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QUELQUES TEXTES ET CITATIONS

Publié le 12/11/2016

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INTUITION ET RAISONNEMENT (Chap. III). 

 

L’intuition représente l’attention que l’esprit se prête à lui-même.

Nous appelons ici intuition la sympathie par laquelle on se transporte à l’intérieur d’un objet pour coïncider avec ce qu’il a d’unique et par conséquent d’inexprimable. Au contraire l’analyse est l’opération qui ramène l’objet à des éléments déjà connus, c’est-à-dire communs à cet objet et à d’autres. Analyser consiste à exprimer une chose en fonction de ce qui n’est pas elle. BERGSON

Sans la sensibilité, nul objet ne serait donné ; sans l’entendement, nul ne serait pensé. Des pensées sans matière sont vides ; des intuitions sans concepts sont aveugles. Aussi est-il tout aussi nécessaire de rendre sensibles les concepts (c’est-à-dire d’y joindre l’objet donné dans l’intuition) que de rendre intelligibles les intuitions (c’est-à-dire de les soumettre à des concepts). Ces deux facultés ou capacités ne sauraient non plus échanger leurs fonctions. L’entendement ne peut avoir l’intuition de rien, ni les sens rien penser. La connaissance ne peut résulter que de leur union. KANT

 

Il n’y a d’autres voies ouvertes à l’homme pour parvenir à la connaissance de la vérité que l’intuition évidente et la déduction nécessaire.

J’entends par intuition, non la croyance au témoignage variable des sens ou les jugements trompeurs de l’imagination, mauvaise régulatrice, mais la conception d’un esprit sain et attentif, si facile et si distincte qu’aucun doute ne reste sur ce que nous comprenons.

On se demandera peut-être pourquoi j’ai ajouté à l’intuition une autre manière de connaître, qui consiste dans la déduction, opération par laquelle nous comprenons toutes les choses qui sont la conséquence nécessaire de certaines autres dont nous avons une connaissance sûre. Mais j’ai dû le faire parce qu’il est beaucoup de choses que l’on peut savoir sûrement, bien qu’elles ne soient pas évidentes par elles-mêmes, pourvu toutefois qu’on les déduise de principes avérés et connus, au moyen d’un mouvement continu et non interrompu de la pensée, avec une intuition claire de chaque chose. C’est ainsi que nous savons que le dernier anneau d’une longue chaîne est uni au premier, bien que nous ne puissions embrasser d’un seul coup d’œil tous les anneaux intermédiaires qui les unissent, pourvu que nous les ayons parcourus successivement, et que nous nous rappelions que, depuis le premier jusqu’au dernier, chaque anneau tient à celui qui le précède et à celui qui le suit. DESCARTES.

INTELLIGENCE (Chap. I).

 

Si nous pouvions nous dépouiller de tout orgueil, si, pour définir notre espèce, nous nous en tenions strictement à ce que l'histoire et la préhistoire nous présentent comme la caractéristique constante de l’homme et de l’intelligence, nous ne dirions peut-être pas Homo Sapiens mais Homo Faber. En définitive, l’intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des outils artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d’en varier indéfiniment la fabrication.

Si l’on envisage dans l’instinct et dans l’intelligence ce qu’ils renferment de connaissance innée, on trouve que cette connaissance innée porte dans le premier cas sur des CHOSES et dans le second sur des RAPPORTS.

Notre intelligence, telle qu’elle sort des mains de la nature, a pour objet principal le solide inorganisé... Nous ne sommes à notre aise que dans le discontinu, dans l’immobile, dans le mort. L’intelligence est caractérisée par une incompréhension naturelle de la vie. C’est sur la folie même de la vie, au contraire, qu’est moulé l'instinct. Tandis que l’intelligence traite toutes choses mécaniquement, l’instinct procède, si l’on peut parler ainsi, organiquement.

L’intelligence est l’attention que l'esprit porte à la matière.

 

BERGSON.

 

L’ATTENTION (Chap. II).

 

L’effort d'attention est le phénomène essentiel de la volonté.

 

JAMES.

 

Ce n'est qu’avec notre mémoire, c’est-à-dire avec notre expérience que nous pouvons vraiment être attentifs à notre présent et l’attention pourrait être appelée la vigilance présente du passé [...] L’attention est essentiellement une fonction de la pensée. C’est une activité de synthèse et cette synthèse consiste d’abord à faire peser sur le présent toute l’expérience du passé.

 

Il suit qu’on ne peut guère non plus être attentif sans attendre (s’attendre à) et c’est une relation assez évidente pour s’être marquée jusque dans le terme même qui désigne la fonction. Être attentif, c’est épier dans le présent les signes d’un avenir anticipé.

 

PRADINES.

LA NAISSANCE DE LA SCIENCE (Chap. IV et V).

 

En étudiant [...] le développement total de l’intelligence humaine dans ses diverses sphères d’activité, depuis son premier essor, le plus simple, jusqu’à nos jours, je crois avoir découvert une grande loi fondamentale, à laquelle il est assujetti par une nécessité invariable, et qui me semble pouvoir être solidement établie, soit sur les preuves rationnelles fournies par la connaissance de notre organisation, soit sur les vérifications historiques résultant d’un examen attentif du passé. Cette loi consiste en ce que chacune de nos conceptions principales, chaque branche de nos connaissances, passe successivement par trois états théoriques différents : l’état théologique ou fictif ; l’état métaphysique ou abstrait ; l’état scientifique ou positif [...].

 

Dans l’état théologique, l’esprit humain dirigeant essentiellement ses recherches vers la nature intime des êtres, les causes premières et finales de tous les effets qui le frappent, en un mot vers les connaissances absolues, se représente les phénomènes comme produits par l’action directe et continue d’agents surnaturels plus ou moins nombreux, dont l’intervention arbitraire explique toutes les anomalies apparentes de l’univers.

 

Dans l’état métaphysique, qui n’est au fond qu’une simple modification générale du premier, les agents surnaturels sont remplacés par des forces abstraites, véritables entités (abstractions personnifiées) inhérentes aux divers êtres du monde, et conçues comme capables d’engendrer par elles-mêmes tous les phénomènes observés, dont l’explication consiste alors à assigner pour chacun l’entité correspondante.

 

Enfin, dans l’état positif, l’esprit humain, reconnaissant l’impossibilité d’obtenir des notions absolues, renonce à chercher l’origine et la destination de l’univers, et à connaître les causes intimes des phénomènes, pour s’attacher uniquement à découvrir, par l’usage bien combiné du raisonnement et de l’observation, leurs lois effectives, c’est-à-dire leurs relations invariables de succession et de similitude. L’explication des faits, réduite alors à ses termes réels, n’est plus désormais que la liaison établie entre les divers phénomènes particuliers et quelques faits généraux, dont les progrès de la science tendent de plus en plus à diminuer le nombre [...].

 

Cette révolution générale de l’esprit humain peut d’ailleurs être aisément constatée aujourd’hui, d’une manière très sensible, quoique indirecte, en considérant le développement de l’intelligence individuelle. Le point de départ étant nécessairement le même dans l’éducation de l’individu que dans celle de l’espèce, les diverses phases principales de la première doivent représenter les époques fondamentales de la seconde. Or chacun de nous, en contemplant sa propre histoire, ne se souvient-il pas qu’il a été successivement, quant à ses notions les plus importantes, théologien dans son enfance, métaphy-

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