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Selon votre préférence, résumez le texte suivant en respectant son mouvement, ou bien analysez-le en distinguant et ordonnant les thèmes et en vous attachant à rendre compte de leurs rapports. Vous indiquerez, en tête de votre copie, par le mot résumé ou analyse, la nature de votre choix.

Publié le 08/03/2011

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Selon votre préférence, résumez le texte suivant en respectant son mouvement, ou bien analysez-le en distinguant et ordonnant les thèmes et en vous attachant à rendre compte de leurs rapports. Vous indiquerez, en tête de votre copie, par le mot résumé ou analyse, la nature de votre choix. Après ce résumé ou cette analyse, vous dégagerez du texte un problème auquel vous attachez un intérêt particulier : vous en préciserez les données, vous les discuterez s'il y a lieu et vous exposerez, en les justifiant avec netteté, vos propres vues sur la question. FÉCONDITÉ DES CONTACTS Bien qu'aucune culture ne soit absolument figée, il faut admettre que, là où se rencontre une forte densité de population, les conditions sont meilleures pour que la culture du groupe en question reçoive de nouveaux développements. La multiplicité des contacts entre individus différents est, pour chacun, une cause de vie intellectuelle plus intense. D'autre part, dans ces groupes plus nombreux et plus denses, il y a possibilité — comme le notait déjà Émile Durkheim, le fondateur de l'école sociologique française — d'une division du travail plus poussée; cette spécialisation plus grande des tâches non seulement s'accompagne d'un perfectionnement des techniques, mais amène la répartition des membres de tels groupes en classes sociales distinctes, entre lesquelles ne manqueront pas de se produire des tensions ou des conflits (reposant sur des questions d'intérêt ou de prestige), ce qui entraînera tôt ou tard la modification des formes culturelles établies. Dans des sociétés de structure aussi complexe, chaque individu, d'une manière générale, se trouve en face de situations plus variées qui l'obligent, procédant à des innovations de conduite, à modifier les réponses traditionnelles pour les ajuster à ses expériences multiples. De même, moins un peuple sera isolé et plus il aura d'ouvertures sur l'extérieur et d'occasions de contact avec d'autres peuples (dans la paix et dans la guerre elle-même, car la guerre, sans être à beaucoup près la plus souhaitable vu qu'il arrive fréquemment que la culture d'un peuple ne survive pas ou ne survive que par quelques débris à l'épreuve de la conquête militaire ou de l'oppression, représente néanmoins l'une des façons dont les peuples prennent contact), plus la culture de ce peuple aura de chances d'évoluer, s'enrichissant aussi bien par des emprunts directs qu'en raison d'une diversité plus grande d'expériences pour ses représentants et de la nécessité dans laquelle ils se trouvent de répondre à des situations inédites. Un bon exemple de stagnation culturelle causée par l'isolement est celui qu'offrent les Tasmaniens, qui, coupés du reste de l'humanité par la situation de leur île, en étaient encore du point de vue technique au niveau du paléolithique moyen lorsque les Anglais s'établirent chez eux au début du siècle dernier; les Tasmaniens, il est vrai, furent loin de bénéficier de cette rupture de leur isolement car ils ont aujourd'hui totalement disparu, décimés peu à peu dans leurs luttes contre les colons. On doit en conclure que si le contact même guerrier est, en principe, un facteur d'évolution culturelle, il est indispensable, pour qu'un tel contact soit fructueux, qu'il se produise entre peuples situés à des niveaux techniques qui ne soient pas trop différents (pour ne pas aboutir à l'extermination pure et simple d'un des deux partenaires ou à sa réduction en un état tel que l'esclavage, qui entraîne la pulvérisation de la culture traditionnelle) ; indispensable également que les moyens techniques mis en œuvre n'aient pas atteint un degré d'efficacité suffisant — comme c'est le cas, malheureusement, des grandes nations de notre monde moderne — pour que les adversaires ne sortent de leur conflit que ruinés, sinon détruits, les uns comme les autres. Contacts entre individus et entre peuples, emprunts, utilisation d'éléments préexistants pour des combinaisons neuves, découvertes de situations et de choses ignorées apparaissent donc comme les moyens par lesquels, de l'intérieur ou de l'extérieur, une culture se transforme. Si grand est le rôle des emprunts (qui représentent une économie en ce sens qu'ils évitent à une société d'avoir à parcourir par elle-même toutes les étapes menant à l'invention qu'elle emprunte) qu'on peut dire des cultures — comme il a été établi pour les races — qu'elles ne sont jamais « pures « et qu'il n'en est pas une qui, dans son état actuel, ne résulte de la coopération de peuples différents. Michel Leiris, « Race et civilisation « dans l'ouvrage collectif Le Racisme devant la science.

 

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