Que pensez-vous de ces lignes de Fénelon (Lettre à l'Académie) : « Il faut séparer d'abord la tragédie d'avec la comédie. L'une représente les grands événements qui excitent les violentes passions ; l'autre se borne à représenter les mœurs des hommes dans une condition privée » ? Ces définitions vous semblent-elles satisfaisantes ? Cette distinction des genres dramatiques est-elle fondée en nature et en raison ? N'y a-t-il pas des genres intermédiaires ou mixtes, également légitimes ?
Publié le 14/03/2011
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Les définitions sont évidemment discutables. La tragédie classique est faite de grands événements qui excitent les passions violentes ; mais la comédie ne se borne pas à représenter les mœurs des hommes dans une condition privée. Le sujet précédent montre justement que la comédie, même classique, est faite souvent d'événements dont on pourrait fort bien tirer une tragédie. L'avarice d'Harpagon, la soif de jouissances hypocrite de Tartuffe peuvent être des passions aussi violentes et aussi dangereuses que la jalousie d'Hermione ou l'ambition d'Agrippine. En fait, la différence entre tragédie et comédie tient au dénouement, au caractère des personnages et surtout, peut-être, au caractère même de l'auteur (voir sujet précédent). Quant au principe de la distinction nécessaire des genres tragique ou comique, nous avons vu qu'il n'était fondé sur rien et qu'on avait pu concevoir et réaliser des pièces où se mêlent, en proportions diverses, le tragique, le sérieux, le comique.
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