prince du sang : il galope sur tout le monde et tout le monde se range.
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
groupe
deshuguenots ralliés,Henri,qui,quelle quefûtsapuissance surlui-même etsiétendu quefûtledegré
de dissimulation dontleCiel l’avait doté,n’yput tenir.
Ilprétexta l’odeurimpure querépandaient tousces
débris humains ; ets’approchant deCharles IX,qui, côte àcôte avec Catherine, étaitarrêté devant lesrestes de
l’amiral : –Sire, dit-il, Votre Majesté netrouve-t-elle pasque, pour rester pluslongtemps ici,cepauvre cadavre sent
bien mauvais ?
– Tu trouves, Henriot ! ditCharles IX,dont lesyeux étincelaient d’unejoieféroce.
– Oui, Sire.
– Eh bien, jene suis pasdeton avis, moi… lecorps d’unennemi mortsenttoujours bon.
– Ma foi,Sire, ditTavannes, puisqueVotreMajesté savaitquenous devions venirfaireunepetite visiteà
M. l’amiral, elleeûtdûinviter PierreRonsard, sonmaître enpoésie : ileût fait, séance tenante, l’épitaphe du
vieux Gaspard.
– Il n’y apas besoin delui pour cela,ditCharles IX,etnous laferons biennous-même… Parexemple,
écoutez, messieurs, ditCharles IXaprès avoirréfléchi uninstant : Ci-gît,
–mais c’estmalentendu, Pourluilemot esttrop honnête, –Ici l’amiral estpendu Parlespieds, à
faute detête.
– Bravo !
bravo !s’écrièrent lesgentilshommes catholiquestoutd’une voix,tandis queleshuguenots ralliés
fronçaient lessourcils engardant lesilence.
Quant àHenri, comme ilcausait avecMarguerite etmadame deNevers, ilfit semblant den’avoir pas
entendu.
–Allons, allons,monsieur, ditCatherine, que,malgré lesparfums dontelleétait couverte, cetteodeur
commençait àindisposer, allons,iln’y asi bonne compagnie qu’onnequitte.
Disons adieuàM. l’amiral, et
revenons àParis.
Elle fitde latête ungeste ironique commelorsqu’on prendcongéd’unami,et,reprenant latête decolonne,
elle revint gagner lechemin, tandisquelecortège défilaitdevantlecadavre deColigny.
Le soleil secouchait àl’horizon.
Lafoule s’écoula surlespas deLeurs Majestés pourjouir jusqu’au boutdes
magnificences ducortège etdes détails duspectacle : lesvoleurs suivirent lafoule ; desorte que,dixminutes
après ledépart duroi, iln’y avait pluspersonne autourducadavre mutilédel’amiral, quecommençaient à
effleurer lespremières brisesdusoir.
Quand nousdisons personne, nousnous trompons.
Ungentilhomme
monté suruncheval noir,etqui n’avait pusans doute, aumoment oùilétait honoré delaprésence desprinces,
contempler àson aise cetronc informe etnoirci, étaitdemeuré ledernier, ets’amusait àexaminer danstous
leurs détails chaînes, crampons, piliersdepierre, legibet enfin, quiluiparaissait sansdoute, àlui arrivé depuis
quelques joursàParis etignorant desperfectionnements qu’apporteentoute chose lacapitale, leparangon de
tout ceque l’homme peutinventer deplus terriblement laid.
Il n’est pasbesoin dedire ànos lecteurs quecethomme étaitnotre amiCoconnas.
Unœil exercé defemme
l’avait envain cherché danslacavalcade etavait sondé lesrangs sanspouvoir leretrouver.
M. de Coconnas, commenousl’avons dit,était donc enextase devant l’œuvre d’Enguerrand deMarigny.
Mais cettefemme n’étaitpasseule àchercher M. de Coconnas.
Unautre gentilhomme, remarquableparson
pourpoint desatin blanc etsa galante plume,aprèsavoirregardé enavant etsur lescôtés, s’avisa deregarder en
arrière etvit lahaute tailledeCoconnas etlagigantesque silhouettedeson cheval seprofiler envigueur surle
ciel rougi desderniers refletsdusoleil couchant.
Alors legentilhomme aupourpoint desatin blanc quitta lechemin suiviparl’ensemble delatroupe, pritun
petit sentier, et,décrivant unecourbe, retourna verslegibet.
Presque aussitôtladame quenous avons reconnue pourladuchesse deNevers, commenousavons reconnu
le grand gentilhomme aucheval noirpour Coconnas, s’approcha deMarguerite etlui dit :
– Nous noussommes trompées toutesdeux,Marguerite, carlePiémontais estdemeuré enarrière, et
M. de La Molel’asuivi.
– Mordi ! repritMarguerite enriant, ilva donc sepasser quelque chose.Mafoi,j’avoue quejene serais pas
fâchée d’avoir àrevenir surson compte.
Marguerite alorsseretourna etvit s’exécuter effectivement delapart deLa Mole lamanœuvre quenous
avons dite.
Ce fut alors autour desdeux princesses àquitter lafile : l’occasion étaitdesplus favorables ; ontournait
devant unsentier bordédelarges haiesquiremontait, et,enremontant, passaitàtrente pasdugibet.
Madame
de Nevers ditunmot àl’oreille deson capitaine, Marguerite fitun signe àGillonne, etles quatre personnes s’en
allèrent parcechemin detraverse s’embusquer derrièrelebuisson leplus proche dulieu oùallait sepasser la
scène dontilsparaissaient désirerêtrespectateurs.
Ilyavait trente pasenviron, commenousl’avons dit,decet
endroit àcelui oùCoconnas, ravi,enextase, gesticulait devantM. l’amiral.
Marguerite mitpied àterre, madame deNevers etGillonne enfirent autant ; lecapitaine descendit àson
tour, etréunit danssesmains lesbrides desquatre chevaux.
Ungazon fraisettouffu offrait auxtrois femmes un
siège comme endemandent souventetinutilement lesprincesses.
Une éclaircie leurpermettait dene pas perdre lemoindre détail..
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