- Seize ans et demi.
Publié le 29/10/2013
Extrait du document
«
«
Non, non,pasça ! Tout ceque tuvoudras, pourlereste.
Bats-moi, tue-moi… Maisnedis pas ça,tumens ! »Roubaud luiavait gardé unemain dansles
siennes.
« Est-ce quetuen sais quelque chose ?C'estbienparce quetuen doutes toi-même, queçate
soulève ainsi.»Et, comme elledégageait samain, ilsentit sabague, lepetit serpent d'oràtête
de rubis, oublié àson doigt.
Ill'en arracha, lepila dutalon surlecarreau, dansunnouvel accès
de rage.
Puis,ilmarcha d'unbout delapièce àl'autre, muet,éperdu.
Elle,tombée assiseau
bord dulit,leregardait deses grands yeuxfixes.
Etleterrible silencedura.
La fureur deRoubaud nesecalmait point.Dèsqu'elle semblait sedissiper unpeu, ellerevenait
aussitôt, commel'ivresse, pargrandes ondesredoublées, quil'emportaient dansleurvertige.
Il
ne sepossédait plus,battait levide, jetéàtoutes lessautes duvent deviolence dontilétait
flagellé, retombant àl'unique besoind'apaiser labête hurlante aufond delui.
C'était unbesoin
physique, immédiat, commeunefaim devengeance, quiluitordait lecorps etqui nelui
laisserait plusaucun repos, tantqu'il nel'aurait passatisfaite.
Sans s'arrêter, ilse tapa lestempes deses deux poings, ilbégaya, d'unevoixd'angoisse :
« Qu'est-ce quejevais faire ? »Cette femme, puisqu'il nel'avait pastuée toutdesuite, ilne la
tuerait pasmaintenant.
Salâcheté delalaisser vivreexaspérait sacolère, carc'était lâche,
c'était parcequ'iltenait encore àsa peau degarce, qu'ilnel'avait pasétranglée.
Ilne pouvait
pourtant lagarder ainsi.Alors, ilallait donc lachasser, lamettre àla rue, pour nejamais la
revoir ?
Et un nouveau flotdesouffrance l'emportait, uneexécrable nauséelesubmergeait toutentier,
lorsqu'il sentaitqu'ilneferait pasmême ça.Quoi enfin ? Ilne restait qu'àaccepter
l'abomination etqu'à remmener cettefemme auHavre, àcontinuer latranquille vieavec elle,
comme side rien n'était.
Non ! non !lamort plutôt, lamort pourtouslesdeux, àl'instant ! Unetelle détresse lesouleva,
qu'il criaplus haut, égaré :
« Qu'est-ce quejevais faire ? »Du litoù elle restait assise, Séverine lesuivait toujours deses
grands yeux.Danslacalme affection decamarade qu'elleavaiteuepour lui,ill'apitoyait déjà,
par ladouleur démesurée oùelle levoyait.
Lesgros mots, lescoups, ellelesaurait excusés, si
cet emportement fouluiavait laissé moins desurprise, unesurprise dontellenerevenait pas
encore.
Elle,passive, docile,quitoute jeune s'était pliéeauxdésirs d'unvieillard, quiplus tard
avait laissé fairesonmariage, simplement désireused'arranger leschoses, n'arrivait pasà
comprendre untel éclat dejalousie, pourdesfautes anciennes, dontelleserepentait et,sans
vice, lachair maléveillée encore,danssademi-inconscience defille douce, chastemalgré tout,
elle regardait sonmari, aller,venir, tourner furieusement, commeelleaurait regardé unloup,
un être d'une autreespèce, Qu'avait-il doncenlui ? Ilyen avait tantsans colère ! Cequi
l'épouvantait, c'étaitdesentir l'animal, soupçonné parelle depuis troisans,àdes grognements
sourds, aujourd'hui déchaîné,enragé,prêtàmordre.
Queluidire, pour empêcher unmalheur ?
A chaque retour,ilse retrouvait prèsdulit,devant elle.
Et elle l'attendait aupassage, elleosaluiparler.
« Mon ami,écoute… »Mais ilne l'entendait pas,ilrepartait àl'autre boutdelapièce, ainsi
qu'une paillebattue d'unorage.
« Qu'est-ce quejevais faire ? Qu'est-ce quejevais faire ? »Enfin elleluisaisit lepoignet, ellele
retint uneminute.
« Mon ami,voyons, puisque c'estmoiquiairefusé d'yaller… Jen'y serais jamais plusallée,
jamais ! jamais ! C'esttoique j'aime.
»Et elle sefaisait caressante, l'attirant,levantseslèvres
pour qu'illesbaisât.
Mais,tombé prèsd'elle, illa repoussa, dansunmouvement d'horreur.
« Ah ! garce, tuvoudrais maintenant… Toutàl'heure, tun'as pasvoulu, tun'avais pasenvie de
moi… Et,maintenant, tuvoudrais, pourmereprendre, hein ?Lorsqu'on tientunhomme parlà,.
»
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