Quatre-vingt-treize Je suis commandant en chef de la colonne expéditionnaire des Côtes-du-Nord.
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
«
\24 Asseyez-vous.
Le fourrier, commissaire-auditeur, se leva et donna lecture, premièrement, de l'arrêté qui mettait hors la loi le
ci-devant marquis de Lantenac ; deuxièmement, du décret de la Convention édictant la peine capitale contre
quiconque favoriserait l'évasion d'un rebelle prisonnier.
Il termina par les quelques lignes imprimées au bas
de l'affiche du décret, intimant défense " de porter aide et secours " au rebelle susnommé " sous peine de mort
", et signées: le commandant en chef de la colonne expéditionnaire, GAUVAIN.
Ces lectures faites, le commissaire-auditeur se rassit.
Cimourdain croisa les bras et dit:
\24 Accusé, soyez attentif.
Public, écoutez, regardez, et taisez-vous.
Vous avez devant vous la loi.
Il va être
procédé au vote.
La sentence sera rendue à la majorité simple.
Chaque juge opinera à son tour, à haute voix,
en présence de l'accusé, la justice n'ayant rien à cachera.
Cimourdain continua:
\24 La parole est au premier juge.
Parlez, capitaine Guéchamp.
Le capitaine Guéchamp ne semblait voir ni Cimourdain, ni Gauvain.
Ses paupières abaissées cachaient ses
yeux immobiles fixés sur l'affiche du décret et la considérant comme on considérerait un gouffre.
Il dit:
\24 La loi est formelle.
Un juge est plus et moins qu'un homme ; il est moins qu'un homme, car il n'a pas de
coeur ; il est plus qu'un homme, car il a le glaive.
L'an 414 de Rome, Manlius fit mourir son fils pour le crime
d'avoir vaincu sans son ordre.
La discipline violée voulait une expiation.
Ici, c'est la loi qui a été violée ; et la
loi est plus haute encore que la discipline.
Par suite d'un accès de pitié, la patrie est remise en danger.
La pitié
peut avoir les proportions d'un crime.
Le commandant Gauvain a fait évader le rebelle Lantenac.
Gauvain est
coupable.
Je vote la mort.
\24 Ecrivez, greffier, dit Cimourdain.
Le greffier écrivit: " Capitaine Guéchamp: la mort.
"
Gauvain éleva la voix.
\24 Guéchamp, dit-il, vous avez bien voté, et je vous remercie.
Cimourdain reprit:
\24 La parole est au deuxième juge.
Parlez, sergent Radoub.
Radoub se leva, se tourna vers Gauvain et fit à l'accusé le salut militaire.
Puis il s'écria:
\24 Si c'est ça, alors, guillotinez-moi, car j'en donne ici ma nom de Dieu de parole d'honneur la plus sacrée, je
voudrais avoir fait, d'abord ce qu'a fait le vieux, et ensuite ce qu'a fait mon commandant.
Quand j'ai vu cet
individu de quatre-vingts ans se jeter dans le feu pour en tirer les trois mioches, j'ai dit: Bonhomme, tu es un
brave homme! et quand j'apprends que c'est mon commandant qui a sauvé ce vieux de votre bête de
guillotine, mille noms de noms, je dis: Mon commandant, vous devriez être mon général, et vous êtes un vrai Quatre-vingt-treize
III.
LES VOTES 245.
»
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