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  SCIPION   Je te comprends.

Publié le 15/12/2013

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  SCIPION   Je te comprends. Mais je te jure que je ne le puis pas.   CHEREA   Es-tu donc avec lui ?   SCIPION   Non. Mais je ne puis être contre lui. (Un temps, puis sourdement.) Si je le tuais, mon coeur du moins serait avec lui.   CHEREA   Il a pourtant tué ton père !   SCIPION   Oui, c'est là que tout commence. Mais c'est là aussi que tout finit.   CHEREA   Il nie ce que tu avoues. Il bafoue ce que tu vénères.       SCIPION   C'est vrai, Cherea. Mais quelque chose en moi lui ressemble pourtant. La même flamme nous brûle le coeur.   CHEREA   Il est des heures où il faut choisir. Moi, j'ai fait taire en moi ce qui pouvait lui ressembler.   SCIPION   Je ne puis pas choisir puisqu'en plus de ce que je souffre, je souffre aussi de ce qu'il souffre. Mon malheur est de tout comprendre.   CHEREA   Alors tu choisis de lui donner raison.   SCIPION, dans un cri.   Oh ! je t'en prie, Cherea, personne, plus personne pour moi n'aura jamais raison !   Un temps, ils se regardent.   CHEREA, avec émotion, s'avançant vers Scipion.   Sais-tu que je le hais plus encore pour ce qu'il a fait de toi.   SCIPION   Oui, il m'a appris à tout exiger.   CHEREA   Non, Scipion, il t'a désespéré. Et désespérer une jeune âme est un crime qui passe tous ceux qu'il a commis jusqu'ici. Je te jure que cela suffirait pour que je le tue avec emportement.   Il se dirige vers la sortie. Entre Hélicon.     SCÈNE II   HÉLICON   Je te cherchais, Cherea. Caligula organise ici une petite réunion amicale. Il faut que tu l'attendes. (Il se tourne vers Scipion.) Mais on n'a pas besoin de toi, mon pigeon. Tu peux partir.   SCIPION, au moment de sortir, se tourne vers Cherea.   Cherea   CHEREA, très doucement.   Oui, Scipion.   SCIPION   Essaie de comprendre.   CHEREA, très doucement.   Non, Scipion.   Scipion et Hélicon sortent.       SCÈNE III   Bruits d'armes en coulisse. Deux gardes paraissent, à droite, conduisant le vieux patricien et le premier patricien, qui donnent, toutes les marques de la frayeur.   PREMIER PATRICIEN, au garde, d'une voix qu'il essaie de rendre ferme.   Mais enfin, que nous veut-on à cette heure de la nuit ?   LE GARDE   Assieds-toi là. (Il désigne les sièges à droite.)   PREMIER PATRICIEN   S'il s'agit de nous faire mourir, comme les autres, il n'y a pas besoin de tant d'histoires.   LE GARDE   Assieds-toi là, vieux mulet.   LE VIEUX PATRICIEN   Asseyons-nous. Cet homme ne sait rien. C'est visible.   LE GARDE   Oui, ma jolie, c'est visible.   Il sort.       PREMIER PATRICIEN   Il fallait agir vite, je le savais. Maintenant, c'est la torture qui nous attend.     SCÈNE IV   CHEREA, calme et s'asseyant.   De quoi s'agit-il ?   PREMIER PATRICIEN et LE VIEUX PATRICIEN ensemble.   La conjuration est découverte.   CHEREA   Ensuite ?   LE VIEUX PATRICIEN, tremblant.   C'est la torture.   CHEREA, impassible.   Je me souviens que Caligula a donné quatre-vingt-un mille sesterces à un esclave voleur que la torture n'avait pas fait avouer.   PREMIER PATRICIEN   Nous voilà bien avancés.

«   SCIPION   Je nepuis paschoisir puisqu'en plusdeceque jesouffre, jesouffre aussidecequ'il souffre.

Mon malheur estdetout comprendre.   CHEREA   Alors tuchoisis deluidonner raison.   SCIPION,dansuncri.   Oh ! jet'en prie, Cherea, personne, pluspersonne pourmoin'aura jamais raison !   Un temps, ilsseregardent .   CHEREA,avec émotion, s'avançant versScipion .   Sais-tu quejelehais plusencore pourcequ'il afait detoi.   SCIPION   Oui, ilm'a appris àtout exiger.   CHEREA   Non, Scipion, ilt'a désespéré.

Etdésespérer unejeune âmeestuncrime quipasse tousceux qu'ila commis jusqu'ici.

Jetejure quecela suffirait pourquejeletue avec emportement.   Ilse dirige verslasortie.

EntreHélicon.  . »

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