Pot-bouille --Pas possible!
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
Octave resta muet.
Le fiacre roulait toujours, empli d'obscurite, traverse par moments d'un rayon de gaz.
Comme ils arrivaient, Duveyrier, torture d'angoisses, posa une nouvelle question.
N'est-ce pas? ce que j'ai de mieux a faire est encore de me remettre avec ma femme, en attendant?
Ce serait peut-etre raisonnable, dit le jeune homme, force de repondre.
Alors, Duveyrier sentit la necessite de regretter son beau-pere.
C'etait un homme bien intelligent, une
puissance de travail incroyable.
D'ailleurs, on allait sans doute pouvoir encore le tirer de la.
Rue de Choiseul,
ils trouverent la porte de la maison ouverte et ils tomberent sur un groupe, plante devant la loge de M.
Gourd.
Julie, descendue pour courir chez le pharmacien, s'emportait contre les bourgeois qui se laissent crever entre
eux, quand ils sont malades; c'etait bon aux ouvriers, de se porter du bouillon et de se faire chauffer des
serviettes; depuis deux heures qu'il ralait la-haut, le vieux aurait pu avaler vingt fois sa langue, sans que ses
enfants eussent pris seulement la peine de lui mettre un morceau de sucre dans le gosier.
Des coeurs secs,
disait M.
Gourd, des gens qui ne savaient pas se servir de leurs dix doigts, qui se seraient crus deshonores s'ils
avaient donne un lavement a un pere; tandis qu'Hippolyte, rencherissant encore, racontait la tete de madame,
la-haut, son air bete, ses bras ballants en face de ce pauvre monsieur, autour duquel les domestiques se
bousculaient.
Mais tous se turent, lorsqu'ils apercurent Duveyrier.
Eh bien? demanda celui-ci.
Le medecin pose des sinapismes a monsieur, repondit Hippolyte.
Oh! j'ai eu une peine pour le trouver!
En haut, dans le salon, madame Duveyrier vint a leur rencontre.
Elle avait beaucoup pleure, ses regards
brillaient sous ses paupieres rougies.
Le conseiller ouvrit les bras, plein de gene; et il l'embrassa, en
murmurant:
Ma pauvre Clotilde!
Surprise de cette effusion inaccoutumee, elle recula.
Octave etait demeure en arriere; mais il entendit le mari
ajouter a voix basse:
Pardonne-moi, oublions nos torts, dans cette triste circonstance....
Tu le vois, je te reviens, et pour
toujours....
Ah! je suis bien puni!
Elle ne repondit rien, se degagea.
Puis, reprenant devant Octave son attitude de femme qui veut ignorer:
Je ne vous aurais pas derange, mon ami, car je sais combien cette enquete sur l'affaire de la rue de Provence
est pressee.
Mais je me suis vue seule, j'ai senti votre presence necessaire....
Mon pauvre pere est perdu.
Entrez le voir, le docteur est aupres de lui.
Quand Duveyrier eut passe dans la chambre voisine, elle s'approcha d'Octave qui, pour se donner une
contenance, se tenait devant le piano.
L'instrument etait reste ouvert, le morceau de Zemire et Azor se trouvait
encore sur le pupitre; et il affectait de le dechiffrer.
La lampe n'eclairait toujours de sa lumiere douce qu'un
angle de la vaste piece.
Madame Duveyrier regarda un instant le jeune homme sans parler, tourmentee d'une
inquietude qui finit par la jeter hors de sa reserve habituelle.
Il etait la-bas? demanda-t-elle d'une voix breve.
Oui, madame.
Pot-bouille
X 126.
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