Quatre-vingt-treize Je suis l'envoyé de la République.
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
«
La voix du haut de la tour répondit:
\24 Oui, Caïn.
Cimourdain repartit avec une inflexion singulière, qui était à la fois haute et douce:
\24 Insultez, mais écoutez.
Je viens ici en parlementaire.
Oui, vous êtes mes frères.
Vous êtes de pauvres
hommes égarés.
Je suis votre ami.
Je suis la lumière et je parle à l'ignorance.
La lumière contient toujours de
la fraternité.
D'ailleurs, est-ce que nous n'avons pas tous la même mère, la patrie? Eh bien, écoutez-moi.
Vous saurez plus tard, ou vos enfants sauront, ou les enfants de vos enfants sauront que tout ce qui se fait en
ce moment se fait par l'accomplissement des lois d'en haut, et que ce qu'il y a dans la Révolution, c'est Dieu.
En attendant le moment où toutes les consciences, même les vôtres, comprendront, et où tous les fanatismes,
même les nôtres, s'évanouiront, en attendant que cette grande clarté soit faite, personne n'aura-t-il pitié de
vos ténèbres? Je viens à vous, je vous offre ma tête ; je fais plus, je vous tends la main.
Je vous demande la
grâce de me perdre pour vous sauver.
J'ai pleins pouvoirs, et ce que je dis, je le puis.
C'est un instant suprême
; je fais un dernier effort.
Oui, celui qui vous parle est un citoyen, et dans ce citoyen, oui, il y a un prêtre.
Le
citoyen vous combat, mais le prêtre vous supplie.
Ecoutez-moi.
Beaucoup d'entre vous ont des femmes et des
enfants.
Je prends la défense de vos enfants et de vos femmes.
Je prends leur défense contre vous.
O mes
frères...
\24 Va, prêche! ricana l'Imânus.
Cimourdain continua:
\24 Mes frères, ne laissez pas sonner l'heure exécrable.
On va ici s'entr'égorger.
Beaucoup d'entre nous qui
sommes ici devant vous ne verront pas le soleil de demain ; oui, beaucoup d'entre nous périront, et vous, vous
tous, vous allez mourir.
Faites-vous grâce à vous-mêmes.
Pourquoi verser tout ce sang quand c'est inutile?
Pourquoi tuer tant d'hommes quand deux suffisent?
\24 Deux? dit l'Imânus.
\24 Oui.
Deux.
\24 Qui?
\24 Lantenac et moi.
Et Cimourdain éleva la voix:
\24 Deux hommes sont de trop, Lantenac pour nous, moi pour vous.
Voici ce que je vous offre, et vous aurez
tous la vie sauve: donnez-nous Lantenac, et prenez-moi.
Lantenac sera guillotiné, et vous ferez de moi ce
que vous voudrez.
\24 Prêtre, hurla l'Imânus, si nous t'avions, nous te brûlerions à petit feu.
\24 J'y consens, dit Cimourdain.
Et il reprit:
\24 Vous, les condamnés qui êtes dans cette tour, vous pouvez tous dans une heure être vivants et libres.
Je
vous apporte le salut.
Acceptez-vous? Quatre-vingt-treize
VIII.
LE VERBE ET LE RUGISSEMENT 197.
»
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