Quatre-vingt-treize Je comprends.
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
«
\24 Mon commandant, l'exprès est parti pour Javené.
Gauvain monta sur le plateau et demeura longtemps l'oeil fixé sur le pont-châtelet qui était en travers du
ravin.
Le pignon du châtelet, sans autre baie que la basse entrée fermée par le pont-levis dressé, faisait face à
l'escarpement du ravin.
Pour arriver du plateau au pied des piles du pont, il fallait descendre le long de cet
escarpement, ce qui n'était pas impossible, de broussaille en broussaille.
Mais une fois dans le fossé,
l'assaillant serait exposé à tous les projectiles pouvant pleuvoir des trois étages.
Gauvain acheva de se
convaincre qu'au point où le siège en était, la véritable attaque était par la brèche de la tour.
Il prit toutes ses mesures pour qu'aucune fuite ne fût possible ; il compléta l'étroit blocus de la Tourgue ; il
resserra les mailles de ses bataillons de façon que rien ne pût passer au travers.
Gauvain et Cimourdain se
partagèrent l'investissement de la forteresse ; Gauvain se réserva le côté de la forêt et donna à Cimourdain le
côté du plateau.
Il fut convenu que, tandis que Gauvain, secondé par Guéchamp, conduirait l'assaut par la
sape, Cimourdain, toutes les mèches de la batterie haute allumées, observerait le pont et le ravin.
XIII
CE QUE FAIT LE MARQUIS
Pendant qu'au dehors tout s'apprêtait pour l'attaque, au dedans tout s'apprêtait pour la résistance.
Ce n'est pas sans une réelle analogie qu'une tour se nomme une douve, et l'on frappe quelquefois une tour
d'un coup de mine comme une douve d'un coup de poinçon.
La muraille se perce comme une bonde.
C'est ce
qui était arrivé à la Tourgue.
Le puissant coup de poinçon donné par deux ou trois quintaux de poudre avait troué de part en part le mur
énorme.
Ce trou partait du pied de la tour, traversait la muraille dans sa plus grande épaisseur et venait
aboutir en arcade informe dans le rez-de-chaussée de la forteresse.
Du dehors, les assiégeants, afin de rendre
ce trou praticable à l'assaut, l'avaient élargi et façonné à coups de canon.
Le rez-de-chaussée où pénétrait cette brèche était une grande salle ronde toute nue, avec pilier central
portant la clef de voûte.
Cette salle qui était la plus vaste de tout le donjon n'avait pas moins de quarante pieds
de diamètre.
Chacun des étages de la tour se composait d'une chambre pareille, mais moins large, avec des
logettes dans les embrasures des meurtrières.
La salle du rez-de-chaussée n'avait pas de meurtrières, pas de
soupiraux, pas de lucarnes ; juste autant de jour et d'air qu'une tombe.
La porte des oubliettes, faite de plus de fer que de bois, était dans la salle du rez-de-chaussée.
Une autre
porte de cette salle ouvrait sur un escalier qui conduisait aux chambres supérieures.
Tous les escaliers étaient
pratiqués dans l'épaisseur du mur.
C'est dans cette salle basse que les assiégeants avaient chance d'arriver par la brèche qu'ils avaient faite.
Cette
salle prise, il leur restait la tour à prendre.
On n'avait jamais respiré dans cette salle basse.
Nul n'y passait vingt-quatre heures sans être asphyxié.
Maintenant, grâce à la brèche, on y pouvait vivre.
C'est pourquoi les assiégés ne fermèrent pas la brèche.
D'ailleurs à quoi bon? Le canon l'eût rouverte.
Ils piquèrent dans le mur une torchère de fer, y plantèrent une torche, et cela éclaira le rez-de-chaussée.
Quatre-vingt-treize
IX.
UNE BASTILLE DE PROVINCE 165.
»
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