UNE SONDE SPATIALE EUROPÉENNE EXPLORERA EN 1986 LA COMÈTE DE HALLEY
Publié le 16/12/2011
Extrait du document
De tout temps, les comètes ont inquiété les hommes, suscitant les plus absurdes superstitions. Suétone attribua à l'influence de l'une d'elles les monstrueux excès de Néron. Celle de l'an 371 annonça pour Diodore de Sicile la ruine de Lacédémone et pour Ephore l'engloutissement par les flots, en Achaïe, des villes d'Helice et de Bura. Au Moyen Age, et même à l'époque de la Renaissance, on rivalisa d'interprétations extravagantes au sujet de ces astres chevelus annonciateurs, voire responsables de toutes sortes de calamités.
«
en 1607 avaient décrit à peu près la même orbite
que l'astre de 1682.
Il supposa qu'il pouvait s'agir
du même corps céleste, accomplissant sa révolu
tion autour du
Soleil aux alentours de 76 ou de 75 ans.
En tenant compte de l'action freina triee
des pla
nètes (lesquelles, Jupiter en tête_, _peuvent au~si, d'ailleurs, exercer, selon leur position, une actiOn
inverse) et, bien que l'orbite de Sat1;1rne marquâ~ à
l'époque la limite du système solatre, ce qut lats
sait donc hors jeu Uranus, Neptune et Pluton,
encore à découvrir, Halley put prédire que
le retour de la comète en question se produirait en 1758 ou au début de 1759.
C'était la première fois qu'un astronome indi
quait ainsi à l'avance le retour d'une comète.
'Les longs calculs de Halley furent alors repris et
perfectionnés en France par Clairaut, assisté de
Lalande et d'Hortense Lepeautre (la marraine de
l'hortensia), et
ce fut le triomphe de Halley, -
triomphe posthume : il eut lieu dix-sept ans après
sa mort.
La comète reparut, en effet, passant à son péri
hélie (point de l'orbite
le plus voisin du Soleil) le l3 mars 1759, soit seulement avec une différence d'un mois par rapport à la date calculée en dernier
lieu.
Si les comètes ont cessé d'être regardées comme
des prodiges maléfiques, une question, cependant,
peut
se poser à la lumière des connaissances
acquises : que se passerait-il si d'aventure la Terre
en rencontrait une ?
Il n'est pas impossible, en effet qu'un tel événe
ment ait lieu, encore qu'il soit très peu probable.
Par rencontre, il faut entendre heurt avec le noyau cométaire, car pour ce qui est de la queue,
voire de la chevelure, il est déjà arrivé à notre pla
nète de s'y trouver plongée -et nul ne s'en est
aperçu, étant donné la raréfaction des gaz qui les constituent.
Nous avons ainsi baigné sans nous en
douter, le 19 mai 1910, dans l'extrémité du vaste
panache de la comète de Halley, lors de son der
nier passage, et
les seuls phé1_1omènes obse~vé~ ont
été une clarté anormale du etel nocturne amst que
des effets de diffraction de la lumière solaire : une
apparence de couronnes autour du
Soleil et de la
Lune.
Toutefois, si nous entrions en collision, de plein
fouet, avec
le noyau lui-même -bloc de gaz
congelé ayant un rayon de quelques kilomètres au
plus - il y aurait catastrophe, mais localisée,
comme celle que provoqua dans une région, par chance désertique, de la Sibérie, la fameuse mété
orite de 1908 que l'on s'est finalement accqrdé à
reconnaître pour avoir été un noyau de comète.
Les messagères du Cosmos
Astronomes et cosmologistes s'intéressent plus
passionnément que jamais aux comètes, car, avec
les météorites, elles représentent, par l'étude de
leur composition et de leurs ma?ifestations physico-chimiques, une des plus Importantes
sources d'information sur le milieu interplanétaire
et sur les premiers stades de l'évolution du sys
tème solaire, auquel il est à présent reconnu
qu'elles appartiennent.
On peut penser en effet
qu'elles conserve_nt partielleme!lt dans le1;1r .é~at originel les constituants de la nebuleuse pnm1t1~e qui se condensèrent en planètes autour du Soleil.
Il va sans dire qu'elles posent encore bien des pro
blèmes aux chercheurs et qu'on est loin, par conséquent d'avoir épuisé les enseignements
qu'elles pe~vent nous fournir.· Ainsi, autrefois
messagères des dieux, ou de Satan, sont-elles
devenues messagères du Cosmos.
Voilà déjà plusieurs années que l'on a
envis~gé la possibilité de les sonder au moyen des engtns spatiaux.
Les Américains avaient déjà préparé le projet d'une fusée-sonde qui aurait traversé la
comète Encke lors de son passage, le l3 juillet 1964, à 40 millions de kilomètres de la Terre.
Ce projet n'eut pas de suite, non plus qu'en 1975 un
second concernant le même astre.
En
1979, la NASA et l'Agence spatiale euro
péenne (E.S.A.) avaient établi le programme
d'une mission qui aurait permis de faire coup dou
ble.
Dans un premier temps, un vaisseau spatial
automatique de la
NASA, qui serait à propulsion
ionique, lancé en juillet 1985 à partir de la navette,
libérerait, parvenue quatre ou cinq mois plus ta;d à proximité de la comète de Halley, une pettte
sonde construite par l'E.S.A., laquelle, en vol
balistique,
se serait dirigée vers son noyau, se trouvant alors à 120 millions de kilomètres de la
Terre.
Les informations recueillies par la sonde
auraient été transmises au sol terrestre via le véhi
cule principal, en même temps que celles obtenues
par celui-ci, lequel aurait ensuite, en 1988, rendez
vous avec la comète Tempel-2, de retour tous les
cinq ans.
Ces deux séries d'observations devaient
présenter un intérêt particulier du fait que la
comète
de Halley est moins âgée que Tempel-2.
Pour des raisons budgétaires, la
NASA a
renoncé à ce projet, mais l'E.S.A.
entend néa~ moins ne pas manquer un rendez-vous dont le sw
vant n'aura lieu qu'en 2061 et le comité de ses programmes scientifiques a approuvé un autre
projet.
La sonde spatiale sera économiquement réalisée
à partir d'un satellite de rechange Géos, de
750 kg, qui sera équipé des caméras, des specto
mètres et autres instruments nécessaires pour
l'étude de la queue, de la chevelure et du noyau de
la comète.
Le temps d'observation durera quatre
heures, lors du survol prévu à une distance du
noyau comprise entre
500 et 2 000 km.
Le lance
ment aurait lieu en juillet 1985 depuis le centre
guyanais de Kourou par une fusée Ariane-2.
A
une vitesse de l'ordre de 70 km par seconde, la
sonde serait à proximité de la cible six mois plus
tard, soit en mars
1986..
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