Sur la douleur de Mme de Longueville à la mort de son fils. Madame de Sévigné
Publié le 12/07/2011
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Paris, 20 juin 1672.
Vous n'avez jamais vu Paris comme il est. Tout le monde pleure ou craint de pleurer. L'esprit tourne à la pauvre Mme de Nogent. Mme de Longueville fait fendre le cœur, à ce qu'on dit. Je ne l'ai point vue, mais voici ce que je sais. Mlle de Vertus était retournée depuis deux jours au Port-Royal, où elle est presque toujours. On est allé la quérir, avec M. Arnauld, pour dire cette terrible nouvelle. Mlle de Vertus n'avait qu'à se montrer : ce retour si précipité marquait bien quelque chose de funeste. En effet, dès quelle parut : « Ah! Mademoiselle! comment se porte monsieur mon frère ? « Sa pensée n'osa aller plus loin. « Madame, il se porte bien de sa blessure. — Il y a eu un combat. Et mon fils? « On ne lui répondit rien. « Ah! Mademoiselle! mon fils, mon cher enfant, répondez-moi; est-il mort? — Madame, je n'ai point de paroles pour vous répondre. — Ah! mon cher fils! est-il mort sur-le-champ? N'a-t-il pas eu un seul moment? Ah! mon Dieu, quel sacrifice! « Et là-dessus elle tombe sur son lit, et tout ce que la plus vive douleur put faire, et par des convulsions, et par des évanouissements, et par un silence mortel, et par des cris étouffés, et par des larmes amères, et par des élans vers le ciel, et par des plaintes tendres et pitoyables: elle a tout éprouvé. Elle voit certaines gens. Elle prend des bouillons parce que Dieu le veut. Elle n'a aucun repos. Sa santé, déjà mauvaise, est visiblement altérée. Pour moi, je lui souhaite la mort, ne comprenant pas qu'elle puisse vivre après une telle douleur.
L'ensemble. — Continuant à faire le « commentaire « de son temps, Mme de Sévigné nous parle de la douleur de Mme de Longue- ville en apprenant la mort de son fils. Intérêt psychologique d'abord, mais aussi intérêt historique, puisque Mme de Longueville est la sœur du grand Condé, la Précieuse fameuse, qui, bien revenue de ses folles intrigues, est alors toute consacrée à Dieu et vouée à une existence de prière et de pénitence.
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