Robur-le-Conquerant le sud, dont la pointe est rongée d'un éternel ressac, le terrible cap Horn.
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
«
« De retour!...
disait Phil Evans.
En quel endroit?
- Là où ce Robur peut se ravitailler, répondait Uncle Prudent.
- Ce doit être quelque île perdue de l'océan Pacifique, avec une colonie de scélérats, dignes de leur chef.
- C'est mon avis, Phil Evans.
Je crois, en effet, qu'il songe à laisser porter dans l'ouest, et, avec la vitesse dont
il dispose, il aura rapidement atteint son but.
- Mais nous ne pourrons plus mettre nos projets à exécution.., s'il y arrive...
Il n'y arrivera pas, Phil Evans! »
Evidemment, les deux collègues avaient en partie deviné les plans de l'ingénieur.
Pendant cette journée, il ne
fut plus douteux que l' Albatros, après s'être avancé vers les limites de la mer Antarctique, allait
définitivement rétrograder.
Lorsque les glaces auraient envahi ces parages jusqu'au cap Horn, toutes les
basses régions du Pacifique seraient couvertes d'icefields et d'icebergs.
La banquise formerait alors une
barrière impénétrable aux plus solides navires comme aux plus intrépides jsavigateurs.
Certes, en battant plus rapidement de l'aile, l'Albatros pouvait franchir les montagnes de glace, accumulées
sur l'Océan, puis les montagnes de terre, dressées sur le continent du pôle - si c'est un continent qui forme la
calotte australe.
Mais, affronter, au milieu de la nuit polaire, une atmosphère qui peut se refroidir jusqu'à
soixante degrés au-dessous de zéro, l'eût-il donc osé? Non, sans doute!
Aussi, après s'être avancé une centaine de kilomètres dans le sud, l'Albatros obliqua-t-il vers l'ouest, de
manière à prendre direction sur quelque île inconnue des groupes du Pacifique.
Au-dessous de lui s'étendait la plaine liquide, jetée entre la terre américaine et la terre asiatique.
En ce
moment, les eaux avaient pris cette couleur singulière qui leur fait donner le nom de mer de lait ».
Dans la
demi-ombre que ne parvenaient plus à dissiper les rayons affaiblis du soleil, toute la surface du Pacifique
était d'un blanc laiteux.
On eût dit d'un vaste champ de neige dont les ondulations n'étaient pas sensibles, vues
de cette hauteur.
Cette portion de mer eût été solidifiée par le froid, convertie en un immense icefield, que son
aspect n'eût pas été différent.
On le sait maintenant, ce sont des myriades de particulés lumineuses, de corpuscules phosphorescents, qui
produisent ce phénomène.
Ce qui pouvait surprendre, c'était de rencontrer cet amas opalescent ailleurs que
dans les eaux de l'océan Indien.
Soudain, le baromètre, après s'être tenu assez haut pendant les premières heures de la journée, tomba
brusquement.
Il y avait évidemment des symptômes dont un navire aurait dû se préoccuper, mais que pouvait
dédaigner l'aéronef.
Toutefois, on devait le supposer, quelque formidable tempête avait récemment troublé les
eaux du Pacifique.
Il était une heure après midi, lorsque Tom Turner, s'approchant de l'ingénieur, lui dit
«Master Robur, regardez donc ce point noir àl'horizon!...
Là...
tout à fait dans le nord de nous!...
Ce ne peut
être un rocher?
- Non, Tom, il n'y a pas de terres de ce côté.
- Alors ce doit être un navire ou tout au moins une embarcation.
Robur-le-Conquerant
XIV.
Dans lequel l'Albatros fait ce qu on ne pourra peut-être jamais faire.
80.
»
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