On trouva leurs corps roulés par le flot sur la plage avec les débris de leurs barques, et l'on vit pendant neuf jours, sur la route montueuse qui mène à l'église, des cercueils portés à bras et que suivaient des veuves pleurant, sous leur grande cape noire, comme des femmes de la Bible.
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
pauvre
insensé.
Ilse rendit aveclebedeau etdeux fabriciens àl'endroit oùl'enfant disaitavoirvuune croix, etilytrouva
deux planches garniesdeclous, quelamer avait longtemps rouléesetqui vraiment formaient unecroix.
C'étaient lesépaves d'unancien naufrage.
Ondistinguait encoresurune deces planches deuxlettres peintes ennoir, un
J.
et un L.,etl'on nepouvait douterquecene fût undébris delabarque deJean Lenoël, qui,cinq ansauparavant, avait
péri enmer avec sonfilsDésiré.
A cette vue,lebedeau etles fabriciens semirent àrire del'innocent.
quiprenait lesaisrompus d'unbateau pourlacroix
de Jésus−Christ.
MaisM.lecuré Truphème arrêtaleursmoqueries.
Ilavait beaucoup méditéetbeaucoup priédepuis la
venue parmilespêcheurs duChrist del'Océan, etlemystère delacharité infiniecommençait àlui apparaître.
Il
s'agenouilla surlesable, récital'oraison pourlesfidèles défunts, puisilordonna auxbedeaux etaux fabriciens deporter
cette épave surleurs épaules etde ladéposer dansl'église.
Quand cefut fait, ilsouleva leChrist dedessus l'autel, leposa surleplanches delabarque etl'y cloua lui−même, avecles
clous quelamer avait rongés.
Par son ordre, cettecroixprit,dèslelendemain, au−dessusdubanc d'oeuvre, laplace delacroix d'oretde pierreries.
Le
Christ del'Océan nes'en estjamais détaché.
Ilavoulu rester surcebois oùdes hommes sontmorts eninvoquant son
nom etlenom desamère.
Etlà, entrouvrant sabouche auguste etdouloureuse, ilsemble dire:"Macroix estfaite de
toutes lessouffrances deshommes, carjesuis véritablement leDieu despauvres etdes malheureux."
JEAN
MARTEAU
I
UN REVE
Comme onparlait dusommeil etdes songes, JeanMarteau ditqu'un rêveavait laissé uneimpression ineffaçable dansson
cerveau.
"Était−il prophétique? demandaM.Goubin.
Ce rêve, répondit JeanMarteau, n'arien deremarquable ensoi, pasmême sonincohérence.
Maisj'yaiperçu desimages
avec uneacuité douloureuse quin'est comparable àrien.
Rienaumonde, rienneme futjamais aussiprésent, aussi
sensible quelesvisions decerêve.
C'estparlàqu'il estintéressant.
Ilm'a faitcomprendre lesillusions desmystiques.
Si
l'esprit scientifique m'avaitfaitdéfaut, jel'aurais certainement prisJEAN MARTEAU
54
Crainquebille, Putois,Riquetetplusieurs autresrécitsprofitables pouruneapocalypse etune révélation, etj'y aurais
cherché lesprincipes dema conduite etles règles dema vie.
Jedois vous direquejefis cerêve dans descirconstances
particulières.
C'étaitauprintemps de1895 ;j'avais vingtans.Nouveau venuàParis, jetraversais destemps difficiles.
Cette nuit−là jem'étais étendudansuntaillis desbois deVersailles, sansavoir mangé depuisvingt−quatre heures.Jene
souffrais pas.J'étais dansunétat dedouceur etd'allégeance, traverséparmoments d'uneimpression d'inquiétude.
Etil
me semblait quejene dormais nine veillais.
Unepetite fille,unetoute petite fille,encapeline bleueeten tablier blanc,
marchait surdes béquilles dansuneplaine, aucrépuscule.
Sesbéquilles, àchaque pasqu'elle faisait,s'allongeaient etla
soulevaient commedeséchasses.
Ellesdevinrent bientôtplushautes quelespeupliers quibordaient larivière.
Une
femme, quivitma surprise, medit: "Vous nesavez doncpasque lesbéquilles poussent auprintemps? Maisilya des
moments oùleur croissance estd'une rapidité effrayante."
"Un homme, dontjene pus voir levisage, ajouta: "C'estl'heure climatérique!"
"Alors, avecunbruit faible etmystérieux quim'effraya, lesherbes semirent àmonter autourdemoi.
Jeme levai et
gagnai uneplaine couverte deplantes pâles,cotonneuses etmortes.
J'yrencontrai Vernaux,leseul amique j'eusse à
Paris, oùilvivait aussimisérablement quemoi.
Nous marchâmes longtempscôteàcôte, ensilence.
Dansleciel, les
étoiles énormes etsans rayonnements étaientcomme desdisques d'orpâle.
"J'en savais lacause etjel'expliquai àVernaux.
"C'estunphénomène d'optique,luidis−je.
Notreoeiln'est pasaupoint."
"Et jepoursuivis, avecunsoin minutieux etdes peines infinies, unedémonstration quireposait principalement sur
l'entière identitédel'oeil humain etde lalunette astronomique.
"Tandis quejeleraisonnais ainsi,Vernaux trouvaàterre, danslesherbes livides, unénorme chapeau noir,enforme de
melon, etàcôtes, avecungalon d'oretune boucle dediamants.
Ilme dit, enlemettant sursatête:
"C'est lechapeau dulord−maire.
Évidemment", luirépondis−je.
"Et jerepris madémonstration.
Elleétait siardue, quelasueur m'encoulait dufront.
Atout moment j'enperdais lefil, et
je recommençais indéfinimentcettephrase: "Lesgrands sauriens quinageaient dansleseaux chaudes desmers
primitives avaientl'oeilconstruit commeunelunette..."
"Je nem'arrêtai qu'enm'apercevant queVernaux avaitdisparu.
Jeleretrouvai bientôtdansunplide terrain.
Ilétait àla
broche, surunfeu debroussailles.
DesIndiens, lescheveux nouésausommet delatête, l'arrosaient avecunelongue
cuiller ettournaient labroche.
Vernaux meditd'une voixclaire: "Mélanie estvenue."
"Je m'aperçus seulement alorsqu'ilavait unetête etun cou depoulet.
Maisjene pensais plusqu'à trouver Mélanie que,
par illumination soudaine,jesavais êtrelaplus belle desfemmes.
Jecourus, etayant atteint l'oréed'unbois, jevis, àla
clarté delalune, uneforme blanche quifuyait.
Descheveux d'unroux magnifique coulaientsursanuque.
Unelueur.
»
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