situations déterminées.
Publié le 30/10/2013
Extrait du document
«
Mais
ceque veut lestoïcisme, c’estlaphilosophie danstoute sonauthenticité.
L’hommequiafait l’expérience
originelle dessituations-limites estpoussé dufond delui-même àchercher àtravers l’écheclechemin del’être.
La façon dontilfait cette expérience del’échec estpour luidécisive : l’échecpeutluidemeurer cachéetfinir par
l’écraser, enfait seulement ; l’hommepeutaucontraire lecontempler enface etlegarder présent àson esprit
comme lalimite constante desavie ; ilpeut recourir contreluiàdes solutions etàdes apaisements imaginaires,
ou bien aucontraire l’accepter loyalement engardant lesilence devantl’inexplicable.
Lamanière dontl’homme
fait l’expérience del’échec détermine cequ’il vadevenir.
Dans lessituations-limites, onrencontre lenéant, oubien onpressent, malgrélaréalité évanescente du
monde etau-dessus d’elle,cequi est véritablement.
Ledésespoir lui-même, dufait qu’il peut seproduire dans
le monde, nousdésigne cequi setrouve au-delà.
Autrement dit :l’homme veutêtresauvé.
Lesalut luiest offert parlesgrandes religions universelles quiont
pour signe distinctif d’offrirunegarantie objective delavérité etde laréalité dusalut.
Leurvoie, c’estcelle où
s’accomplit l’acteindividuel delaconversion.
Cela,laphilosophie nepeut pasledonner.
Etpourtant,
philosopher, c’esttoujours vaincrelemonde, c’estquelque chosed’analogue ausalut.
*
* *
En résumé, l’origine delarecherche philosophique setrouve dansl’étonnement, ledoute, laconscience que
l’on ad’être perdu.
Danschaque cas,ellecommence parunbouleversement quisaisit l’homme etfait naître en
lui lebesoin desedonner unbut.
C’est l’étonnement quipoussa PlatonetAristote àchercher l’essence del’être.
Descartes acherché àtravers l’indétermination sansfindes choses incertaines lacertitude indubitable.
Les stoïciens ontcherché danslessouffrances delavie lapaix del’âme.
Chacune deces tentatives asa vérité, àtravers levêtement historique chaquefoisdifférent des
représentations etdu langage.
Enlesassimilant àtravers l’histoire, nouspénétrons jusqu’auxoriginesquisont
encore présentes ennous.
Elles cherchent unfondement sûr,laprofondeur del’être, l’éternité.
Mais peut-être aucunedeces origines n’est-elle pournous-mêmes laplus originelle, laplus inconditionnelle.
Quand l’êtreserévèle ensuscitant notreétonnement, nousreprenons haleine,maisnous sommes tentésdenous
dérober auxhommes etde nous abandonner àune pure magie métaphysique.
Lacertitude incontestable, elle,ne
règne quelorsque nouscherchons ànous orienter danslemonde àl’aide dusavoir scientifique.
L’attitude
inébranlable del’âme danslestoïcisme n’adevaleur quepassagère, lorsqu’ilnousfauttraverser lemalheur,
nous sauver d’uneruinetotale, maisellereste enelle-même privéedesubstance etde vie.
Ces trois mobiles quiagissent ennous – étonnement etconnaissance, douteetcertitude, situationde
l’homme perdudanslemonde etqui devient lui-même – n’épuisentpaslesraisons quinous portent aujourd’hui
à philosopher.
A notre époque oùs’est produite unecoupure radicaledanslacontinuité historique, encetemps
d’effondrement sansprécédent etde chances obscures etàpeine pressenties, lestrois mobiles quenous avons
examinés jusqu’icirestentbienvalables, maisilsne suffisent plus.Leurvaleur estconditionnelle, elledépend de
la communication entreleshommes.
Jusqu’ici, dansl’histoire, ilyavait d’homme àhomme desliens incontestés : communautés danslesquelles
on pouvait avoirconfiance, institutions, espritcommun.
Lesolitaire lui-même étaitencore porté,danssa
solitude.
Aujourd’hui, siune décadence semanifeste, c’estsurtout danslefait que deshommes deplus enplus
nombreux cessentdesecomprendre, qu’ilsserencontrent etse quittent dansl’indifférence, qu’aucunefidélité
désormais, aucunecommunauté n’estsûreetdigne deconfiance.
Aujourd’hui lasituation humaineengénéral, tellequ’elle aexisté detout temps, prendpournous une
importance décisive :jepeux m’accorder avecautrui danslavérité, etjene lepeux pourtant pas ;mafoise
heurte àune foidifférente, etcela justement alorsquejesuis sûrdemoi ; quelque part,àla limite, nous
semblons vouésaucombat, sansespoir denous unir, avecpour seule issuelasoumission oul’anéantissement ;
la mollesse etlapassivité deceux quin’ont aucune conviction fontqu’ils serallient aveuglément, ouse
contentent dedéfis obstinés.
Tout celan’est passecondaire nidénué d’importance.
Celapourrait l’êtres’ilyavait pourmoi,dans
l’isolement, unevérité quimesuffirait.
Lasouffrance quej’éprouve quandlacommunication avecautrui est
imparfaite, lasatisfaction extraordinaire quedonne unecommunication véritable,nem’atteindraient pasainsi
sur leplan philosophique sij’étais pourmonpropre compte, etdans unesolitude absolue, sûrdelavérité.
Mais
je n’existe qu’avecautrui ;seuljene suis rien..
»
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