PRÉFACE Je vous promets, lecteur, quatre choses capables de vous obliger à quelque attention, et desquelles je vous mettrai quelques traits devant les yeux en cette préface.
Publié le 01/10/2013
Extrait du document
«
établie sur de vrais principes, par des conséquences d'une
connexion évidente, il nous sera plus aisé de la remarquer, si
nous prenons garde aux inconvénients et aux dommages qu'une
espèce de politique trompeuse et babillarde apporte dans le
monde, où ses malheureuses maximes sont en usage.
Si nous
nous abusons aux choses dont la spéculation ne tend qu'à l'exer-
cice de l'esprit, notre erreur est innocente, et il n'y a que la
seule perte du temps à regretter.
Mais nous nous méprenons en
celles que chacun doit soigneusement considérer pour la
commodité de la vie ; ce ne seront pas seulement les fautes que
nous commettrons qui nous seront nuisibles, l'ignorance même
nous sera de grand préjudice, et il faudra nécessairement qu'il
en naisse des injures, des querelles, et des meurtres.
Comme
donc ces inconvénients sont fort considérables, les avantages qui
nous reviennent d'une meilleure information de cette science,
sont d'une très grande importance, et son utilité en est toute
manifeste.
En effet, combien de rois y a-t-il eu, et des plus gens
de bien de leur royaume, à qui cette funeste erreur, qu'un sujet
a droit de tuer son tyran, a coûté malheureusement la vie ?
Combien de milliers d'hommes a fait périr cette pernicieuse
maxime, qu'un prince souverain peut être dépouillé de ses États
en certaines occasions, et par certaines personnes ? A combien
d'autres a coupé la gorge cette doctrine erronée, que les rois
étaient ministres, et non pas au-dessus de la multitude ? En un
mot, de combien de rébellions et d'étranges félonies a été causée
l'erreur de ceux qui ont enseigné qu'il appartenait à des per-
sonnes privées de juger de la justice ou de l'injustice des édits
d'un monarque, et que non seulement on pouvait avec raison,
mais qu'on devait disputer de la qualité de ses commandements
avant que de lui obéir ? Il y a d'ailleurs en la philosophie morale,
communément reçue, quantité d'autres propositions qui ne
sont pas moins dangereuses que celles-ci, et desquelles ce n'est
pas ici le lieu de faire une longue liste.
Je pense que ces anciens
les avaient bien prévues, lorsqu'ils aimèrent mieux couvrir de
fables la science du droit, que de l'exposer à l'agitation des dis-
putes.
Car, avant que ces questions séditieuses ne commencent.
»
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