Robur-le-Conquerant fut par terre, et les affaires n'en allèrent pas plus mal.
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
«
Et là-dessus, ils disputèrent.
En tout cas, illusion.
A l'observatoire de Berlin, à celui de Vienne, la discussion menaça d'amener des complications
internationales.
Mais la Russie, en la personne du directeur de son observatoire de Poulkowa, leur prouva
qu'ils avaient raison tous deux; cela dépendait du point de vue auquel ils se mettaient pour déterminer la
nature du phénomène, en théorie impossible, possible en pratique.
En Suisse, à l'observatoire de Saütis, dans le canton d'Appenzel, au Righi, au Gäbris, dans les postes du
Saint-Gothard, du Saint-Bernard, du Julier, du Simplon, de Zurich, du Somblick dans les Alpes tyroliennes,
on fit preuve d'une extrême réserve à propos d'un fait que personne n'avait jamais pu constater - ce qui est
fort raisonnable.
Mais, en Italie, aux stations météorologiques du Vésuve, au poste de l'Etna, installé dans l'ancienne Casa
Inglese, au Monte Cavo, les observateurs n'hésitèrent pas à admettre la matérialité du phénomène, attendu
qu'ils l'avaient pu voir, un jour, sous l'aspect d'une petite volute de vapeur, une nuit, sous l'apparence d'une
étoile filante.
Ce que c'était, d'ailleurs, ils n'en savaient absolument rien.
En vérité, ce mystère commençait à fatiguer les gens de science, tandis qu'il continuait à passionner, à
effrayer même les humbles et les ignorants, qui ont formé, forment et formeront l'immense majorité en ce
monde, grâce à l'une des plus sages lois de la nature.
Les astronomes et les météorologistes auraient donc
renoncé à s'en occuper, si, dans la nuit du 26 au 27, à l'observatoire de Kantokeino, au Finmark, en Norvège,
et dans la nuit du 28 au 29, à celui de l'Isfjord, au Spitzberg, les Norvégiens d'une part, les Suédois de l'autre,
ne se fussent trouvés d'accord sur ceci : au milieu d'une aurore boréale avait apparu une sorte de gros oiseau,
de monstre aérien.
S'il n'avait pas été possible d'en déterminer la Structure, du moins n'était-il pas douteux
qu'il eût projeté hors de lui des corpuscules qui détonaient comme des bombes.
En Europe, on voulut bien ne pas mettre en doute cette observation des stations du Finmark et du Spitzberg.
Mais, ce qui parut le plus phénoménal en tout cela, c'était que des Suédois et des Norvégiens eussent pu se
mettre d'accord sur un point quelconque.
On rit de la prétendue découverte dans tous les observatoires de l'Amériqué du Sud, au Brésil, au Pérou
comme à La Plata, dans ceux de l'Australie, à Sidney, à Adélaïde comme à Melbourne.
Et le rire australien
est des plus communicatifs.
Bref, un seul chef de station météorologique se montra affirmatif sur cette question, malgré tous les
sarcasmes que sa solution pouvait faire naître.
Ce fut un Chinois, le directeur de l'observatoire de
Zi-Ka-Wey, élevé au milieu d'une vaste plaine, à moins de dix lieues de la mer, avec un horizon immense,
baigné d'air pur.
« Il se pourrait, dit-il, que l'objet dont il s'agit fût tout simplement un appareil aviateur, une machine volante!
»
Quelle plaisanterie!
Cependant, si les controverses furent vives dans l'Ancien Monde, on imagine ce qu'elles durent être en cette
portion du Nouveau, dont les Etats-Unis Occupent le plus vaste territoire.
Un Yankee, on le sait, n'y va pas par quatre chemins.
Il n'en prend qu'un, et généralement celui qui conduit
droit au but.
Aussi les observatoires de la Fédération américaine n'hésitèrent-ils pas à se dire leur fait.
S'ils ne
se jetèrent pas leurs objectifs à la tête, c'est qu'il aurait fallu les remplacer au moment où l'on avait le plus
besoin de s'en servir.
Robur-le-Conquerant
Robur-le-Conquerant 4.
»
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