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« Pendant que le baron de Sauve fait son service au Louvre, la baronne est avec un muguet de ses amis, dans ne maison proche de la Croix-des-Petits-Champs, vers Saint-Honoré ; le baron de Sauve reconnaîtra la maison à une croix rouge qui sera faite sur la muraille.

Publié le 04/11/2013

Extrait du document

« Pendant que le baron de Sauve fait son service au Louvre, la baronne est avec un muguet de ses amis, dans ne maison proche de la Croix-des-Petits-Champs, vers Saint-Honoré ; le baron de Sauve reconnaîtra la maison à une croix rouge qui sera faite sur la muraille. » - Eh bien ? demanda Maurevel. - Faites une seconde copie de cette lettre, dit Catherine. Maurevel obéit passivement. - Maintenant, dit la reine, faites remettre une de ces lettres par un homme adroit au baron de Sauve, et que cet homme laisse tomber l'autre dans les corridors du Louvre. - Je ne comprends pas, dit Maurevel. Catherine haussa les épaules. - Vous ne comprenez pas qu'un mari qui reçoit une pareille lettre se fâche ? - Mais il me semble, madame, que du temps du roi de Navarre il ne se fâchait pas. - Tel qui passe des choses à un roi ne les passe peut-être pas à un simple galant. D'ailleurs, s'il ne se fâche pas, vous vous fâcherez pour lui, vous. - Moi ? - Sans doute. Vous prenez quatre hommes, six hommes s'il le faut, vous vous masquez, vous enfoncez la porte, comme si vous étiez les envoyés du baron, vous surprenez les amants au milieu de leur tête-à-tête, vous frappez au nom du roi ; et le lendemain le billet perdu dans le corridor du Louvre, et trouvé par quelque âme charitable qui l'a déjà fait circuler, atteste que c'est le mari qui s'est vengé. Seulement, le hasard a fait que le galant était le roi de Navarre ; mais qui pouvait deviner cela, quand chacun le croyait à Pau ? Maurevel regarda avec admiration Catherine, s'inclina et sortit. En même temps que Maurevel sortait de l'hôtel de Soissons, madame de Sauve entrait dans la petite maison de la Croix-des-Petits-Champs. Henri l'attendait la porte entrouverte. Dès qu'il l'aperçut dans l'escalier : - Vous n'avez pas été suivie ? dit-il. - Mais non, dit Charlotte, que je sache, du moins. - C'est que je crois l'avoir été, dit Henri, non seulement cette nuit, mais encore ce soir. - Oh ! mon Dieu ! dit Charlotte, vous m'effrayez, Sire ; si un bon souvenir donné par vous à une ancienne amie allait tourner à mal pour vous, je ne m'en consolerais pas. - Soyez tranquille, ma mie, dit le Béarnais, nous avons trois épées qui veillent dans l'ombre. - Trois, c'est bien peu, Sire. - C'est assez quand ces épées s'appellent de Mouy, Saucourt et Barthélemy. - De Mouy est donc avec vous à Paris ? - Sans doute. - Il a osé revenir dans la capitale ? Il a donc, comme vous, quelque pauvre femme folle de lui ? - Non, mais il a un ennemi dont il a juré la mort. Il n'y a que la haine, ma chère, qui fasse faire autant de sottises que l'amour. - Merci, Sire. - Oh ! dit Henri, je ne dis pas cela pour les sottises présentes, je dit cela pour les sottises passées et à venir. Mais ne discutons pas là-dessus, nous n'avons pas de temps à perdre. - Vous partez donc toujours ? - Cette nuit. - Les affaires pour lesquelles vous étiez revenu à Paris sont donc terminées ? - Je n'y suis revenu que pour vous. - Gascon ! - Ventre-saint-Gris ! ma mie, je dis la vérité ; mais écartons ces souvenirs : j'ai encore deux ou trois heures à être heureux, et puis une séparation éternelle. - Ah ! Sire, dit madame de Sauve, il n'y a d'éternel que mon amour. Henri venait de dire qu'il n'avait pas le temps de discuter, il ne discuta donc point ; il crut, ou, le sceptique qu'il était, il fit semblant de croire. Cependant, comme l'avait dit le roi de Navarre, de Mouy et ses deux compagnons étaient cachés aux environs de la maison. Il était convenu que Henri sortirait à minuit de la petite maison au lieu d'en sortir à trois heures ; qu'on irait comme la veille reconduire madame de Sauve au Louvre, et que de là on irait rue de la Cerisaie, où demeurait Maurevel. C'était seulement pendant la journée qui venait de s'écouler que de Mouy avait enfin eu notion certaine de la maison qu'habitait son ennemi. Ils étaient là depuis une heure à peu près, lorsqu'ils virent un homme, suivi à quelques pas de cinq autres, qui s'approchait de la porte de la petite maison, et qui, l'une après l'autre, essayait plusieurs clefs. À cette vue, de Mouy, caché dans l'enfoncement d'une porte voisine, ne fit qu'un bond de sa cachette à cet homme, et le saisit par le bras. - Un instant, dit-il, on n'entre pas là. L'homme fit un bond en arrière, et en bondissant son chapeau tomba. - De Mouy de Saint-Phale ! s'écria-t-il. - Maurevel ! hurla le huguenot en levant son épée. Je te cherchais ; tu viens au-devant de moi, merci ! Mais la colère ne lui fit pas oublier Henri ; et se retournant vers la fenêtre, il siffla à la manière des pâtres éarnais. - Cela suffira, dit-il à Saucourt. Maintenant, à moi, assassin ! à moi ! Et il s'élança vers Maurevel. Celui-ci avait eu le temps de tirer de sa ceinture un pistolet. - Ah ! cette fois, dit le Tueur de Roi en ajustant le jeune homme, je crois que tu es mort. Et il lâcha le coup. Mais de Mouy se jeta à droite, et la balle passa sans l'atteindre. - À mon tour maintenant, s'écria le jeune homme. Et il fournit à Maurevel un si rude coup d'épée que, quoique ce coup atteignît sa ceinture de cuir, la pointe acérée traversa l'obstacle et s'enfonça dans les chairs. L'assassin poussa un cri sauvage qui accusait une si profonde douleur que les sbires qui l'accompagnaient le rurent frappé à mort et s'enfuirent épouvantés du côté de la rue Saint-Honoré. Maurevel n'était point brave. Se voyant abandonné par ses gens et ayant devant lui un adversaire comme de ouy, il essaya à son tour de prendre la fuite, et se sauva par le même chemin qu'ils avaient pris, en criant : « À 'aide ! » De Mouy, Saucourt et Barthélemy, emportés par leur ardeur, les poursuivirent. Comme ils entraient dans la rue de Grenelle, qu'ils avaient prise pour leur couper le chemin, une fenêtre 'ouvrait et un homme sautait du premier étage sur la terre fraîchement arrosée par la pluie. C'était Henri. Le sifflement de De Mouy l'avait averti d'un danger quelconque, et ce coup de pistolet, en lui indiquant que le anger était grave, l'avait attiré au secours de ses amis. Ardent, vigoureux, il s'élança sur leurs traces l'épée à la main. Un cri le guida : il venait de la barrière des Sergents. C'était Maurevel, qui, se sentant pressé par de Mouy, ppelait une seconde fois à son secours ses hommes emportés par la terreur. Il fallait se retourner ou être poignardé par derrière. Maurevel se retourna, rencontra le fer de son ennemi, et presque aussitôt lui porta un coup si habile que son écharpe en fut traversée. Mais de Mouy riposta aussitôt. L'épée s'enfonça de nouveau dans la chair qu'elle avait déjà entamée, et un double jet de sang s'élança par une double plaie. - Il en tient ! cria Henri, qui arrivait. Sus ! sus, de Mouy ! De Mouy n'avait pas besoin d'être encouragé. Il chargea de nouveau Maurevel ; mais celui-ci ne l'attendit point. Appuyant sa main gauche sur sa blessure, il reprit une course désespérée. - Tue-le vite ! tue-le ! cria le roi ; voici ses soldats qui s'arrêtent, et le désespoir des lâches ne vaut rien pour les braves. Maurevel, dont les poumons éclataient, dont la respiration sifflait, dont chaque haleine chassait une sueur sanglante, tomba tout à coup d'épuisement ; mais aussitôt il se releva, et, se retournant sur un genou, il présenta la pointe de son épée à de Mouy. - Amis ! amis ! cria Maurevel, ils ne sont que deux. Feu, feu sur eux ! En effet, Saucourt et Barthélemy s'étaient égarés à la poursuite de deux sbires qui avaient pris par la rue des Poulies, et le roi et de Mouy se trouvaient seuls en présence de quatre hommes. - Feu ! continuait de hurler Maurevel, tandis qu'un de ses soldats apprêtait effectivement son poitrinal. - Oui, mais auparavant, dit de Mouy, meurs, traître, meurs, misérable, meurs damné comme un assassin ! Et saisissant d'une main l'épée tranchante de Maurevel, de l'autre il plongea la sienne du haut en bas dans la poitrine de son ennemi, et cela avec tant de force qu'il le cloua contre terre. - Prends garde ! prends garde ! cria Henri. De Mouy fit un bond en arrière, laissant son épée dans le corps de Maurevel, car un soldat l'ajustait et allait le tuer à bout portant. En même temps Henri passait son épée au travers du corps du soldat, qui tomba près de Maurevel en jetant un cri. Les deux autres soldats prirent la fuite. - Viens ! de Mouy, viens ! cria Henri. Ne perdons pas un instant ; si nous étions reconnus, ce serait fait de nous. - Attendez, Sire ; et mon épée, croyez-vous que je veuille la laisser dans le corps de ce misérable ? Et il s'approcha de Maurevel gisant et en apparence sans mouvement ; mais au moment où de Mouy mettait la main à la garde de cette épée, qui effectivement était restée dans le corps de Maurevel, celui-ci se releva armé du poitrinal que le soldat avait lâché en tombant, et à bout portant il lâcha le coup au milieu de la poitrine de De Mouy. Le jeune homme tomba sans même pousser un cri ; il était tué raide. Henri s'élança sur Maurevel ; mais il était tombé à son tour, et son épée ne perça plus qu'un cadavre. Il fallait fuir, le bruit avait attiré un grand nombre de personnes, la garde de nuit pouvait venir. Henri chercha parmi les curieux attirés par le bruit une figure, une connaissance, et tout à coup poussa un cri de joie. Il venait de reconnaître maître La Hurière. Comme la scène se passait au pied de la croix du Trahoir, c'est-à-dire en face de la rue de l'Arbre-Sec, notre

« L’homme fitun bond enarrière, eten bondissant sonchapeau tomba. – De Mouy deSaint-Phale !s’écria-t-il. – Maurevel !hurla lehuguenot enlevant sonépée.

Jetecherchais ; tuviens au-devant demoi, merci ! Mais lacolère nelui fitpas oublier Henri ;etse retournant verslafenêtre, ilsiffla àla manière despâtres béarnais.

–Cela suffira, dit-ilàSaucourt.

Maintenant, àmoi, assassin !à moi !Et ils’élança versMaurevel. Celui-ci avaiteuletemps detirer desaceinture unpistolet. – Ah !cette fois,ditleTueur deRoi enajustant lejeune homme, jecrois quetuesmort. Et illâcha lecoup.

MaisdeMouy sejeta àdroite, etlaballe passa sansl’atteindre. – À mon tourmaintenant, s’écrialejeune homme.

Etilfournit àMaurevel unsirude coup d’épée que, quoique cecoup atteignît saceinture decuir, lapointe acéréetraversa l’obstacle ets’enfonça dansleschairs. L’assassin poussauncrisauvage quiaccusait unesiprofonde douleurquelessbires quil’accompagnaient le crurent frappéàmort ets’enfuirent épouvantés ducôté delarue Saint-Honoré. Maurevel n’étaitpointbrave.

Sevoyant abandonné parsesgens etayant devant luiun adversaire commede Mouy, ilessaya àson tour deprendre lafuite, etse sauva parlemême chemin qu’ilsavaient pris,encriant : « À l’aide !» De Mouy, Saucourt etBarthélemy, emportésparleur ardeur, lespoursuivirent. Comme ilsentraient danslarue deGrenelle, qu’ilsavaient prisepourleurcouper lechemin, unefenêtre s’ouvrait etun homme sautaitdupremier étagesurlaterre fraîchement arroséeparlapluie. C’était Henri. Le sifflement deDe Mouy l’avait avertid’undanger quelconque, etce coup depistolet, enlui indiquant quele danger étaitgrave, l’avaitattiréausecours deses amis. Ardent, vigoureux, ils’élança surleurs traces l’épéeàla main. Un crileguida : ilvenait delabarrière desSergents.

C’étaitMaurevel, qui,sesentant pressépardeMouy, appelait uneseconde foisàson secours seshommes emportés parlaterreur. Il fallait seretourner ouêtre poignardé parderrière. Maurevel seretourna, rencontra lefer deson ennemi, etpresque aussitôtluiporta uncoup sihabile queson écharpe enfut traversée.

MaisdeMouy riposta aussitôt. L’épée s’enfonça denouveau danslachair qu’elle avaitdéjàentamée, etun double jetdesang s’élança par une double plaie. – Il en tient !cria Henri, quiarrivait.

Sus!sus, deMouy !De Mouy n’avait pasbesoin d’êtreencouragé.

Il chargea denouveau Maurevel ; maiscelui-ci nel’attendit point.Appuyant samain gauche sursablessure, il reprit unecourse désespérée. – Tue-le vite!tue-le !cria leroi ; voici sessoldats quis’arrêtent, etledésespoir deslâches nevaut rienpour les braves. Maurevel, dontlespoumons éclataient, dontlarespiration sifflait,dontchaque haleine chassait unesueur sanglante, tombatoutàcoup d’épuisement ; maisaussitôt ilse releva, et,seretournant surungenou, ilprésenta la pointe deson épée àde Mouy. – Amis !amis !cria Maurevel, ilsne sont quedeux.

Feu,feusur eux ! En effet, Saucourt etBarthélemy s’étaientégarésàla poursuite dedeux sbires quiavaient prisparlarue des Poulies, etleroi etde Mouy setrouvaient seulsenprésence dequatre hommes. – Feu !continuait dehurler Maurevel, tandisqu’undeses soldats apprêtait effectivement sonpoitrinal. – Oui, mais auparavant, ditdeMouy, meurs, traître, meurs,misérable, meursdamné comme unassassin ! Et saisissant d’unemainl’épée tranchante deMaurevel, del’autre ilplongea lasienne duhaut enbas dans la poitrine deson ennemi, etcela avec tantdeforce qu’illecloua contre terre. – Prends garde!prends garde!cria Henri.

DeMouy fitun bond enarrière, laissant sonépée dans lecorps de Maurevel, carunsoldat l’ajustait etallait letuer àbout portant.

Enmême tempsHenripassait sonépée au travers ducorps dusoldat, quitomba prèsdeMaurevel enjetant uncri.

Les deux autres soldats prirentlafuite. – Viens !de Mouy, viens!cria Henri.

Neperdons pasuninstant ; sinous étions reconnus, ceserait faitde nous.

–Attendez, Sire ;etmon épée, croyez-vous quejeveuille lalaisser danslecorps decemisérable ? Et ils’approcha deMaurevel gisanteten apparence sansmouvement ; maisaumoment oùdeMouy mettait la main àla garde decette épée, quieffectivement étaitrestée danslecorps deMaurevel, celui-cisereleva armé du poitrinal quelesoldat avaitlâché entombant, etàbout portant illâcha lecoup aumilieu delapoitrine deDe Mouy.

Lejeune homme tombasansmême pousser uncri ; ilétait tuéraide. Henri s’élança surMaurevel ; maisilétait tombé àson tour, etson épée neperça plusqu’un cadavre. Il fallait fuir,lebruit avaitattiré ungrand nombre depersonnes, lagarde denuit pouvait venir.Henri chercha parmilescurieux attirésparlebruit unefigure, uneconnaissance, ettout àcoup poussa uncridejoie. Il venait dereconnaître maîtreLaHurière. Comme lascène sepassait aupied delacroix duTrahoir, c’est-à-dire enface delarue del’Arbre-Sec, notre. »

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