pendant les longues nuits silencieuses, et de se rouler sur la paille, aux sons joyeux d'une lourde chaîne.
Publié le 15/12/2013
Extrait du document
«
me
rouler surlaterre, enm’arrachant lescheveux avecdescrisdejoie ! Ilsne sedoutaient
guère qu’ilsl’avaient mariéeàun fou.
« Un moment… S’ilsl’avaient su,aurait-elle étésauvée ? Lebonheur d’unesœurcontre l’orde
son mari ? Leplus léger duvet quivole dans l’aircontre lasuperbe chaînequiorne moncorps !
« Sur unpoint, cependant, jefus trompé, malgrétoutemamalice.
Sije n’avais pasétéfou… car,
nous autres fous,quoique noussoyons assezrusés, nousnousembrouillons quelquefois… sije
n’avais pasétéfou, jeme serais aperçu quelajeune filleaurait mieux aiméêtreplacée, roideet
froide, dansuncercueil deplomb, qued’être amenée, richeetnoble mariée, dansmamaison
fastueuse.
J’auraissuque soncœur étaitaveclejeune homme auxyeux noirs, dontjelui ai
entendu murmurer lenom pendant sonsommeil agité ;j’aurais suqu’elle m’était sacrifiée pour
secourir lapauvreté deson père auxcheveux blancs,etde ses frères orgueilleux.
« Je neme rappelle pluslesvisages maintenant, maisjesais que lajeune filleétait belle.
Jele
sais, carpendant lesnuits oùlalune brille, quand jeme réveille ensursaut etque tout est
tranquille autourdemoi, jevois dans uncoin decette cellule unefigure maigre etblanche, qui
se tient immobile etsilencieuse.
Seslongs cheveux noirs,éparssurses épaules, nesont jamais
agités parlevent.
Sesyeux, quifixent surmoi leur regard brûlant, neclignent jamais,etne se
ferment jamais…Silence ! monsang segèle dans moncœur, enécrivant ceci.Cette figure, c’est
elle !… Sonvisage esttrès-pâle etses prunelles sontvitreuses ; maisjelaconnais bien…Cette
figure nebouge jamais, ellenefronce pointsessourcils, ellenegrince pasdes dents comme les
autres fantômes quipeuplent souventmacellule ; etcependant elleestbien plusaffreuse pour
moi quetous lesautres ; elleestplus affreuse quelesesprits quime tentaient jadis ;ellesort
de satombe, etlamort estsur son visage.
« Pendant prèsd’un anjevis les couleurs deses joues seternir dejour enjour ; pendant près
d’un anjevis des larmes silencieuses coulerdeses yeux battus.
Jen’en savais paslacause, mais
je ladécouvris àla fin.
Ilsne purent pasmelacacher pluslongtemps.
Ellenem’avait jamais
aimé ; jen’avais paspensé qu’elle m’aimât.
Elleméprisait mesrichesses, etdétestait la
splendeur oùelle vivait ; jene m’étais pasattendu àcela.
Elleenaimait unautre ; cetteidéene
m’était pasentrée danslatête.
D’étranges sentiments s’emparèrent demoi ; despensées
inspirées parquelque pouvoirsecretbouleversèrent macervelle.
Jene lahaïssais pas,quoique
je haïsse lejeune homme qu’ellepleurait encore.J’avaispitié…oui,j’avais pitiédelavie
misérable àlaquelle seségoïstes parentsl’avaient condamnée.
Jesavais qu’elle nevivrait pas
longtemps, maislapensée qu’avant samort ellepouvait donnernaissance àun être infortuné
destiné àtransmettre lafolie àses enfants… Cettepensée medétermina… Jerésolus delatuer.
« Pendant plusieurssemaines jevoulus lanoyer ; puisjesongeai aupoison, puisaufeu.
Quel
beau spectacle, devoir lagrande maison toutenflammes, etlafemme dufou réduite en
cendres ! Quellebonnecharge depromettre, pourlasauver, unegrande récompense, et
ensuite defaire pendre, commeincendiaire, quelquehommesageetinnocent ! ettout celapar
la malice d’unfou.J’yrêvais souvent, maisj’yrenonçai àla fin.
Oh ! quel plaisir derepasser tous
les jours lerasoir, d’essayer commeilétait bienaffilé etde penser àl’entaille quepourrait faire
un seul coup decette lamebrillante !
« À lafin les esprits quiavaient étésisouvent avecmoiauparavant, chuchotèrent dansmon
oreille queletemps étaitvenu.
Ilsme mirent unrasoir toutouvert danslamain ; jeleserrai
avec force ; jeme levai doucement dulitet me penchai surma femme endormie.
Sonvisage
était caché danssesmains ; jeles écartai doucement, etelles tombèrent nonchalamment sur
son sein.
Elleavait pleuré, lestraces deses larmes étaient encorevisibles surses joues pâles ;
cependant sonvisage étaitcalme etheureux, ettandis quejelaregardais, untranquille sourire
éclairait sestraits amaigris.
Jeposai doucement mamain surson épaule ; elletressaillit, mais
sans entr’ouvrir seslongues paupières.
Jelatouchai denouveau : ellepoussa uncriets’éveilla.
« Un mouvement dema main, etelle n’aurait jamaisfaitentendre unautre son ;maisjefus.
»
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