Sarah se pencha vivement pour couper court à ce qui menaçait de devenir une histoire incongrue qui se répandrait dans tout le quartier.
Publié le 15/12/2013
Extrait du document


«
Matthew
secouabruyamment sonjournal etl’aplatit pourmieux lelire.
— M’en ficheunpeu, grogna-t-il.
— Voyons, papa...
Mais Sarah n’avait pasletemps desefâcher.
Lanouvelle devaitêtrerépétée etMatthew étaitlaseule
oreille disponible, alorselleenchaîna rapidement :
— Le Joed’Agatha estpolicier, tusais, etildit qu’un pleincard’agents desservices secretsestarrivé à
Bloomington, lanuit dernière.
— Je nesuis pasrecherché.
— Tu necomprends doncpas,papa ? Desagents desservices secrets,etc’est bientôt l’Election.
A
Bloomington ! — Ils
doivent couriraprèsunvoleur debanque.
— Il n’yapas eudehold-up debanque enville depuis dessiècles.
Tuesdésespérant, papa !
Et elle s’en alla, latête haute.
Norman Mullernefut pas davantage passionnéparlanouvelle.
— Voyons, Sarah,comment est-cequeleJoe d’Agatha saitque cesont desagents desservices secrets ?
demanda-t-il calmement.Ilsnesepromènent pasavec leurcarte d’identité colléesurlefront !
Mais, lelendemain soir,alors quelemois denovembre avaitunjour, elleputannoncer, triomphante :
— Pratiquement toutlemonde àBloomington s’attendàce quelqu’un d’icisoitlevotant.
Le Bloomington
News l’a
pour ainsi direannoncé àla vidéo.
Norman s’agitanerveusement.
Ilne pouvait lenier, etson cœur seserrait.
SiBloomington allaitréellement
être frappé parlafoudre deMultivac, ceseraient desjournalistes, desémissions vidéo,destouristes, toutes
sortes de...debizarres bouleversements.
Normanaimaitlapaisible routinedesavie, orlalointaine agitationde
la politique serapprochait désagréablement.
Cen’est qu’une rumeur, riendeplus, dit-il.
— Attends unpeu, tuverras ! Tuverras !
Il n’eut d’ailleurs paslongtemps àattendre, caronsonna soudain avecinsistance et,quand Norman Muller
alla ouvrir laporte etfit : « Oui ? », unhomme grandàla mine grave luidemanda :
— Etes-vous NormanMuller ?
Norman répétason« Oui », maisd’une voixmourante.
Iln’était pasdifficile devoir, àl’allure del’inconnu,
qu’il avait del’autorité, etlanature desavisite devint subitement aussiévidente qu’elleavaitparuinconcevable,
quelques instantsplustôt.
L’homme exhibasacarte, entradanslamaison, refermalaporte derrière luietdéclara rituellement :
— Mr Norman Muller,ilest demon devoir devous informer, aunom duprésident desEtats-Unis, que
vous avezétéchoisi pourreprésenter l’électorataméricain lemardi 4novembre 2008.
Norman Mullerréussit, avecdifficulté, àmarcher sansaidejusqu’à sonfauteuil.
Ils’y assit, blême, presque
insensible, pendantqueSarah luiapportait unverre d’eau, luitapait danslesmains, fébrile, etlui marmonnait
entre sesdents :
— Ne soispasmalade, Norman.
Netombe pasmalade.
Ilschoisiraient quelqu’und’autre.
Quand Norman retrouva enfinl’usage delaparole, ilchuchota :
— Je suisnavré, monsieur.
L’agent desservices secretsavaitôtéson manteau, déboutonné saveste ets’était installé àson aise, surle
canapé.
— Mais non,mais non,cen’est pasgrave.
L’aspect officiels’étaitquelque peuévaporé aprèsl’annonce protocolaire, etne laissait qu’unhomme
corpulent plutôtamical.
— C’est lasixième foisque j’annonce lanouvelle etj’ai assisté àtoutes sortesderéactions.
Aucunen’était
celle quel’on voit àla vidéo ! Voussavez ? Lamine extasiée, confiteendévotion, etun individu quidéclare : « Ce
sera ungrand honneur pourmoideservir monpays », etc.
L’inconnu ritavec indulgence.
Lerire deSarah quil’accompagna avaitunecertaine stridence hystérique.
— Vous allezm’avoir avecvous pendant unmoment, expliqual’agent.Jem’appelle PhilHandley.
Jeserais
heureux quevous m’appeliez Phil.MrMuller nepourra plussortir delamaison avantlejour del’Election.
Vous
devrez avertir lemagasin qu’ilestmalade, MrsMuller.
Vouspouvez alleretvenir àvos affaires, maisvousdevez
me promettre dene pas dire unmot detout cela.
D’accord, MrsMuller ?
Sarah hocha vigoureusement latête.
— Promis, monsieur.Pasunmot.
— Très bien.Mais, MrsMuller, nousneplaisantons plus,ditHandley, trèsgravement.
Sortezuniquement
si vous yêtes obligée, etvous serez suivie.
Jeregrette, maisc’estainsi quenous devons opérer.
— Suivie ?
— Ce nesera pasvisible.
Nevous inquiétez pas.Etcen’est quepour deux jours, enattendant quel’annonce
officielle soitfaite àla nation.
Votrefille...
— Elle estcouchée, ditprécipitamment Sarah..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- LA SIGNIFICATION DE L'HISTOIRE : Peut-on envisager le devenir historique entièrement tracé d'avance et une fois pour toutes, ou bien alors comme le simple fait du hasard, ou bien encore dépend-il du libre choix de l'homme ?
- L'homme est-il pleinement l'agent de son devenir ou bien l'histoire est-elle faite par autre chose que l'action humaine ? L'histoire des hommes est-elle leur histoire ?
- La pensée de la contradiction et histoire du devenir - La philosophie héraclitéenne ?
- L'HISTOIRE ET LE DEVENIR HISTORIQUE
- l'excès d'histoire peut-il devenir source de déséquilibre ?