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solennité.

Publié le 15/12/2013

Extrait du document

solennité. « Il est très-probable, monsieur, qu'on n'aura pas besoin de vous là-haut d'ici à quelque temps, parce que mon maître est en train de faire l'affaire de votre maître, monsieur : ainsi, vous aurez le temps de me parler un petit peu en particulier, monsieur. Me comprenez-vous, monsieur ? » M. Muzzle se tut encore, attendant toujours une réponse, et M. Trotter le désappointa de nouveau. « Eh bien, pour lors, reprit-il, je suis très-fâché d'être obligé de m'expliquer devant ces dames, mais la nécessité du cas sera mon excuse. L'arrière-cuisine est vide, monsieur, si vous voulez y passer, monsieur, M. Weller sera témoin, et nous aurons une satisfaction mutuelle jusqu'à ce que la sonnette sonne. Suivez-moi, monsieur. » En disant ces mots le vaillant domestique fit un pas ou deux vers la porte, tout en ôtant son habit afin de ne point perdre de temps. Mais aussitôt que la cuisinière entendit les dernières paroles de ce défi mortel, aussitôt qu'elle vit M. Muzzle se préparer pour le combat singulier, elle poussa un cri déchirant, et se précipita sur M. Trotter, qui se leva vainement, à l'instant même ; elle souffleta, elle égratigna son large visage, et entortillant ses mains dans les cheveux plats du nouveau Job, elle en arracha de quoi faire cinq ou six douzaines de bagues. Ayant accompli cet exploit avec l'ardeur que lui inspirait son amour dévoué pour M. Muzzle, elle chancela et tomba évanouie sous la table, car c'était une dame douée de sentiments fort délicats et fort excitables. En ce moment la sonnette retentit. « C'est pour vous, Job Trotter, » dit Sam, et avant que celui-ci pût résister ou faire des remontrances, avant même qu'il eût étanché le sang qui coulait de ses blessures, Sam le prit par un bras, Muzzle par l'autre, et le premier le tirant, le second le poussant, ils lui firent monter les escaliers et l'introduisirent dans le parloir. La scène qui s'y passait était remplie d'intérêt. Alfred Jingle, esquire, autrement le capitaine Fitz-Marshall, était debout près de la porte, son chapeau à la main, avec un sourire sur son visage, et une physionomie qui n'était nullement émue par sa désagréable situation. En face de lui se trouvait M. Pickwick, qui, évidemment, lui avait inculqué quelque leçon d'une haute morale, car sa main gauche était cachée sous les pans de son habit, et sa main droite, étendue en l'air, comme c'était son habitude quand il prononçait un discours destiné à faire impression. Un peu en arrière on voyait M. Tupman, bouillant d'indignation, mais soigneusement retenu par ses deux jeunes amis. Enfin, à l'extrémité de la chambre se tenaient M. Nupkins, Mme Nupkins et miss Nupkins, tous avec un air hautain et sombre, plein de menaces et de vexations. Au moment où Job fut amené, M. Nupkins déclamait avec une dignité magistrale : « Qui m'empêche, disait-il, de faire détenir ces individus comme des fripons et des imposteurs ? Pourquoi céder à une folle compassion ? Qui m'en empêche ? - L'orgueil, vieux camarade, l'orgueil, répliqua Jingle d'un air calme. Mauvais effet - attrapé un capitaine ! Ha ! ha ! - l'excellente charge ! - bon parti pour notre fille. - À trompeur trompeur et demi ! - Rendre cela public ? - Pas pour un empire ; - on en dirait trop, beaucoup trop. - Misérable ! s'écria Mme Nupkins, nous méprisons vos basses insinuations. - Je l'ai toujours détesté, ajouta Henriette. - Oh ! nécessairement. - Grand jeune homme, - vieux adorateur. - Sidney Porkenham, - riche, joli garçon. - Pas si riche que le capitaine, malgré ça..., eh ! son congé. - On fait tout au monde pour le capitaine, - le capitaine n'a pas son pareil. - Toutes les demoiselles folles de lui, eh ! Job, eh ? » Ici M. Jingle se mit à rire de tout son coeur, et Job, frottant ses mains avec délices, laissa échapper le premier son qu'il se fût encore permis, depuis qu'il était entré dans la maison ; c'était un ricanement sans bruit, retenu, qui semblait indiquer qu'il en jouissait trop pour en laisser évaporer aucune partie en vaines démonstrations. « M. Nupkins, dit l'aînée des deux dames, voilà une conversation que les domestiques n'ont pas besoin d'entendre. Faites éloigner ces deux misérables. - Certainement, ma chère. - Muzzle. - Votre Vénération... - Ouvrez la porte. - Oui, Votre Vénération... - Quittez cette maison, misérables ! s'écria M. Nupkins d'une manière emphatique. » Jingle sourit et se dirigea vers la porte. « Arrêtez, » dit M. Pickwick. Jingle s'arrêta. « J'aurais pu, poursuivit M. Pickwick, j'aurais pu me venger davantage du traitement que vous m'avez fait éprouver, de concert avec votre ami l'hypocrite... (Ici Job salua avec la plus grande politesse, en posant la main sur son coeur.) Je dis, continua M. Pickwick, en s'échauffant graduellement, je dis que j'aurais pu me venger davantage ; mais je me contente de vous démasquer, car c'est un devoir envers mes semblables. Je me flatte, monsieur, que vous n'oublierez pas cette modération. (En cet endroit Job Trotter, avec une facétieuse gravité, appliqua sa main à son oreille comme pour ne pas perdre une syllabe de ce que disait M. Pickwick.) Je n'ai plus qu'une chose à ajouter, continua le philosophe, tout à fait irrité : c'est que je vous regarde comme un fripon... et un... un coquin... le plus mauvais coquin que j'aie jamais rencontré... excepté ce pieux vagabond en livrée violette ! - Ha ! ha ! ha ! ricana Jingle. Bon garçon, - Pickwick ; bon coeur ! - vieux gaillard solide ! - mais il ne faut pas être si colère, - mauvaise chose. - Adieu, adieu ; vous reverrai quelque jour. - Ne vous chagrinez pas. - Job, trotte ! » En prononçant ces mots, M. Jingle enfonça son chapeau à sa mode et s'éloigna d'un pas mesuré. Job s'arrêta, regarda autour de lui, sourit, puis, adressant à M. Pickwick un salut sérieusement moqueur, et à Sam un coup d'oeil dont l'audacieuse malice surpasse toute description, il suivit les pas de son estimable maître. « Sam, dit M. Pickwick, en voyant que son domestique prenait le même chemin. - Monsieur. - Restez ici. » Sam parut incertain. « Restez ici, répéta M. Pickwick. - Est-ce que je ne pourrais pas rabattre un peu ce Job Trotter dans le jardin ? - Non certainement. - Est-ce que je ne peux pas le reconduire à coups de pied, monsieur ? - Non, sous aucun prétexte. » Pendant un moment, pour la première fois depuis son engagement, Sam eut l'air mécontent et malheureux. Mais sa contenance s'éclaircit immédiatement, car le rusé Muzzle, qui s'était caché derrière la porte, en sortit vivement à l'instant précis, et parvint fort habilement à faire rouler Jingle et son acolyte le long des escaliers, et jusque dans les aloès américains, qui les attendaient en bas. « Maintenant, monsieur, dit M. Pickwick à M. Nupkins, maintenant, monsieur, ayant accompli notre dessein, mes amis et moi, nous allons vous faire nos adieux, et tout en vous remerciant pour l'hospitalité que nous avons reçue, permettez-moi de vous assurer, en leur nom comme au mien, que nous ne l'aurions pas acceptée, et que nous n'aurions pas consenti à sortir ainsi de la situation où nous nous trouvions, si nous n'y avions pas été incités par un vif sentiment de devoir. Nous retournons à Londres demain matin : votre secret est en sûreté avec nous. » Ayant ainsi protesté contre ce qui s'était passé dans la matinée, M. Pickwick fit un profond salut

« laisser évaporer aucunepartieenvaines démonstrations. « M. Nupkins, ditl’aînée desdeux dames, voilàuneconversation quelesdomestiques n’ontpas besoin d’entendre.

Faiteséloigner cesdeux misérables. – Certainement, machère.

–Muzzle. – Votre Vénération… – Ouvrez laporte. – Oui, Votre Vénération… – Quittez cettemaison, misérables ! s’écriaM. Nupkins d’unemanière emphatique. » Jingle sourit etse dirigea verslaporte. « Arrêtez, » ditM. Pickwick. Jingle s’arrêta. « J’aurais pu,poursuivit M. Pickwick, j’auraispume venger davantage dutraitement quevous m’avez faitéprouver, deconcert avecvotre amil’hypocrite… (IciJob salua aveclaplus grande politesse, enposant lamain surson cœur.) Jedis, continua M. Pickwick, ens’échauffant graduellement, jedis que j’aurais pume venger davantage ; maisjeme contente devous démasquer, carc’est undevoir envers messemblables.

Jeme flatte, monsieur, quevous n’oublierez pascette modération.

(Encetendroit JobTrotter, avecunefacétieuse gravité, appliqua samain àson oreille comme pournepas perdre unesyllabe deceque disait M. Pickwick.) Jen’ai plus qu’une choseàajouter, continua lephilosophe, toutàfait irrité : c’est que jevous regarde commeunfripon… etun… uncoquin… leplus mauvais coquinquej’aie jamais rencontré… exceptécepieux vagabond enlivrée violette ! – Ha ! ha !ha ! ricana Jingle.

Bongarçon, –Pickwick ; boncœur ! –vieux gaillard solide !–mais il ne faut pasêtre sicolère, –mauvaise chose.–Adieu, adieu ; vousreverrai quelque jour.–Ne vous chagrinez pas.–Job, trotte ! » En prononçant cesmots, M. Jingle enfonçasonchapeau àsa mode ets’éloigna d’unpas mesuré.

Jobs’arrêta, regardaautourdelui, sourit, puis,adressant àM. Pickwick unsalut sérieusement moqueur,etàSam uncoup d’œil dontl’audacieuse malicesurpasse toute description, ilsuivit lespas deson estimable maître. « Sam, ditM. Pickwick, envoyant quesondomestique prenaitlemême chemin. – Monsieur. – Restez ici. » Sam parut incertain. « Restez ici,répéta M. Pickwick. – Est-ce quejene pourrais pasrabattre unpeu ceJob Trotter danslejardin ? – Non certainement. – Est-ce quejene peux paslereconduire àcoups depied, monsieur ? – Non, sousaucun prétexte. » Pendant unmoment, pourlapremière foisdepuis sonengagement, Sameutl’air mécontent et malheureux.

Maissacontenance s’éclaircitimmédiatement, carlerusé Muzzle, quis’était caché derrière laporte, ensortit vivement àl’instant précis,etparvint forthabilement àfaire rouler Jingleetson acolyte lelong desescaliers, etjusque danslesaloès américains, quiles attendaient enbas. « Maintenant, monsieur,ditM. Pickwick àM. Nupkins, maintenant, monsieur,ayantaccompli notre dessein, mesamis etmoi, nous allons vousfairenosadieux, ettout envous remerciant pour l’hospitalité quenous avons reçue, permettez-moi devous assurer, enleur nom comme au mien, quenous nel’aurions pasacceptée, etque nous n’aurions pasconsenti àsortir ainsi de lasituation oùnous nous trouvions, sinous n’yavions pasétéincités parunvifsentiment de devoir.

Nousretournons àLondres demainmatin :votresecret estensûreté avecnous. » Ayant ainsiprotesté contrecequi s’était passédanslamatinée, M. Pickwick fitun profond salut. »

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