prenait un bain de quelques minutes.
Publié le 29/10/2013
Extrait du document
«
Les
amants s’égayaient encoredecette bonne histoire ; puisMaxime continuait desavoix câline :
– Quand tuvenais mechercher aucollège danstavoiture, nousdevions êtredrôles touslesdeux… Jedisparaissais soustes
jupons, tantj’étais petit.
– Oui, oui,balbutiait-elle, prisedefrissons, attirantlejeune homme àelle, c’était trèsbon, comme tudis… Nous nous
aimions sanslesavoir, n’est-ce pas ?Moijel’ai suavant toi.L’autre jour,enrevenant duBois, j’aifrôlé tajambe, etj’ai
tressailli… Maistune t’es aperçu derien.
Hein ? tune songeais pasàmoi ?
– Oh ! si,répondait-il unpeu embarrassé.
Seulement,jene savais pas,tucomprends… Jen’osais pas.
Il mentait.
L’idéedeposséder Renéeneluiétait jamais nettement venue.Ill’avait effleurée detout sonvice sans ladésirer
réellement.
Ilétait tropmou pour ceteffort.
Ilaccepta Renéeparcequ’elle s’imposa àlui, etqu’il glissa jusqu’à sacouche,
sans levouloir, sansleprévoir.
Quandilyeut roulé, ilyresta, parcequ’ilyfaisait chaud etqu’il s’oubliait aufond detous les
trous oùiltombait.
Danslescommencements, ilgoûta même dessatisfactions d’amour-propre.
C’étaitlapremière femme
mariée qu’ilpossédait.
Ilne songeait pasque lemari était sonpère.
Mais Renée apportait danslafaute toutes cesardeurs decœur déclassé.
Elleaussi avaitglissé surlapente.
Seulement, elle
n’avait pasroulé jusqu’au boutcomme unechair inerte.
Ledésir s’était éveillé enelle trop tardpour lecombattre, lorsquela
chute devenait fatale.Cettechute luiapparut brusquement commeunenécessité deson ennui, comme unejouissance rare
et extrême quiseule pouvait réveiller sessens lassés, soncœur meurtri.
Cefut pendant cettepromenade d’automne,au
crépuscule, quandleBois s’endormait, quel’idée vague del’inceste luivint, pareille àun chatouillement quiluimit àfleur de
peau unfrisson inconnu ; et,lesoir, dans lademi-ivresse dudîner, souslefouet delajalousie, cetteidéeseprécisa, sedressa
ardemment devantelle,aumilieu desflammes delaserre, enface deMaxime etde Louise.
Àcette heure, ellevoulut lemal,
le mal que personne necommet, lemal quiallait emplir sonexistence videetlamettre enfindanscetenfer, dontelleavait
toujours peur,comme autemps oùelle était petite fille.Puis, lelendemain, ellenevoulut plus,parunétrange sentiment de
remords etde lassitude.
Illui semblait qu’elleavaitdéjàpéché, quecen’était passibon qu’elle pensait, etque ceserait
vraiment tropsale.
Lacrise devait êtrefatale, venird’elle-même, endehors deces deux êtres, deces camarades quiétaient
destinés àse tromper unbeau soir,às’accoupler, encroyant sedonner unepoignée demain.
Mais,après cettechute bête,
elle seremit àson rêve d’un plaisir sansnom, etalors ellereprit Maxime danssesbras, curieuse delui, curieuse desjoies
cruelles d’unamour qu’elle regardait commeuncrime.
Savolonté accepta l’inceste, l’exigea,entendit legoûter jusqu’au
bout, jusqu’aux remords,s’ilsvenaient jamais.Ellefutactive, consciente.
Elleaima avecsonemportement degrande
mondaine, sespréjugés inquietsdebourgeoise, toussescombats, sesjoies etses dégoûts defemme quisenoie dans son
propre mépris.
Maxime revintchaque nuit.Ilarrivait parlejardin, versuneheure.
Leplus souvent, Renéel’attendait danslaserre, qu’il
devait traverser pourgagner lepetit salon.
Ilsétaient, d’ailleurs, d’uneimpudence parfaite,secachant àpeine, oubliant les
précautions lesplus classiques del’adultère.
Cecoin del’hôtel, ilest vrai, leurappartenait.
Baptiste,levalet dechambre du
mari, avaitseulledroit d’ypénétrer, etBaptiste, enhomme grave,disparaissait aussitôtquesonservice étaitfini.Maxime
prétendait mêmeenriant qu’ilseretirait pourécrire sesMémoires.
Unenuit, cependant, commeilvenait d’arriver, Renéele
lui montra quitraversait solennellement lesalon, tenant unbougeoir àla main.
Legrand valet,avecsacarrure deministre,
éclairé parlalumière jaunedelacire, avait, cettenuit-là, unvisage pluscorrect etplus sévère encore quedecoutume.
Ense
penchant, lesamants levirent souffler sabougie etse diriger verslesécuries, oùdormaient leschevaux etles palefreniers.
– Il fait saronde, ditMaxime.
Renée restafrissonnante.
Baptistel’inquiétait d’ordinaire.
Illui arrivait dedire qu’il était leseul honnête hommedel’hôtel,
avec safroideur, sesregards clairsquines’arrêtaient jamaisauxépaules desfemmes.
Ils mirent alorsquelque prudence àse voir.
Ilsfermaient lesportes dupetit salon, etpouvaient ainsijouir entoute
tranquillité decesalon, delaserre etde l’appartement deRenée.
C’étaittoutunmonde.
Ilsygoûtèrent, pendantles
premiers mois,lesjoies lesplus raffinées, lesplus délicatement cherchées.Ilspromenèrent leursamours dugrand litgris et
rose delachambre àcoucher, danslanudité roseetblanche ducabinet detoilette, etdans lasymphonie enjaune mineur du
petit salon.
Chaque pièce,avecsonodeur particulière, sestentures, savie propre, leurdonnait unetendresse différente,
faisait deRenée uneautre amoureuse : ellefutdélicate etjolie dans sacouche capitonnée degrande dame,aumilieu de
cette chambre tièdeetaristocratique, oùl’amour prenaituneffacement debon goût ; souslatente couleur dechair, au
milieu desparfums etde lalangueur humidedelabaignoire, ellesemontra fillecapricieuse etcharnelle, selivrant ausortir
du bain, etce fut làque Maxime lapréféra ; puis,enbas, auclair lever desoleil dupetit salon, aumilieu decette aurore
jaunissante quidorait sescheveux, elledevint déesse, avecsatête deDiane blonde, sesbras nusquiavaient desposes
chastes, soncorps pur,dont lesattitudes, surlescauseuses, trouvaientdeslignes nobles, d’unegrâceantique.
Maisilétait
un lieu dont Maxime avaitpresque peur,etoù Renée nel’entraînait quelesjours mauvais, lesjours oùelle avait besoin
d’une ivresse plusâcre.
Alors ilsaimaient danslaserre.
C’était làqu’ils goûtaient l’inceste.
Une nuit, dans uneheure d’angoisse, lajeune femme avaitvoulu quesonamant allâtchercher unedespeaux d’ours noir.
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