Pierre-Henri Simon, Théâtre et Destin

Parties du programme abordées :    - Le théâtre.    - Le spectacle en général.    Conseils pratiques : Le plus délicat dans ce résumé est le traitement des exemples, nombreux (citations, etc.) : on veillera à effectuer une synthèse. Il importe dans la discussion de sortir du théâtre et d'aborder tous les lieux où peut se manifester l'émotion collective.    Difficulté du sujet : **    Sujet    Contraction de texte    La présence au théâtre est à triple sens : il faut, sur la scène, la présence réciproque des acteurs ; puis, de la scène à la salle, la présence de l'acteur au public ; enfin, de la salle à la scène, la présence du spectateur au spectacle. C'est seulement dans le cas 5 où ce triple système de liens est fortement tissé que la représentation est parfaite. Elle réalise alors un état de communion.    Tous les acteurs conscients de leur métier ont insisté sur le fait que la résonance sentimentale du public est condition de 10 leur jeu, que l'émotion de la foule est l'air qui les soutient pour voler aux cimes de leur art. Le trac que ressentent souvent les plus grands avant le lever de rideau est fait en partie de cette inquiétude : que vaut la salle ? est-elle bien ? va-t-elle suivre ? « Vous ne savez pas, a écrit Jouvet(1), le frémissement voluptueux que donne l'entonnoir d'une salle de théâtre toute enduite 15 d'humanité, cette amplification de sensibilité, cet émoi dont on ne sait plus s'il est fait de tendresse ou d'horreur, lorsque le rideau se lève enfin dans le silence. « Jean Vilar (1) va plus loin, et il appelle, pour porter le jeu à sa perfection, un public « croyant unanimement à quelque chose «. Nul doute que le théâtre ne soit 20 par définition un art collectif ; il l'est même doublement, parce qu'il est difficile d'imaginer une pièce à un seul acteur (s'il est seul sur le plateau, au moins faut-il que ce qu'il dit ou ce qu'il entend suggère autour de lui des présences mystérieuses ou lointaines, comme c'est le cas avec La Voix humaine de Cocteau (2) 25 ou, par d'autres moyens, avec L'Œuf de Félicien Marcau (2), et surtout parce qu'on n'imagine pas un spectacle dramatique conçu pour un spectateur unique. Quand Louis de Bavière (3) se paya le luxe de faire jouer une troupe pour lui seul dans une salle vide, on comprit qu'il était fou. L'émotion propre au théâtre 30 est collective ; elle suppose mais surtout elle accentue une communion. Celle-ci est obtenue par des moyens de nature fort différente. Bien sûr, le texte et les idées qu'il porte, l'intrigue et les situations qu'elle crée, appelant les mêmes états de conscience et soulevant les mêmes passions chez les spectateurs, 35 sont les facteurs principaux de la communion. Mais il en est d'autres, d'un caractère physique ou physiologique même, qui sont d'une si grande efficacité que l'on doit les tenir comme immanents à la nature du spectacle. Dans un amphithéâtre ou dans une salle où des centaines ou des milliers de personnes 40 non seulement regardent et entendent ensemble mais respirent ensemble, il se crée une communauté par la contagion et par les rythmes du corps. Jouvet disait qu'un texte « est d'abord une respiration «. Le souffle créateur du poète a donné à la phrase dramatique un rythme, une ampleur, une intensité de choc. La 45 voix de l'acteur la porte, la communique par une sorte de mimétisme au public, et le public la reçoit comme le battement d'une mesure auquel sa propre respiration obéit. D'ailleurs, l'éclairage particulier au théâtre, en attirant les regards sur un 5q même point, contribue à créer l'obsession des images inventées par l'auteur, concertées par le metteur en scène et incarnées par les acteurs. Ainsi, le spectateur se voit-il imposer un monde différent du sien et où il est projeté avec une foule ; le mouvement de sa vie intérieure lui échappe pour s'accorder à un 55 rythme collectif.    Pierre-Henri Simon, Théâtre et Destin, 1959.    (1) Acteur et metteur en scène du XXe siècle.    (2) Auteur dramatique du XXe siècle.    (3) Roi de Bavière (1845-1886).    Résumé (8 points)    Vous ferez de ce texte un résumé de 160 mots ; une marge de 10 %, en plus ou en moins, est admise. Vous indiquerez à la fin de votre résumé le nombre exact de mots employés.    Vocabulaire (2 points)    Expliquez le sens dans le texte de :    - « la résonance sentimentale du public « (ligne 9),    - « par une sorte de mimétisme « (lignes 46-47).    Discussion (10 points)    Le théâtre n'est pas le seul lieu où s'éprouve une « émotion collective « à notre époque. Vous direz dans une argumentation logique et à l'aide d'exemples précis quelles réflexions vous inspirent cet état et les comportements qu'il peut entraîner.