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Phèdre THESEE Non, Madame, en mon sang ma main n'a point trempé ; Mais l'ingrat toutefois ne m'est point échappé.

Publié le 12/04/2014

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Phèdre THESEE Non, Madame, en mon sang ma main n'a point trempé ; Mais l'ingrat toutefois ne m'est point échappé. Une immortelle main de sa perte est chargée. Neptune me la doit, et vous serez vengée. PHEDRE Neptune vous la doit ! Quoi ? vos voeux irrités... THESEE Quoi ! craignez-vous déjà qu'ils ne soient écoutés ? Joignez-vous bien plutôt à mes voeux légitimes. Dans toute leur noirceur retracez-moi ses crimes ; Echauffez mes transports trop lents, trop retenus. Tous ses crimes encor ne vous sont pas connus ; Sa fureur contre vous se répand en injures ; Votre bouche, dit-il, est pleine d'impostures ; Il soutient qu'Aricie a son coeur, a sa foi, Qu'il aime. PHEDRE Quoi, Seigneur ! THESEE Il l'a dit devant moi. Mais je sais rejeter un frivole artifice. Espérons de Neptune une prompte justice. Je vais moi-même encore, au pied de ses autels, Le presser d'accomplir ses serments immortels. SCENE VPHEDRE PHEDRE SCENE VPHEDRE 45 Phèdre Il sort. Quelle nouvelle a frappé mon oreille ? Quel feu mal étouffé dans mon coeur se réveille ? Quel coup de foudre, ô ciel ! et quel funeste avis ! Je volais toute entière au secours de son fils ; Et m'arrachant des bras d'OEnone épouvantée, Je cédais au remords dont j'étais tourmentée. Qui sait même où m'allait porter ce repentir ? Peut-être à m'accuser j'aurais pu consentir ; Peut-être, si la voix ne m'eût été coupée, L'affreuse vérité me serait échappée. Hippolyte est sensible, et ne sent rien pour moi ! Aricie a son coeur ! Aricie a sa foi Ah, dieux ! Lorsqu'à mes voeux l'ingrat inexorable S'armait d'un oeil si fier, d'un front si redoutable, Je pensais qu'à l'amour son coeur toujours fermé Fût contre tout mon sexe également armé. Une autre cependant a fléchi son audace ; Devant ses yeux cruels une autre a trouvé grâce. Peut-être a-t-il un coeur facile à s'attendrir. Je suis le seul objet qu'il ne saurait souffrir ; Et je me chargerais du soin de le défendre ? SCENE VIPHEDRE, OENONE PHEDRE Chère OEnone, sais-tu ce que je viens d'apprendre ? OENONE Non ; mais je viens tremblante, à ne vous point mentir. J'ai pâli du dessein qui vous a fait sortir ; J'ai craint une fureur à vous-même fatale. PHEDRE OEnone, qui l'eût cru ? j'avais une rivale. SCENE VIPHEDRE, OENONE 46

« Il sort.

Quelle nouvelle a frappé mon oreille ? Quel feu mal étouffé dans mon coeur se réveille ? Quel coup de foudre, ô ciel ! et quel funeste avis ! Je volais toute entière au secours de son fils ; Et m'arrachant des bras d'OEnone épouvantée, Je cédais au remords dont j'étais tourmentée.

Qui sait même où m'allait porter ce repentir ? Peut-être à m'accuser j'aurais pu consentir ; Peut-être, si la voix ne m'eût été coupée, L'affreuse vérité me serait échappée.

Hippolyte est sensible, et ne sent rien pour moi ! Aricie a son coeur ! Aricie a sa foi Ah, dieux ! Lorsqu'à mes voeux l'ingrat inexorable S'armait d'un oeil si fier, d'un front si redoutable, Je pensais qu'à l'amour son coeur toujours fermé Fût contre tout mon sexe également armé.

Une autre cependant a fléchi son audace ; Devant ses yeux cruels une autre a trouvé grâce.

Peut-être a-t-il un coeur facile à s'attendrir.

Je suis le seul objet qu'il ne saurait souffrir ; Et je me chargerais du soin de le défendre ? SCENE VI\24PHEDRE, OENONE PHEDRE Chère OEnone, sais-tu ce que je viens d'apprendre ? OENONE Non ; mais je viens tremblante, à ne vous point mentir.

J'ai pâli du dessein qui vous a fait sortir ; J'ai craint une fureur à vous-même fatale.

PHEDRE OEnone, qui l'eût cru ? j'avais une rivale.

Phèdre SCENE VI\24PHEDRE, OENONE 46. »

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