quelques heures, quel raccourci souhaiter qui soit plus révélateur ?
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
.
C'est làque l'acteur secontredit -le même etpourtant sidivers, tantd'âmes résumées parunseul
corps.
Maisc'est lacontradiction absurdeelle-même, cetindividu quiveut toutatteindre ettout vivre,
cette vainetentative, cetentêtement sansportée.
Cequi secontredit toujourss'unitpourtant enlui.
Il
est àcet endroit oùlecorps etl'esprit serejoignent etse serrent, oùlesecond lassédeses échecs se
retourne verssonplus fidèle allié.« Etbénis soient ceux,ditHamlet, dontlesang etlejugement sontsi
curieusement mêlésqu'ilsnesont pasflûte oùledoigt delafortune faitchanter letrou quiluiplaît. »
*
Comment l'Eglisen'eût-elle pascondamné dansl'acteur pareilexercice ? Ellerépudiait danscetartla
multiplication hérétiquedesâmes, ladébauche d'émotions, laprétention scandaleuse d'unesprit quise
refuse àne vivre qu'un destin etse précipite danstoutes lesintempérances.
Elleproscrivait eneux ce
goût duprésent etce triomphe deProtée quisont lanégation detout cequ'elle enseigne.
L'éternité n'est
pas unjeu.
Unesprit assezinsensé pourluipréférer unecomédie aperdu sonsalut.
Entre « partout » et
« toujours », iln'y apas decompromis.
Delàque cemétier sidéprécié puissedonner lieuàun conflit
spirituel démesuré.
« Cequiimporte, ditNietzsche, cen'est paslavie éternelle, c'estl'éternelle
vivacité. » Toutledrame esteneffet danscechoix.
Adrienne Lecouvreur, surson litde mort, voulut bienseconfesser etcommunier, maisrefusa
d'abjurer saprofession.
Elleperdit parlàle bénéfice delaconfession.
Qu'était-ce donceneffet, sinon
prendre contreDieuleparti desapassion profonde ? Etcette femme àl'agonie, refusant dansleslarmes
de renier cequ'elle appelait sonart, témoignait d'unegrandeur que,devant larampe, ellen'atteignit
jamais.
Cefut son plus beau rôleetleplus difficile àtenir.
Choisir entreleciel etune dérisoire fidélité,
se préférer àl'éternité ous'abîmer enDieu, c'est latragédie séculaire oùilfaut tenir saplace.
Les comédiens del'époque sesavaient excommuniés.
Entrerdanslaprofession, c'étaitchoisirl'Enfer.
Et l'Eglise discernait eneux sespires ennemis.
Quelques littérateurs s'indignent : « Ehquoi, refuser à
Molière lesderniers secours ! » Maiscelaétait juste etsurtout pourcelui-là quimourut enscène et
acheva souslefard unevietout entière vouéeàla dispersion.
Oninvoque àson propos legénie quiexcuse
tout.
Maislegénie n'excuse rien,justement parcequ'ils'yrefuse.
L'acteur savaitalorsquelle punition luiétait promise.
Maisquelsens pouvaient avoirdesivagues
menaces auprix duchâtiment dernierqueluiréservait lavie même ? C'étaitcelui-là qu'iléprouvait par
avance etacceptait danssonentier.
Pourl'acteur commepourl'homme absurde, unemort prématurée est
irréparable.
Riennepeut compenser lasomme desvisages etdes siècles qu'ileût,sans cela, parcourus.
Mais detoutes façons, ils'agit demourir.
Carl'acteur estsans doute partout, maisletemps l'entraîne
aussi etfait avec luison effet.
Il suffit d'unpeud'imagination poursentir alorsceque signifie undestin d'acteur.
C'estdansle
temps qu'ilcompose eténumère sespersonnages.
C'estdansletemps aussiqu'ilapprend àles dominer.
Plus ilavécu devies différentes etmieux ilse sépare d'elles.
Letemps vientoùilfaut mourir àla scène
et au monde.
Cequ'il avécu estenface delui.
Ilvoit clair.
Ilsent ceque cette aventure ade déchirant et
d'irremplaçable.
Ilsait etpeut maintenant mourir.Ilyades maisons deretraite pourvieux comédiens..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- HEURES POÉTIQUES Friedrich von Canitz (résumé)
- VINGT-QUATRE HEURES DE LA VIE D’UNE FEMME (résumé & analyse de l’oeuvre)
- HEURES CLAIRES (Les) d’Émile Verhaeren
- ECOLE MIXTE SAINT JOSEPH 14 RUE BARLA 06300 NICE SUPPA-LEZY MARIE-CARMEN CLASSE CE2 ANNEE 2003/2004 Heures DUREE LUNDI MARDI 8.
- Heures 8.