Paul Valéry, décelant en Baudelaire l'âme d'un classique, écrivait en 1924 (Variété II, Gallimard) : «Classique est l'écrivain qui porte un critique en soi-même et qui l'associe intimement à ses travaux... qu'était-ce après tout que de choisir dans le romantisme et que de discerner en lui un bien et un mal, un faux et un vrai, des faiblesses et des vertus, sinon faire à l'égard des auteurs de la première moitié du XIXe siècle ce que les hommes du temps de Louis XIV ont fait à l'égard d
Publié le 02/03/2011
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Paul Valéry, décelant en Baudelaire l'âme d'un classique, écrivait en 1924 (Variété II, Gallimard) : «Classique est l'écrivain qui porte un critique en soi-même et qui l'associe intimement à ses travaux... qu'était-ce après tout que de choisir dans le romantisme et que de discerner en lui un bien et un mal, un faux et un vrai, des faiblesses et des vertus, sinon faire à l'égard des auteurs de la première moitié du XIXe siècle ce que les hommes du temps de Louis XIV ont fait à l'égard des auteurs du XVIe siècle ? Tout classicisme suppose un romantisme antérieur... Le classique implique des actes volontaires et réfléchis qui modifient une production «naturelle«, conformément à une conception claire et rationnelle de l'homme et de l'art... Les romantiques avaient négligé tout ou presque tout ce qui demande à la pensée une attention et une suite un peu pénibles. Ils recherchaient les effets de choc, d'entraînement et de contraste. La mesure, ni la rigueur, ni la profondeur ne les tourmentaient à l'excès. Ils répugnaient à la réflexion abstraite et au raisonnement, et non seulement dans leurs œuvres, mais encore dans la préparation de leurs œuvres, - ce qui est infiniment plus grave.« Que pensez-vous de ce jugement sur l'attitude de l'écrivain classique comparée à celle de l'écrivain romantique ?
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- Paul Valéry écrit dans le Préambule pour le Catalogue
- «Un long avenir se préparait pour (la culture française) du XVIIe (siècle). Même encore au temps du romantisme, les œuvres classiques continuent à bénéficier d'une audience considérable ; l'époque qui les a vu naître bénéficie au premier chef du progrès des études historiques ; l'esprit qui anime ses écrivains, curiosité pour l'homme, goût d'une beauté harmonieuse et rationnelle, continue à inspirer les créatures. Avec cette esthétique une autre ne pourra véritablement entrer en concur
- Classique est l'écrivain qui porte une critique de soi-même, et qui l'associe intimement à ses travaux. Variété, Situation de Baudelaire Valéry, Paul. Commentez cette citation.
- Après avoir, dans son Siècle de Louis XIV, vanté les principaux auteurs de ce temps, Voltaire ajoute: La Fontaine, bien moins châtié dans son style, bien moins correct dans son langage, mais unique dans sa naïveté et dans les grâces qui lui sont propres, se mit, par les choses les plus simples, presque à côté de ces hommes sublimes. Que pensez-vous de ce jugement ?
- « Toutes les nouveautés durables de la première moitié du XIXe siècle, en poésie, en histoire, en critique, ont reçu de Chateaubriand ou la première inspiration ou l'impulsion définitive» (Nisard). Commentez et discutez. On ne saurait suspecter Nisard de tendresse pour tout ce qui touchait au mouvement romantique. Classique plein de prévention, il jugeait avec sévérité toutes les nouveautés de son temps. On n'en est que plus étonné de la clairvoyance du jugement qu'il porte sur l'influ