Prière de soldats. Jean Richepin
Publié le 21/06/2011
Extrait du document
Le poète Jean Richepin a donné la formule d'une prière patriotique inspirée de celle qui exaltait, autrefois, les jeunes héros de la Grèce.
Oh! c'est une prière que peuvent dire tous les croyants, de n'importe quelle foi, et même ceux qui ont pour religion unique la foi dans le pays. C'est le serment magnifique prêté par vos frères, les jeunes hommes d'Athènes, à leur vingtième année, quand ils devenaient soldats. Ils le prêtaient en présence des pères et des mères, entre les mains des magistrats, sans emphase inutile, très simplement, et le disaient par coeur, mais du fond du coeur, comme vous le saurez et le direz, jeunes Français, ô Athéniens d'aujourd'hui qui vous battez aussi pour l'humanité. Voici les mots que prononçait l'adolescent changé en homme, et par lesquels cet homme se sentait changé en héros : Je m'engage à obéir aux lois, à respecter la foi de mes ancêtres, à ne point déshonorer mes armes, à ne jamais abandonner mon compagnon de rang dans la bataille, à combattre jusqu'au dernier souffle pour défendre le sol de la patrie, et à laisser enfin mon pays en ;mineur état que je ne l'ai trouvé. Apprenez-les, ces simples mots; qu'ils se gravent en traits de flemme au meilleur de votre être, qu'ils soient votre prière du matin et du soir, ô jeunes soldats! A Marathon assistait, comme jeune soldat, le poète qui devait être plus tard le grand Eschyle, le plus grand des tragiques grecs, celui que Hugo a nommé Shakespeare l'ancien. A la fin de sa longue et glorieuse vie, après avoir écrit plus de cent drames, Eschyle fit lui-même son épitaphe, et il n'y mentionna aucun de ses triomphes, estimant, à juste titre, que son unique triomphe avait consisté à être un des combattants de Marathon. « Ce monument, dit l'épitaphe, recouvre Eschyle, fils d'Euphorion, Athénien. S'il fut brave, le bois sacré de Marathon et le Mède aux cheveux longs en savent quelque chose. « Eh bien ! cette splendide épitaphe, la plus belle qu'un homme puisse avoir sur sa tombe, chacun de vous, ô jeunes soldats, peut et doit la rêver pour ses vieux jours. Il suffit que chacun de vous prête le serment du jeune Athénien, et le sache et le répète comme une prière, du fond du coeur et à plein coeur.
QUESTIONS D'EXAMEN
I. — L'ensemble. — Une exhortation patriotique. — Dans quelles circonstances cette page a-t-elle été écrite? A qui s'adresse l'auteur ? Quel caractère a, à ses yeux, le serment que prêtaient autrefois les jeunes Athéniens? Cette prière peut-elle être dite par tous les soldats ? (pourquoi?) Est-ce du bout des lèvres qu'ils doivent la dire ? Comment faut-il qu'ils la sachent et la répètent ? Quel est le ton général du morceau ?
II. — L'analyse du morceau. — En combien de parties pouvez-vous diviser le morceau? Donnez un titre à chacune de:, parties; A quel âge et devant qui les jeunes Athéniens prêtaient-ils le serinent dont il est parlé? Quels engagements prenaient-ils ainsi ? Pourquoi l'auteur fait-il un rapprochement entre la situation des jeunes Athéniens, à l'époque des guerres Médiques, et celle des jeunes Français ? Quel glorieux souvenir rappelle le nom de Marathon? Citez l'un des soldats de Marathon; Le grand Eschyle mentionne-t-il ses succès dramatiques dans son épitaphe ? Quel est celui de ses triomphes qui lui a paru le plus beau? Nos jeunes soldats ne doivent-ils pas s'inspirer du courage et de la modestie d'Eschyle ?
III. — Le style; — les expressions. — Montrez la précision du style (voir, dans la première partie notamment, l'indication des circonstances d'âge, de temps, de manière, etc...) ; Cette page n'a-t-elle pas un caractère oratoire ? Ne révèle-t-elle pas, chez l'auteur, un sentiment d'enthousiasme, d'admiration? (dans quelle partie ? — citer quelques passages); Que devient, sous la plume de Richepin, le mot Marathon ? Que désigne-t-il par ce mot ? Pourquoi appelle-t-il les jeunes Français les Athéniens d'aujourd'hui? Que signifie le mot emphase?
IV. — La grammaire. — Quelle est la composition de épitaphe ? Indiquez six mots ayant pour préfixe épi, et donnez-en la signification; Distinguez les propositions contenues dans la dernière phrase du morceau; — nature de chacune d'elles; Relevez les interjections qui se trouvent dans le texte; Nature et fonction de chacun des mots suivants : le répète comme une prière (dernière phrase).
Rédaction. — Quels sont les différents points de cette prière de soldats? Montrez qu'elle peut être dite par tous.
Liens utiles
- CHANSON DES GUEUX (La) Jean Richepin
- GLU (La) de Jean Richepin (1849-1926) (résumé)
- MIARKA, LA FILLE A L’OURS de Jean Richepin - résumé, analyse
- Richepin Jean, 1849-1926, né à Médéa (aujourd'hui Lemdiyya, Algérie), écrivain français.
- Le Miroir, Jean Richepin