Elle voulut s'y rendre à pied pour obéir aux recommandations
d'économie de Rosalie.
Il faisait beau ; l'air froid piquait la chair ; des gens pressés couraient sur les trottoirs.
Elle allait le plus vite possible, suivant une rue indiquée au bout de laquelle elle devait tourner à droite, puis à
gauche ; puis arrivée sur une place, il lui faudrait s'informer à nouveau.
Elle ne trouva pas la place et se
renseigna auprès d'un boulanger qui lui donna des indications différentes.
Elle repartit, s'égara, erra, suivit
d'autres conseils, se perdit tout à fait.
Une vie
12 124.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Le chemin de fer fut le premier des moyens de transport modernes.
- « Que la terre n'ait jamais changé à ce point en un siècle (sauf par la destruction) chacun le sait. J'ai connu les moineaux qui attendaient les chevaux des omnibus au Palais Royal, et le timide et charmant Glenn, retour du cosmos ; la ville tartare de Moscou et le gratte-ciel pointu de l'Université ; tout ce que le petit chemin de fer à la cheminée en tulipe, si bien astiqué de la gare de Pennsylvanie évoquait de la vieille Amérique et tout ce que le gratte-ciel de la Panamerican appe
- L'énergie indispensable à la vie Mare temporaire et dunes de Sossusvlei, dans le désert du Namib, Namibie.
- la vie quotidienne des femmes dans la grande guerre
- Évoquer des modes de vie anciens (5) : les transports Découvrir Des moyens de transport de tous les temps o Question a.