René-Guy Cadou, Quatre poèmes d'amour à Hélène
Publié le 23/04/2011
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Je t'attendais ainsi qu'on attend les navires Dans les années de sécheresse quand le blé Ne monte pas plus haut qu'une oreille dans l'herbe Qui écoute apeurée la grande voix du temps Je t'attendais et tous les quais toutes les routes Ont retenti du pas brûlant qui s'en allait Vers toi que je portais déjà sur mes épaules Comme une douce pluie qui ne sèche jamais Tu ne remuais encore que par quelques paupières Quelques pattes d'oiseaux dans les vitres gelées Je ne voyais en toi que cette solitude Qui posait ses deux mains de feuille sur mon cou Et pourtant c'était toi dans le clair de ma vie Ce grand tapage matinal qui m'éveillait Tous mes oiseaux tous mes vaisseaux tous mes pays Ces astres ces millions d'astres qui se levaient Ah que tu parlais bien quand toutes les fenêtres Pétillaient dans le soir ainsi qu'un vin nouveau Quand les portes s'ouvraient sur des villes légères Où nous allions tous deux enlacés par les rues Tu venais de si loin derrière ton visage Que je ne savais plus à chaque battement Si mon cœur durerait jusqu'au temps de toi-même Où tu serais en moi plus forte que mon sang René-Guy Cadou, Quatre poèmes d'amour à Hélène (1945) dans Hélène ou le règne végétal (1944-1948). • Vous expliquerez ce poème sous la forme d'un commentaire composé en étudiant, par exemple, les thèmes de l'amour et de l'attente, ainsi que tout ce gui vous semble contribuer à la poésie pleine de sensibilité et de ferveur qui baigne ce chant.
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