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qui articula péniblement quelques mots.

Publié le 15/12/2013

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qui articula péniblement quelques mots. La Sevensmith Harding s'était battue contre le licenciement d'ouvriers dans 'usine de Harlow, et elle avait gagné la bataille, ne permettant que les mises à la retraite acceptables pour les ouvriers oncernés. Oui, sans doute, dit Burden. l avait toujours été de tendance conservatrice et même sur le point de rejoindre l'extrême droite réactionnaire; mais enny était parvenue à modérer ses convictions. De sorte qu'il ne se lança pas, comme il l'aurait fait autrefois, dans une irade contre les allocations de chômage, les remboursements de la Sécurité ociale et le laxisme général. Mais peut-être était-ce seulement la mélancolie dont il souffrait qui l'en empêcha. Je crois, poursuivit Gardner que l'attitude des gens est en train d'évoluer en ce qui concerne le travail et l'emploi. t il développa sa théorie d'une manière que Wexford jugea assez intéressante. Burden mangeait sa salade à toute vitesse out en consultant sans arrêt sa montre. Il devait être de retour au tribunal pour 2 heures, et Wexford sentait que son ollègue ne serait pas mécontent de se débarrasser de lui une partie de l'après-midi. Il se tourna vers Gardner. Vous voulez laisser entendre, je suppose, que, malgré la menace du chômage et l'insuffisance des allocations, les hommes n'ont plus la crainte obsé-dante de perdre leur emploi qu'ils éprouvaient dans les années 30. - Oui. En tout cas parmi la classe moyenne, ils ont perdu le sentiment de devoir persévérer toute leur vie dans un emploi ou une carrière qu'ils détestent, pour la seule raison qu'ils l'ont choisie à vingt ans. - qu'est-ce qui a amené ce changement, selon vous? - Je l'ignore. J'ai bien réfléchi à la question, mais les réponses auxquelles je suis parvenu ne me satisfont pas. Tout ce que je peux vous dire c'est que, en même temps que cette crainte, ont disparu le respect envers les patrons, la loyauté envers 'entreprise et même l'orgueil du travail bien fait. Mon directeur des ventes en est un exemple. Il fut une époque o? Ton ouvait dire qu'un homme de cette position était aussi une personne responsable, en qui on pouvait avoir confiance et ui ne vous aurait pas laissé tomber. Il aurait été fier -je dirais même reconnaissant - d'être ce qu'il était, et il aurait pris à úur les intérêts de la société. qu'a-t-il donc fait? intervint Burden. Il nous a plaqués, tout simplement. Nous avons d'abord reçu un coup de téléphone de sa femme expliquant qu'il était rippé; puis rien d'autre jusqu'à 'arrivée d'une lettre de démission on ne peut plus sèche, agrémentée d'un post-scriptum presque inso-lent, spécifiant u'il se mettrait en rapport avec notre service de comptabilité pour sa retraite. Appartenait-il depuis longtemps à votre entreprise? Il avait toujours travaillé chez nous, et il était directeur des ventes depuis cinq ans. Vous n'aurez pas de mal à le remplacer par ces temps difficiles. Ce sera l'occasion d'une promotion pour un de nos meilleurs représentants. Nous avons toujours préféré promouvoir un e nos employés plutôt que d'en-gager quelqu'un de l'extérieur. Mais tout cela est un peu brutal. urden se leva en déclarant qu'il devait retourner au tribunal. Il serra la main de Gardner et fit l'effort de murmurer uelques mots courtois. Permettez-moi de vous offrir une autre bière, dit Wexford. Je vous remercie. J'espère que l'on ne nous mettra pas à la porte avant 2 heures et demie. Ce ne serait pas, par hasard, mon voisin Rodney Williams que vous vous proposez de promouvoir au poste de directeur es ventes? ardner le considéra un instant sans parler, visiblement surpris. Rod Williams? répéta-t-il. Oui. Il habite tout près de chez moi. Rod Williams, reprit Gardner d'un ton calme, est précisément notre ancien directeur des ventes, celui dont je viens de ous parler et qui nous a envoyé sa démission d'une manière quelque peu cavalière. Je pensais que vous l'aviez compris; ais peut-être n'avais-je pas cité son nom. Williams ne remplissait donc pas chez vous les fonctions de représentant pour le comté de Suffolk? Autrefois, certes. Mais il y a cinq ans, lorsque notre directeur des ventes de l'époque a pris sa retraite anticipée pour ause de maladie, nous avons confié on poste à Rod Williams. Sa femme est pourtant persuadée qu'il est toujours représentant et qu'il passe la moitié de son temps dans le Suffolk. Sa vie privée n'est pas mon affaire, dit Gardner en haussant les sourcils. Ni la mienne, bien s?r. ardner changea de sujet et se mit à parler de sa fille aînée qui devait se marier à la fin de l'été. Wexford le quitta bientôt n promettant de garder contact. Mais tout en roulant vers Kingsmarkham, il songeait à odney Williams. Il se demandait ce que pouvait être une union dans laquelle un mensonge vieux de cinq ans faisait artie intégrante de l'existence quotidienne. mpensable. Inimaginable. Il se dit que, cinq ans plus tôt, Williams avait d? faire la connaissance d'une fille avec qui il désirait vivre sans pour autant divorcer. Et il y était parvenu en cachant sa promotion à sa femme. Il était probable que son amie habitait Myringham et, pendant que Joy Williams croyait son mari dans un motel d'Ipswich, il devait habiter chez l'autre femme tout en travaillant normalement à la Sevensmith Harding. quant à l'augmentation de salaire qui allait avec la promotion, elle servait, dans cette optique, à entretenir son second ménage. Ce tableau aurait pu faire l'objet d'un vaudeville mais Wexford le trouva sinistre et n'eut pas une seconde envie de rire. Il était 9 heures du soir. Wexford était encore dans son bureau, et il venait de relire pour la dixième fois les témoignages qu'il avait recueillis sur une affaire de fraude. Au dernier coup de cloche de l'église, il rangea ses documents et prit à pied le chemin de son domicile, comme le lui conseillait sans cesse son médecin. - Le trajet est trop court, ça ne vaut pas la peine, avait protesté Wexford. - Deux kilomètres de marche à pied chaque jour, cela peut vous prolonger la vie de dix ans. - Dois-je en déduire que si j'en faisais six, je vivrais trente ans de plus? Le médecin n'avait pas jugé bon de répondre à cette boutade. Pourtant, Wexford avait plus ou moins suivi les conseils du praticien. Tantôt il empruntait Tabard Road et passait ainsi devant le bungalow de Burden, tantôt Alverbury Road o? vivait la famille Williams. Ce soir, il avait eu l'intention de faire halte chez Burden pour discuter de l'affaire de fraude en cours. Mais, réflexion faite, il se dit que cela pouvait attendre. Il essaierait plutôt de savoir pourquoi Burden était si déprimé depuis quelque temps. Ce fut Jenny qui vint ouvrir au visiteur. Elle était au milieu de sa grossesse, et cela commençait à se voir. Elle avait remplacé sa blouse habituelle par une robe à manches bouffantes, décolletée en carré, avec la taille haute, comme celle que porte le modèle de Vermeer dans La Lettre. Elle avait laissé pousser ses cheveux bruns et ils retombaient maintenant jusque sur ses épaules. La mine de la jeune femme surprit Wexford : elle semblait abattue et découragée. - Mike est dans la salle de séjour, annonça-t-elle. Moi, je m'apprêtais à monter me coucher. Le visiteur se sentit obligé de déclarer qu'il était confus de se présenter à une heure aussi tardive, bien qu'il ne fut en réalité que 9 h 20. Elle haussa les épaules en rétorquant que cela n'avait pas d'importance, et elle le dit sur un ton qui laissait entendre que plus rien n'avait désormais d'importance pour elle. Assis au milieu du canapé à trois places, Burden parcourait la Revue de la Police. A l'autre extrémité de la pièce, on pouvait voir une revue retournée et un ouvrage de tricot. - qu'est-ce que tu boiras? demanda Burden en posant sa revue. De la bière? Il y a bien de la bière, n'est-ce pas, Jenny? - Je ne sais pas, répondit la jeune femme qui était entrée à la suite de son visiteur. Cette mixture ne m'intéresse pas, ditelle sèchement. Sans faire de commentaire, Mike quitta la pièce pour revenir presque aussitôt avec deux cannettes sur un plateau. Sa première femme aurait dit - et Jenny aussi à une certaine époque - que la bière se buvait dans des verres. Mais elle était allée se rasseoir d'un air las et avait repris à la fois sa revue et son ouvrage bien qu'elle ne regard,t ni l'un ni l'autre. - Vous pouvez boire à la cannette, n'est-ce pas? dit-elle d'une voix sans timbre. Wexford commençait à se sentir gêné. Il ouvrit sa cannette. Jenny tenait ses aiguilles à tricoter dans sa main crispée, et elle fixait le mur d'un regard vague. Burden avait repris sa place sur le canapé, les sourcils froncés. Il ouvrit sa cannette de bière d'un geste brusque, et un jet de mousse tomba sur le tapis. Trois mois plus tôt, Wexford avait vu Jenny rire tendrement lorsque son mari avait renversé non pas une cuillerée de bière mais tout un bol de mousse à la fraise sur le tapis bleu p,le de la salle à manger. Ce soir, pourtant, elle hurla littéralement et se leva d'un bond. - «a va, ça va, dit Burden. Je vais chercher une serpilière. Ce n'est rien, d'ailleurs. Mais Jenny s'était mise à pleurer et, une main devant le visage, avait aussitôt quitté la pièce. Burden la suivit. Du moins Wexford le pensa-t-il tout d'abord; mais il se trompait, car son collègue revint aussitôt avec un torchon. - Désolé, dit-il en se jetant à quatre pattes sur le sol. La moindre petite chose la bouleverse. N'y fais pas attention. En ce qui me concerne, j'ai pris le parti de ne plus attacher d'importance à ce genre de chose. - Mais si elle ne va pas bien, Mike... - Elle va parfaitement bien, affirma Burden en se relevant et en jetant le torchon sur le bord en brique de la cheminée. Elle a une grossesse sans problèmes. Elle n'a pas eu la moindre nausée. quand je pense à ce que Jane a enduré... Wexford en croyait à peine ses oreilles. Pour un mari - surtout un mari comme Burden - une telle comparaison était déplacée. Celui-ci s'en rendit compte car il rougit violemment. - Non, franchement, reprit-il, elle va parfaitement bien. Un peu de neurasthénie, c'est tout.

« désirait vivresanspour autant divorcer.

Etilyétait parvenu encachant sapromotion àsa femme. Il était probable quesonamie habitait Myringham et,pendant queJoyWilliams croyaitsonmari dans unmotel d'Ipswich, il devait habiter chezl'autre femme toutentravaillant normalement àla Sevensmith Harding.quantàl'augmentation de salaire quiallait aveclapromotion, elleservait, danscette optique, à entretenir sonsecond ménage. Ce tableau auraitpufaire l'objet d'unvaudeville maisWexford letrouva sinistre etn'eut pasune seconde enviederire. Il était 9heures dusoir.

Wexford étaitencore danssonbureau, etilvenait derelire pourladixième foislestémoignages qu'il avait recueillis surune affaire defraude.

Audernier coupdecloche del'église, ilrangea sesdocuments etprit àpied le chemin deson domicile, commelelui conseillait sanscesse sonmédecin. - Le trajet esttrop court, çane vaut paslapeine, avaitprotesté Wexford. - Deux kilomètres demarche àpied chaque jour,celapeut vous prolonger lavie dedix ans. - Dois-je endéduire quesij'en faisais six,jevivrais trenteansdeplus? Le médecin n'avaitpasjugé bonderépondre àcette boutade.

Pourtant, Wexfordavaitplusoumoins suivilesconseils du praticien.

Tantôtilempruntait TabardRoadetpassait ainsidevant lebungalow deBurden, tantôtAlverbury Roado˘vivait la famille Williams. Ce soir, ilavait eul'intention defaire halte chezBurden pourdiscuter del'affaire defraude encours. Mais, réflexion faite,ilse dit que cela pouvait attendre.

Ilessaierait plutôtdesavoir pourquoi Burdenétaitsidéprimé depuis quelque temps. Ce fut Jenny quivint ouvrir auvisiteur.

Elleétait aumilieu desagrossesse, etcela commençait àse voir. Elle avait remplacé sablouse habituelle parune robe à manches bouffantes, décolletéeencarré, aveclataille haute, comme cellequeporte lemodèle deVermeer dansLa Lettre.

Elleavait laissé pousser sescheveux brunsetils retombaient maintenantjusquesurses épaules.

Lamine dela jeune femme surpritWexford :elle semblait abattueetdécouragée. - Mike estdans lasalle deséjour, annonça-t-elle. Moi, jem'apprêtais àmonter mecoucher. Le visiteur sesentit obligé dedéclarer qu'ilétait confus deseprésenter àune heure aussitardive, bienqu'ilnefut en réalité que9h 20. Elle haussa lesépaules enrétorquant quecela n'avait pasd'importance, etelle ledit sur unton quilaissait entendre que plus rienn'avait désormais d'importance pourelle. Assis aumilieu ducanapé àtrois places, Burden parcourait laRevue delaPolice.

Al'autre extrémité delapièce, on pouvait voirunerevue retournée etun ouvrage detricot. - qu'est-ce quetuboiras? demanda Burdenenposant sarevue.

Delabière? Ilya bien delabière, n'est-ce pas,Jenny? - Je ne sais pas, répondit lajeune femme quiétait entrée àla suite deson visiteur.

Cettemixture nem'intéresse pas,dit- elle sèchement. Sans faire decommentaire, Mikequitta lapièce pourrevenir presque aussitôtavecdeux cannettes surunplateau.

Sa première femmeauraitdit-et Jenny aussiàune certaine époque-que labière sebuvait dansdesverres.

Maiselleétait allée serasseoir d'unairlas etavait repris àla fois sarevue etson ouvrage bienqu'elle neregard‚t nil'un nil'autre. - Vous pouvez boireàla cannette, n'est-cepas? dit-elle d'unevoixsans timbre. Wexford commençait àse sentir gêné.Ilouvrit sacannette.

Jennytenait sesaiguilles àtricoter danssamain crispée, et elle fixait lemur d'un regard vague. Burden avaitrepris saplace surlecanapé, lessourcils froncés.

Ilouvrit sacannette debière d'ungeste brusque, etun jet de mousse tombasurletapis.

Troismoisplustôt,Wexford avaitvuJenny riretendrement lorsquesonmari avait renversé non pasune cuillerée debière maistoutunbol demousse àla fraise surletapis bleup‚ledelasalle àmanger.

Cesoir, pourtant, ellehurla littéralement etse leva d'un bond. - «a va, çava, ditBurden.

Jevais chercher uneserpilière.

Cen'est rien,d'ailleurs. Mais Jenny s'était miseàpleurer et,une main devant levisage, avaitaussitôt quittélapièce.

Burden lasuivit.

Dumoins Wexford lepensa-t-il toutd'abord; maisilse trompait, carson collègue revintaussitôt avecuntorchon. - Désolé, dit-ilensejetant àquatre pattessurlesol. La moindre petitechoselabouleverse.

N'yfais pasattention.

Encequi me concerne, j'aipris leparti deneplus attacher d'importance àce genre dechose. - Mais sielle nevapas bien, Mike... - Elle vaparfaitement bien,affirma Burden enserelevant eten jetant letorchon surlebord enbrique delacheminée. Elle aune grossesse sansproblèmes.

Ellen'apas eulamoindre nausée.quandjepense àce que Jane aenduré... Wexford encroyait àpeine sesoreilles.

Pourunmari -surtout unmari comme Burden-une telle comparaison était déplacée.

Celui-cis'enrendit compte carilrougit violemment. - Non, franchement, reprit-il,ellevaparfaitement bien.Unpeu deneurasthénie, c'esttout.. »

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