Une vie Il arriva comme on essayait un banc rustique posé le matin même sous le grand platane en face des fenêtres du salon.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
Il prit congé ; et son dernier regard fut pour Jeanne, comme s'il lui eût adressé un adieu particulier, plus
cordial et plus doux.
La baronne le trouva charmant et surtout très comme il faut.
Petit père répondit : " Oui, certes, c'est un garçon
très bien élevé.
"
On l'invita à dîner la semaine suivante.
Il vint alors régulièrement.
Il arrivait le plus souvent vers quatre heures de l'après-midi, rejoignait petite mère dans " son allée " et lui
offrait le bras pour faire " son exercice ".
Quand Jeanne n'était point sortie, elle soutenait la baronne de l'autre
côté, et tous trois marchaient lentement d'un bout à l'autre du grand chemin tout droit, allant et revenant sans
cesse.
Il ne parlait guère à la jeune fille.
Mais son oeil, qui semblait en velours noir, rencontrait souvent l'oeil
de Jeanne, qu'on aurait dit en agate bleue.
Plusieurs fois ils descendirent tous les deux à Yport avec le baron.
Comme ils se trouvaient sur la plage, un soir, le père Lastique les aborda, et, sans quitter sa pipe, dont
l'absence aurait étonné peut-être davantage que la disparition de son nez, il prononça : " Avec ce vent-là
m'sieu l'baron, y aurait d'quoi aller d'main jusqu'Étretat, et r'venir sans s'donner d'peine.
"
Jeanne joignit les mains : " Oh ! papa, si tu voulais ? " Le baron se tourna vers M.
de Lamare :
" En êtes-vous, vicomte ? Nous irions déjeuner là-bas.
"
Et la partie fut tout de suite décidée.
Dès l'aurore, Jeanne était debout.
Elle attendit son père plus lent à s'habiller, et ils se mirent à marcher dans la
rosée, traversant d'abord la plaine, puis le bois tout vibrant de chants d'oiseaux.
Le vicomte et le père Lastique
étaient assis sur un cabestan.
Deux autres marins aidèrent au départ.
Les hommes, appuyant leurs épaules aux bordages, poussaient de
toute leur force.
On avançait avec peine sur la plate-forme de galet.
Lastique glissait sous la quille des
rouleaux de bois graissés, puis, reprenant sa place, modulait d'une voix traînante son interminable " Ohée hop
! " qui devait régler l'effort commun.
Mais, lorsqu'on parvint à la pente, le canot tout d'un coup partit, dévala sur les cailloux ronds avec un grand
bruit de toile déchirée.
Il s'arrêta net à l'écume des petites vagues, et tout le monde prit place sur les bancs ;
puis les deux matelots restés à terre le mirent à flot.
Une brise légère et continue, venant du large, effleurait et ridait la surface de l'eau.
La voile fut hissée,
s'arrondit un peu, et la barque s'en alla paisiblement, à peine bercée par la mer.
On s'éloigna d'abord.
Vers l'horizon, le ciel se baissant se mêlait à l'océan.
Vers la terre, la haute falaise droite
faisait une grande ombre à son pied, et des pentes de gazon pleines de soleil l'échancraient par endroits.
Là-bas, en arrière, des voiles brunes sortaient de la jetée blanche de Fécamp, et là-bas, en avant, une roche
d'une forme étrange, arrondie et percée à jour, avait à peu près la figure d'un éléphant énorme enfonçant sa
trompe dans les flots.
C'était la petite porte d'Étretat.
Jeanne, tenant le bordage d'une main, un peu étourdie par le bercement des vagues, regardait au loin ; et il lui
semblait que trois seules choses étaient vraiment belles dans la création : la lumière, l'espace et l'eau.
Une vie
3 16.
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