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Restif de la BRETONNE : Les Nuits de Paris

Publié le 18/07/2012

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J'avais vu mener souvent des infortunées à Saint-Martin. La nuit suivante, je me rendis de bonne heure dans le quartier Saint-Honoré. Je fus surpris de n'en rencontrer aucune. J'avançai. J'aperçus alors deux ou trois de ces hommes vils qu'on nomme espions, qui avertissaient les unes, rassuraient les autres. Toutes, par défiance, fuyaient également avec précipitation dans les quartiers éloignés. Je n'avais pas le temps de les suivre : mais j'ai su depuis que presque toutes ces infortunées avaient une petite chambre au loin, où elles couchaient. Il n'y avait que les novices d'exposées, et celles qui croupissent dans la misère. Tandis que j'observais, je vis une tourbe. C'étaient dix jeunes filles et quatre vieilles, qu'escortait le Guet-à-pied. Les jeunes se désespéraient: elles étaient en déshabillé et dans le plus grand désordre. Je fus révolté de l'indignité et de la conduite du commissaire qui ne permettait pas, qui n'ordonnait pas à ces malheureuses de s'habiller ... Je les suivis. Elles furent introduites dans l'étude de celui qui venait de faire l'enlèvement. Je tâchai d'y pénétrer, mais en vain; je fus repoussé par la garde, et j'attendis environ deux heures. Après quoi cette troupe d'infortunées sortit, dans la désolation. Je fus touché surtout des larmes d'une enfant de treize à quatorze ans. Je m'approchai le plus près possible, et je lui criai : - Prenez courage, ma fille ! si vous voulez changer de conduite, je vous tirerai demain de Saint-Martin.

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« Martin, quelqu'un me dit: - Si vous vous intéressez à cette jeune fille, à laquelle vous avez parlé, ne la laissez pas coucher dans cet endroit maudit.

Réclamez-la comme votre sœur, et l'emmenez.

Je profitai de l'avis.

Je me présentai; quand elle entra, et je la demandai comme ma sœur que je venais de reconnaître et que je voulais rendre à sa famille.

Le concierge me fit donner mon nom et ma demeure ; je signai sur le registre, et la petite Aglaé me fut remise.

Elle était au comble de la joie ! Je la conduisais chez ma sœur, quand elle me parla de ses parents.

C'étaient d'honnêtes marchands merciers de la rue Galande.

Elle avait été séduite par un homme marié, qui, pour éviter les suites de son attentat, lui avait proposé de la mettre en pension.

Ce fut effectivement dans une pension à trente sous par jour, chez la femme à satin qu'il la plaça.

Il y vint la voir plusieurs fois ; ensuite on lui proposa de converser avec un ami de la maison, puis avec un autre.

Elle en était au sixième.

Elle ne connaissait néanmoins toute la turpitude de son sort que par l'enlèvement dont elle venait de faire partie.

Nous arrivâ­ mes chez elle pendant ce récit.

Tout était fermé.

Je tirai la sonnette qu'elle me montra.

On ouvrit une fenêtre du premier pour demander ce qu'on voulait.

Je répondis:- Ouvrez: j'ai quelque chose d'important à vous communiquer.

Le marchand descendit.

Je dis à la jeune personne:- Cachons votre mal­ heureuse situation : ne parlons que de pension, et d'une séduc­ tion ordinaire, pour ne pas mettre vos parents au désespoir.

Elle me le promit.

Et lorsque le père eut ouvert, je lui dis que j'avais recueilli sa fille au moment qu'elle s'échappait d'une pension où l'avait mise son séducteur.

Je parlai quelque temps devant la jeune fille, afin qu'elle sût bien ce qu'elle avait à dire.

On nous tint longtemps.

La mère parut et pleura en embrassant sa fille.

Je fus charmé de voir qu'elle l'aimât, et j'en augurai bien.

Il était tard ; j'étais près de chez moi ; je rentrai.

Suite d'Aglaé Vers les sept heures du soir, je sortis, parce que m'étant couché avant deux heures, et m'étant par conséquent levé matin, j'avais beaucoup travaillé.

J'entrai chez les parents de la jeune fille.

Je trouvai qu'elle avait tout avoué à sa mère; mais qu'il avait été convenu entre elles qu'elles seraient dis-. »

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