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temps, pour être avisé, et vigoureux de corps et d'esprit, il devint le premier homme de sa troupe.

Publié le 01/10/2013

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temps
temps, pour être avisé, et vigoureux de corps et d'esprit, il devint le premier homme de sa troupe. Mais lui paraissant chose servile que de rester avec autrui, il pensa, avec l'aide de quelques citoyens de Fermo à qui était plus chère la servitude que la liberté de leur patrie, et avec la faveur des Vitelli, à s'emparer de Fermo ; il écrivit à Jean Fogliani qu'étant resté plusieurs années loin de la maison il voulait venir le voir, voir sa patrie, et reconnaître un peu son patrimoine ; et comme il ne s'était mis en peine pour autre chose que pour acquérir de l'honneur, afin que ses concitoyens vissent qu'il n'avait pas mal employé son temps, il voulait venir de façon honorable et accompagné de cent cavaliers de ses amis et serviteurs ; et il le priait qu'il lui plût de pourvoir à ce que les gens de Fermo lui fissent un accueil honorable ; ce qui ne lui ferait pas seulement honneur à lui, mais aussi à son oncle, qui l'avait élevé. Jean, là-dessus, ne manqua pas de faire pour son neveu tout ce qui convenait ; et l'ayant fait accueillir avec honneur par les gens de Fermo, c'est en sa demeure que celui-ci vint loger. Là, passé quelques jours, ayant avisé à préparer secrètement ce qu'il fallait pour sa future scélératesse, il donna un festin magnifique où il invita Jean Fogliani et tous les premiers personnages de Fermo. Et lorsque le repas fut terminé ainsi que tous les autres divertissements qui sont d'usage en de tels festins, Liverotto, à dessein, se mit à tenir certains propos de conséquence, parlant de la grandeur du pape Alexandre et de César son fils, et de leurs entreprises. Et comme à ces propos répondaient Jean et les autres, lui soudain se leva, disant que c'était là matières à traiter en un lieu plus secret ; et il se retira dans une chambre où Jean et tous les autres citoyens le suivirent. Et ils ne furent pas plutôt assis, que d'endroits secrets sortirent des soldats, qui mirent à mort Jean et tous les autres. Après cet homicide, Liverotto monta à cheval, courut la ville et assiégea dans le palais le magistrat suprême ; si bien que, par peur, on fut contraint de lui obéir, et d'établir un gouvernement duquel il se fit prince. Et, tués tous ceux qui, pour être mécontents, lui pouvaient nuire, il consolida son pouvoir par de nouvelles institutions civiles et militaires ; de façon que, pendant l'espace d'un an où il eut le principat, non seulement il était en sécurité dans la ville de Fermo, mais il était devenu redoutable à tous ses voisins. Et il eût été difficile de le faire capituler comme ç'avait été le cas d'Agathocle, s'il ne se fût pas laissé tromper par César Borgia quand, à Sinigaglia, on l'a dit plus haut, il prit les Orsini et Vitelli ; c'est là que, pris lui aussi un an après avoir commis son parricide, il fut en compagnie de Vitellozzo, qu'il avait eu pour maître de ses talents et de ses scélératesses, étranglé. On pourrait se demander d'où vint qu'Agathocle et tel de ses pareils, après une infinité de trahisons et cruautés, put vivre longtemps en sécurité dans sa patrie et se défendre contre les ennemis extérieurs sans que jamais ses concitoyens conspirassent contre lui : il est de fait que beaucoup d'autres, usant de cruauté, n'ont pu, même en temps de paix, conserver leurs Etats, pour ne point parler des temps troublés de la guerre. Je crois que cela vient du bon usage ou mauvais usage des cruautés. On peut parler de bon usage (si du mal il est licite de dire bien) pour celles qui se font d'un seul coup, pour la nécessité de sa sûreté, et puis on ne s'y enfonce point, mais on les fait tourner au profit des sujets le plus qu'on peut. Il y a mauvais usage pour celles qui, encore qu'elles soient d'abord peu nombreuses, vont avec le temps plutôt croissant que s'apaisant. Ceux qui suivent le premier modèle peuvent avec Dieu et avec les hommes avoir à leur état quelque remède, comme eut Agathocle ; les autres, il est impossible qu'ils se maintiennent. D'où il faut noter qu'en prenant un pays celui qui s'en empare doit songer à toutes les vexations qu'il lui est nécessaire de faire ; et les faire toutes d'un seul coup, pour n'avoir pas à les renouveler chaque jour et pour pouvoir, en ne les renouvelant pas, rassurer les hommes et se les gagner par des bienfaits. Qui fait autrement, ou par timidité ou par mauvais calcul, est sans cesse contraint de tenir le couteau à la main ; et jamais il ne peut faire fond sur ses sujets, ceux-ci ne pouvant, par suite des violences fraîches et continuelles, avoir confiance en lui. Car les violences se doivent faire toutes ensemble afin que, le goût en persistant moins longtemps, elles offensent moins ; les bienfaits se doivent faire peu à peu, afin qu'on les savoure mieux. Et il faut, par-dessus tout, qu'un prince vive avec ses sujets de telle façon qu'aucun événement heureux ou malheureux n'ait à le faire changer ; parce que lorsque surviennent, par les temps adverses, les nécessités, tu n'es plus à temps pour le mal, et le bien que tu fais ne te profite pas, car on le juge forcé, et l'on ne t'en sait aucun gré.
temps

« militaires ; de façon que, pendant l'espace d'un - an où il eut le principat, non seulement il était en sécurité dans la ville de Fermo, mais il était devenu redoutable à tous ses voisins.

Et il eût été difficile de le faire capituler comme ç'avait été le cas d'Agathocle, s'il ne se fût pas laissé tromper par César Borgia quand, à Sinigaglia, on l'a dit plus haut, il prit les Orsini et Vitelli ; c'est là que, pris lui aussi un an après avoir commis son parricide, il fut en compagnie de Vitellozzo, qu'il avait eu pour maître de ses talents et de ses scélératesses, étranglé.

On pourrait se demander d'où vint qu'Agathocle et tel de ses pareils, après une infinité de trahisons et cruautés, put vivre longtemps en sécurité dans sa patrie et se défendre contre les ennemis extérieurs sans que jamais ses concitoyens conspirassent contre lui : il est de fait que beaucoup d'autres, usant de cruauté, n'ont pu, même en temps de paix, conserver leurs Etats, pour ne point parler des temps troublés de la guerre.

Je crois que cela vient du bon usage ou mauvais usage des cruautés.

On peut parler de bon usage (si du mal il est licite de dire bien) pour celles qui se font d'un seul coup, pour la nécessité de sa sûreté, et puis on ne s'y enfonce point, mais on les fait tourner au profit des sujets le plus qu'on peut.

Il y a mauvais usage pour celles qui, encore qu'elles soient d'abord peu nombreuses, vont avec le temps plutôt croissant que s'apaisant.

Ceux qui suivent le premier modèle peuvent avec Dieu et avec les hommes avoir à leur état quelque remède, comme eut Agatho- cle ; les autres, il est impossible qu'ils se maintiennent.

D'où il faut noter qu'en prenant un pays celui qui s'en empare doit songer à toutes les vexations qu'il lui est nécessaire de faire ; et les faire toutes d'un seul coup, pour n'avoir pas à les renouveler chaque jour et pour pouvoir, en ne les renouve- lant pas, rassurer les hommes et se les gagner par des bienfaits.

Qui fait autrement, ou par timidité ou par mauvais calcul, est sans cesse contraint de tenir le couteau à la main ; et jamais il ne peut faire fond sur ses sujets, ceux-ci ne pouvant, par suite des violences fraîches et continuelles, avoir confiance en lui.

Car les violences se doivent faire toutes ensemble afin que, le goût. »

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