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Robur-le-Conquerant - C'est fait, ingénieur Robur!

Publié le 12/04/2014

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Robur-le-Conquerant - C'est fait, ingénieur Robur! - Vraiment? - Etait-il donc si difficile, lorsque nous traversions les parties habitées de l'Europe, de laisser tomber un document... - Vous auriez fait cela? dit Robur, emporté par un irrésistible mouvement de colère. - Et si nous l'avions fait? - Si vous l'aviez fait... vous mériteriez... - Quoi donc, monsieur l'ingénieur? - D'aller rejoindre votre document par-dessus le bord! - Jetez-nous donc! s'écria Uncle Prudent. Nous l'avons fait! » Robur s'avança sur les deux collègues. A un geste de lui, Tom Turner et quelques-uns de ses camarades étaient accourus. Oui! l'ingénieur eut une furieuse envie de mettre sa menace à exécution, et, sans doute, de peur d'y succomber, il rentra précipitamment dans sa cabine. « Bien! dit Phil Evans. - Et ce qu'il n'a pas osé faire, répondit Uncle Prudent, je l'oserai, moi! Oui! je le ferai! » En ce moment, la population de Tombouctou s'amassait au milieu des places, à travers les rues, sur les terrasses des maisons bâties en amphithéâtre. Dans les riches quartiers de Sankore et de Sarahama, comme dans les misérables huttes coniques du Raguidi, les prêtres lançaient du haut des minarets leurs plus violentes malédictions contre le monstre aérien. C'était plus inoffensif que des balles de fusils. Il n'était pas jusqu'au port de Kabara, situé dans le coude du Niger, où le personnel des flottilles ne fût en mouvement. Certes, si l'Albatros eût pris terre, il aurait été mis en pièces. Pendant quelques kilomètres, des bandes criardes de cigognes, de francolins et d'ibis l'escortèrent en luttant de vitesse avec lui; mais son vol rapide les eut bientôt distancés. Le soir venu, l'air fut troublé par le mugissement de nombreux troupeaux d'éléphants et de buffles, qui parcouraient ce territoire, dont la fécondité est vraiment merveilleuse. Durant vingt-quatre heures, toute la région, renfermée entre le méridien zéro et le deuxième degré dans le crochet du Niger, se déroula sous l'Albatros. En vérité, si quelque géographe avait eu à sa disposition un semblable appareil, avec quelle facilité il aurait pu faire le levé topographique de ce pays, obtenir des cotes d'altitude, fixer le cours des fleuves et de leurs affluents, déterminer la position des villes et des villages! Alors, plus de ces grands vides sur les cartes de l'Afrique centrale, plus de blancs à teintes pâles, à lignes de pointillé, plus de ces désignations vagues, qui font le désespoir des cartographes! Le ii, dans la matinée, l'Albatros dépassa les montagnes de la Guinée septentrionale, resserrée entre le Soudan XII. Dans lequel l'ingénieur Robur agit comme s'il voulait concourir pour un des prix monthyon 69 Robur-le-Conquerant et le golfe qui porte son nom. A l'horizon se profilaient confusément les monts Kong du royaume de Dahomey. Depuis le départ de Tombouctou, Uncle Prudent et Phil Evans avaient pu constater que la direction avait toujours été du nord au sud. De là, cette conclusion que, si elle ne se modifiait pas, ils rencontreraient, six degrés au-delà, la ligne équinoxiale. L' Albatros allait-il donc encore abandonner les continents et se lancer, non plus sur une mer de Behring, une mer Caspienne, une mer du Nord ou une Méditerranée, mais au-dessus de l'océan Atlantique? Cette perspective n'était pas pour apaiser les deux collègues, dont les chances de fuite deviendraient nulles alors. Cependant l'Albatros faisait petite route, comme s'il hésitait au moment de quitter la terre africaine. Est-ce que l'ingénieur songeait à revenir en arrière? Non! Mais son attention était particulièrement attirée sur ce pays qu'il traversait alors. On sait - et il le savait aussi -ce qu'est le royaume du Dahomey, l'un des plus puissants du littoral ouest de l'Afrique. Assez fort pour avoir pu lutter avec son voisin, le royaume des Aschantis, ses limites sont restreintes cependant, puisqu'il ne compte que cent vingt lieues du sud au nord et soixante de l'est à l'ouest; mais sa population comprend de sept à huit cent mille habitants, depuis qu'il s'est adjoint les territoires indépendants d'Ardrah et de Wydah. S'il n'est pas grand, ce royaume de Dahomey, il a souvent fait parler de lui. Il est célèbre par les cruautés effroyables qui marquent ses fêtes annuelles, par ses sacrifices humains, épouvantables hécatombes, destinées à honorer le souverain qui s'en va et le souverain qui le remplace. Il est même de bonne politesse, lorsque le roi de Dahomey reçoit la visite de quelque haut personnage ou d'un ambassadeur étranger, qu'il lui fasse la surprise d'une douzaine de têtes coupées en son honneur, - et coupées par le ministre de la Justice, le « minghan », qui s'acquitte à merveille de ces fonctions de bourreau. Or, à l'époque où l'Albatros passait la frontière du Dahomey, le souverain Bâhadou venait de mourir, et toute la population allait procéder à l'intronisation de son successeur. De là, un grand mouvement dans tout le pays, mouvement qui n'avait pas échappé à Robur. En effet, de longues files de Dahomiens des campagnes se dirigeaient alors vers Abomey, la capitale du royaume. Routes bien entretenues, qui rayonnent entre de vastes plaines couvertes d'herbes géantes, immenses champs de manioc, forêts magnifiques de palmiers, de cocotiers, de mimosas, d'orangers, de manguiers, tel était le pays, dont les parfums montaient jusqu'à l'Albatros, tandis que, par milliers, perruches et cardinaux s'envolaient de toute cette verdure. L'ingénieur, penché au-dessus de la rambarde, absorbé dans ses réflexions, n'échangeait que peu de mots avec Tom Turner. Il ne semblait pas, d'ailleurs, que l'Albatros eût le privilège d'attirer l'attention de ces masses mouvantes, le plus souvent invisibles sous le dôme impénétrable des arbres. Cela venait, sans doute, de ce qu'il se tenait à une assez grande altitude au milieu de légers nuages. Vers onze heures du matin, la capitale apparut dans sa ceinture de murailles, défendue par un fossé mesurant douze milles de tour, rues larges et régulièrement tracées sur un sol plat, grande place dont le côté nord est occupé par le palais du roi. Ce vaste ensemble de constructions est dominé par une terrasse, non loin de la case des sacrifices. Pendant les jours de fête, c'est du haut de cette terrasse qu'on jette au peuple des prisonniers attachés dans des corbeilles d'osier, et on s'imaginerait malaisément avec quelle furie ces XII. Dans lequel l'ingénieur Robur agit comme s'il voulait concourir pour un des prix monthyon 70

« et le golfe qui porte son nom.

A l'horizon se profilaient confusément les monts Kong du royaume de Dahomey. Depuis le départ de Tombouctou, Uncle Prudent et Phil Evans avaient pu constater que la direction avait toujours été du nord au sud.

De là, cette conclusion que, si elle ne se modifiait pas, ils rencontreraient, six degrés au-delà, la ligne équinoxiale.

L' Albatros allait-il donc encore abandonner les continents et se lancer, non plus sur une mer de Behring, une mer Caspienne, une mer du Nord ou une Méditerranée, mais au-dessus de l'océan Atlantique? Cette perspective n'était pas pour apaiser les deux collègues, dont les chances de fuite deviendraient nulles alors. Cependant l'Albatros faisait petite route, comme s'il hésitait au moment de quitter la terre africaine.

Est-ce que l'ingénieur songeait à revenir en arrière? Non! Mais son attention était particulièrement attirée sur ce pays qu'il traversait alors. On sait - et il le savait aussi -ce qu'est le royaume du Dahomey, l'un des plus puissants du littoral ouest de l'Afrique.

Assez fort pour avoir pu lutter avec son voisin, le royaume des Aschantis, ses limites sont restreintes cependant, puisqu'il ne compte que cent vingt lieues du sud au nord et soixante de l'est à l'ouest; mais sa population comprend de sept à huit cent mille habitants, depuis qu'il s'est adjoint les territoires indépendants d'Ardrah et de Wydah. S'il n'est pas grand, ce royaume de Dahomey, il a souvent fait parler de lui.

Il est célèbre par les cruautés effroyables qui marquent ses fêtes annuelles, par ses sacrifices humains, épouvantables hécatombes, destinées à honorer le souverain qui s'en va et le souverain qui le remplace.

Il est même de bonne politesse, lorsque le roi de Dahomey reçoit la visite de quelque haut personnage ou d'un ambassadeur étranger, qu'il lui fasse la surprise d'une douzaine de têtes coupées en son honneur, - et coupées par le ministre de la Justice, le « minghan », qui s'acquitte à merveille de ces fonctions de bourreau. Or, à l'époque où l'Albatros passait la frontière du Dahomey, le souverain Bâhadou venait de mourir, et toute la population allait procéder à l'intronisation de son successeur.

De là, un grand mouvement dans tout le pays, mouvement qui n'avait pas échappé à Robur. En effet, de longues files de Dahomiens des campagnes se dirigeaient alors vers Abomey, la capitale du royaume.

Routes bien entretenues, qui rayonnent entre de vastes plaines couvertes d'herbes géantes, immenses champs de manioc, forêts magnifiques de palmiers, de cocotiers, de mimosas, d'orangers, de manguiers, tel était le pays, dont les parfums montaient jusqu'à l'Albatros, tandis que, par milliers, perruches et cardinaux s'envolaient de toute cette verdure. L'ingénieur, penché au-dessus de la rambarde, absorbé dans ses réflexions, n'échangeait que peu de mots avec Tom Turner. Il ne semblait pas, d'ailleurs, que l'Albatros eût le privilège d'attirer l'attention de ces masses mouvantes, le plus souvent invisibles sous le dôme impénétrable des arbres.

Cela venait, sans doute, de ce qu'il se tenait à une assez grande altitude au milieu de légers nuages. Vers onze heures du matin, la capitale apparut dans sa ceinture de murailles, défendue par un fossé mesurant douze milles de tour, rues larges et régulièrement tracées sur un sol plat, grande place dont le côté nord est occupé par le palais du roi.

Ce vaste ensemble de constructions est dominé par une terrasse, non loin de la case des sacrifices.

Pendant les jours de fête, c'est du haut de cette terrasse qu'on jette au peuple des prisonniers attachés dans des corbeilles d'osier, et on s'imaginerait malaisément avec quelle furie ces Robur-le-Conquerant XII.

Dans lequel l'ingénieur Robur agit comme s'il voulait concourir pour un des prix monthyon 70. »

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