« Réduire la philosophie en un système harmonique »
Publié le 02/03/2011
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Les Chinois posaient donc pour premier principe qu'il faut soigneusement cultiver sa raison, pour arriver à la connaissance distincte du bien et du mal, afin d'être ensuite vertueux par choix, et non par la crainte d'un supérieur, par l'espoir des récompenses, ou par la crainte des peines. Or, cette notion distincte du bien et du mal ne saurait être acquise qu'en sondant la nature et les raisons des choses : et Tsem Tsu, l'un des disciples les plus distingués de Confucius, prouve, par les annales de l'Empire, que la principale occupation des sages héros de l'Antiquité chinoise a été de perfectionner de jour en jour leur raison. Ils avaient bien raison d'insister sur ce principe ; car ils sentaient qu'un homme libre [...] ne saurait faire le bien, ni fuir le mal, qu'il n'ait au préalable réduit dans l'ordre les passions de l'âme, et les mouvements du corps qui y répondent. Ils comprenaient en plus que ces passions et ces mouvements ne pouvaient être ramenés à l'ordre que par un homme confirmé dans le véritable amour du bien, dans la véritable haine du mal, que cet amour et cette haine ne pouvaient procéder que d'une connaissance distincte du bien et du mal acquise par le raisonnement ; et qu'enfin le raisonnement, requis pour arriver à ces idées distinctes, présupposait l'examen de la nature et des raisons des choses. [...] Dans un temps où je n'avais aucune teinture de la sagesse chinoise, mais où, fort jeune encore, je me sentais déjà naturellement disposé à travailler au bonheur du genre humain, je me mis à méditer sur la morale avec beaucoup d'attention, et, sans vanité, avec assez de succès, comme le peuvent témoigner ceux qui ont jeté les yeux sur l'essai de Philosophie pratique universelle, que je soumis, il y a plusieurs années, au jugement des savants [... ] Parvenu à un âge plus mûr, [...] j'ai creusé davantage les mêmes matières, et j'ai tiré du sein de l'esprit humain, du fonds même de son essence, les principes de sagesse propres à diriger les actions humaines. Si donc les idées chinoises, qui m'étaient inconnues, n'ont pu contribuer à mes découvertes, celles-ci m'ont été utiles pour approfondir la sagesse chinoise. DISCOURS SUR LA MORALE DES CHINOIS (1721), TRAD. J. H. S. FORMEY. Je donne au public mon ontologie, ou Philosophia prima, traitée suivant la méthode scientifique, la seule propre à bâtir un véritable système, et j'ai dessein de réduire toute la philosophie en un système harmonique, qui mette la vérité dans une pleine évidence, et qui en découvre tous les importants usages. Je tire mon ontologie tout entière du principe de contradiction et de celui de raison suffisante. [...] L'ontologie a un usage qui lui est propre et qu'elle ne partage avec aucune autre science. Il consiste en ce que ses principes dirigent l'entendement dans la connaissance de la vérité, soit que nous la découvrions nous-même, soit que nous examinions celles que d'autres ont découvertes. Mais cet usage ne saurait avoir lieu, à moins que de confuses nous ne rendions distinctes les notions générales qui lui appartiennent. De là vient que cette science a paru si inutile jusqu'à présent, personne [...] ne pouvant nier que l'ontologie était destituée de notions distinctes, et que sur quelques articles elle en offrait même qui n'étaient pas claires. [...] Pour lui rendre donc un usage aussi excellent que l'est celui auquel se rapporte sa véritable destination, je l'ai cultivée d'une façon toute particulière, j'ai ramené les notions confuses des scolastiques à des notions fécondes, en tirant de là les principes généraux de nos connaissances par la méthode démonstrative. Ainsi je suis convaincu par ma propre expérience que j'ai trouvé le secret de rendre les notions ontologiques propres à diriger l'entendement dans la découverte des vérités inconnues, et dans l'examen des vérités découvertes. SUR LES NOTIONS DIRECTRICES ET SUR LE VÉRITABLE USAGE DE L'ONTOLOGIE, 1729.
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