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simplement les renseignements nécessaires, au fur et à mesure des besoins.

Publié le 15/12/2013

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simplement les renseignements nécessaires, au fur et à mesure des besoins. J'ai même fait préparer des renseignements pour moi par le Multivac Annexe, selon un schéma de programmation personnel, que j'avais mis au point dans ce but particulier. -- Des chiffres au hasard ? dit Jablonsky. -- Pas du tout. J'ai introduit un certain nombre de bases nécessaires. Jablonsky sourit, d'une manière tout à fait inattendue, ses yeux noirs pétillant entre ses paupières plissées. -- Trois fois, un rapport m'a été communiqué sur des utilisations non autorisées de l'Annexe, et à chaque fois, j'ai laissé passer. Si cela avait eu de l'importance, j'aurais enquêté et je vous aurais démasqué, John, j'aurais découvert ce que vous faisiez. Mais, naturellement, Multivac n'avait déjà plus aucune importance, alors vous vous en êtes tiré. -- Comment ça, plus aucune importance ? s'exclama Henderson d'un air soupçonneux. -- Rien n'en avait. J'aurais dû vous avertir, sur le moment. Cela vous aurait évité bien de la douleur mais aussi, si vous m'aviez raconté ce que vous faisiez, vous m'en auriez bien évité, à moi. Qu'est-ce qui vous faisait penser que le Multivac était en état de marche, quels que soient les renseignements que vous y introduisiez ? -- Pas en état de marche ? s'étonna Swift. -- Pas vraiment. Pas avec sûreté. Après tout, où étaient tous mes techniciens dans les dernières années de la guerre ? Je m'en vais vous le dire. Ils programmaient tous des ordinateurs sur mille engins spatiaux différents. Ils étaient partis ! Je devais me débrouiller avec des gosses en qui je n'avais guère confiance, ou avec des vieux complètement dépassés. D'ailleurs, pensez-vous que je pouvais me fier aux éléments à l'état solide venant de la Cryogénie, au cours des dernières années ? La Cryogénie n'était pas plus gâtée que moi, rapport au personnel. Il m'importait peu de savoir que les renseignements fournis au Multivac étaient sûrs ou non. Les résultats n'étaient pas sûrs. Ça, je le savais ! -- Qu'est-ce que vous avez fait ? demanda Henderson. -- La même chose que vous, John. J'ai introduit « le facteur pif ». J'ai modifié les choses selon mon intuition, et voilà comment la machine a gagné la guerre ! Swift se renversa en arrière contre son dossier et allongea ses jambes devant lui. -- Quelles révélations ! Ainsi, tout ce qu'on me remettait pour me guider et m'aider à prendre des décisions était une interprétation intuitive de renseignements intuitivement fabriqués. C'est bien ça ? -- On dirait, avoua Jablonsky. -- Dans ce cas, j'ai eu raison de ne pas m'y fier, déclara Swift. -- Vous voulez dire que... ! s'écria Jablonsky. Malgré ce qu'il venait d'expliquer, il se sentait professionnellement insulté. -- Eh non ! Le Multivac me disait, par exemple : « Frappez ici, pas là-bas ! Faites ceci, pas cela ! Attendez, n'agissez pas ! » Mais je n'étais jamais sûr que le Multivac disait réellement ce qu'il avait l'air de dire, ou si ce qu'il disait était la vérité. Je n'en étais jamais certain. -- Mais le rapport final était toujours assez clair, monsieur le directeur ! protesta Jablonsky. -- Pour ceux qui n'avaient pas à prendre la décision, peut-être. Pas pour moi. L'horreur que j'éprouvais de la responsabilité de ces décisions était intolérable, et même le Multivac ne suffisait pas à me soulager de ce poids. Mais le fait est que j'avais raison de douter, et c'est pour moi un immense soulagement. Pris dans la complicité des confessions mutuelles, Jablonsky ne se soucia plus de protocole ni des titres. -- Alors qu'est-ce que vous avez fait, Lamar ? Vous avez bien fini par prendre des décisions, après tout. Comment ? -- Eh bien, il est temps de retourner là-bas, peut-être, mais... je vais vous le dire. Pourquoi pas ? Je me suis bien servi d'un ordinateur, Max, mais d'un appareil bien plus ancien que le Multivac. Infiniment plus ancien. Il chercha dans sa poche son paquet de cigarettes, et le ramena avec une petite poignée de monnaie ; des pièces désuètes, remontant à l'époque précédant la pénurie de métal, avec la création d'un complexe de crédit relié à un ordinateur central. Swift sourit d'un air penaud. -- J'ai encore besoin de ces pièces, pour que l'argent garde quelque substance pour moi. Un vieil homme a du mal à renoncer aux habitudes de sa jeunesse. Il mit une cigarette entre ses lèvres et laissa retomber les pièces de sa poche, une par une. Il garda la dernière entre ses doigts, en la contemplant distraitement. -- Le Multivac n'est pas le premier ordinateur, mes amis, ni le mieux connu, ni celui qui peut soulager le plus efficacement du fardeau de la décision les épaules d'un directeur. C'est bien une machine qui a gagné la guerre, John, tout au moins un petit système de calcul très simple, dont je me sers chaque fois que je dois prendre une décision particulièrement difficile. Avec un sourire nostalgique, il lança sa pièce en l'air. Elle scintilla en tournoyant et retomba dans sa main tendue. Il referma les doigts et la retourna sur le dos de sa main gauche. La droite y resta plaquée, cachant la pièce. -- Pile ou face, messieurs ? demanda-t-il.

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