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officieuses étaient bonnes, et nous mourûmes de peur lorsque les communiqués étaient mauvais.

Publié le 30/10/2013

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officieuses étaient bonnes, et nous mourûmes de peur lorsque les communiqués étaient mauvais. Chacun avait un secret qu'il confiait sans en mentionner la source. Notre mode de vie changea. Les salaires et les prix grimpèrent. Lorsqu'il fut question de rationnement, nous nous mîmes à acheter et à stocker de la nourriture. Des femmes du meilleur monde se foutaient sur la gueule pour la possession d'une boîte de tomates. Mais il n'y avait pas que cela. Il y avait de l'héroïsme aussi. Certains hommes, qui auraient pu ne pas faire la guerre, s'engageaient, et d'autres, objecteurs de conscience, gravissaient leur Golgotha, ce qui était bien naturel. Certains jetaient tout ce qu'ils possédaient dans la lutte car c'était la dernière, et, en la gagnant, nous pourrions l'extraire de la chair du monde comme une épine, et c'en serait fini avec une si horrible stupidité. Mourir sur le champ de bataille manque de dignité. La plupart du temps, cela se traduit par un écrabouillement de viande et de liquide humains, et l'ensemble est assez sale. Mais il y a une grande et presque douce dignité dans le chagrin, ce chagrin impuissant, désespéré, qui s'abat sur une famille à la réception du télégramme. Elle n'a rien à dire, rien à faire, un seul espoir lui est permis - j'espère qu'il n'a pas souffert - et c'est un atroce espoir que celui-là. Il est vrai que certains, lorsque leur chagrin s'émoussa, le remplacèrent par une sorte de fierté beaucoup plus arrogante et embarrassante. Certains même en tirèrent profit après la guerre. C'est très naturel, tout comme il est naturel qu'un homme dont le métier est de faire de l'argent en gagne avec la guerre. On ne blâmait pas un homme pour cela mais on attendait de lui qu'il investisse une partie de ses bénéfices en Bons de la Défense. A Salinas, nous croyions avoir tout inventé, même le chagrin.   Chapitre XLVII Dans la petite maison près de la boulangerie Reynaud, Lee et Adam fixèrent au mur une carte du front Ouest et y plantèrent des rangées d'épingles à tête colorée. Cela leur donnait l'impression de participer à la guerre. Lorsque Mr. Kelly mourut, on demanda à Adam Trask de le remplacer au Bureau de Recrutement. C'était l'homme qu'il fallait pour ce travail. Sa fabrique de glace ne l'occupait pas beaucoup et il avait d'honorables états de service. Adam Trask avait fait la guerre - une petite guerre de manoeuvres et de boucherie - mais enfin, il avait vécu cette expérience qui consiste à renverser les lois et à tuer autant d'hommes que l'on peut. Adam ne se rappelait pas très bien sa guerre. Certaines images étaient inscrites dans sa mémoire : un visage, un amas de corps brûlants, une charge de cavalerie sabre au clair, le son déchirant et irrégulier des salves de carabine, la voix aigre d'un clairon dans la nuit, mais c'étaient là des images statiques et froides, des illustrations mal dessinées. Adam accomplit sa tâche honnêtement et tristement. Il ne pouvait admettre d'envoyer de jeunes hommes au-devant de la mort. Et, comme il se savait faible, il devint de plus en plus sévère et de moins en moins ouvert aux excuses et aux motifs qui auraient pu entraîner une réforme. Il étudiait les listes chez lui, rendait visite aux parents, et en faisait plus que ce que l'on attendait de lui. Il se sentait dans la peau d'un juge qui aurait horreur des gibets. Henry Stanton observait Adam, sinistre et silencieux. Henry aimait le rire - il en avait besoin. Un collègue à triste mine le rendait malade. « Détendez-vous, dit-il un jour à Adam. On dirait que vous portez à vous seul tout le fardeau de la guerre. Vous n'êtes pas responsable. Votre travail consiste à suivre les règles établies. Obéissez-leur et détendez-vous. Vous ne dirigez pas la guerre. « Adam descendit le store de bois pour masquer le soleil de fin d'après-midi et fixa les yeux sur les ombres parallèles projetées sur son bureau. « Je le sais, dit-il avec lassitude, oh ! Je le sais. Où je suis troublé c'est lorsqu'il faut choisir, quand cela dépend de mon propre jugement. J'ai accepté le fils du juge Kendal et il a été tué à l'entraînement. - Cela ne vous regarde pas, Adam. Pourquoi ne buvez-vous pas quelques verres avant de vous coucher ? Allez donc au cinéma, cela vous changera les idées. (Henry enfila ses pouces dans les entournures de son gilet et se renversa dans son fauteuil.) Puisque nous en parlons, Adam, je me permets de vous dire que, malgré vos scrupules, les recrues ne s'en portent pas mieux. Je vous ai vu accepter des garçons que j'aurais réformés. - Je sais, dit Adam. Je me demande combien de temps cela va encore durer. « Henry lui lança un regard aigu, prit un crayon dans sa poche de gilet et en tapota ses incisives supérieures. « Je vois ce que vous voulez dire. « Adam, étonné, le regarda. « Et que veux-je dire ? demanda-t-il. - Je vous en prie. Pas de susceptibilité. Jusqu'ici, je ne m'étais jamais rendu compte de mon bonheur. Je n'ai que des filles. « Adam suivit du doigt une des ombres sur son bureau. « Oui, dit-il, d'une voix légère comme un soupir.

«   C hapitre XLVII Dans lapetite maison prèsdelaboulangerie Reynaud,LeeetAdam fixèrent aumur une carte dufront Ouest etyplantèrent desrangées d’épingles àtête colorée.

Celaleur donnait l’impression departiciper àla guerre.

Lorsque Mr.Kelly mourut, ondemanda à Adam Traskdeleremplacer auBureau deRecrutement.

C’étaitl’homme qu’ilfallait pour cetravail.

Safabrique deglace nel’occupait pasbeaucoup etilavait d’honorables états deservice. Adam Traskavaitfaitlaguerre –une petite guerre demanœuvres etde boucherie – mais enfin, ilavait vécucette expérience quiconsiste àrenverser leslois etàtuer autant d’hommes quel’on peut.

Adam neserappelait pastrès bien saguerre.

Certaines images étaient inscrites danssamémoire : unvisage, unamas decorps brûlants, unecharge de cavalerie sabreauclair, leson déchirant etirrégulier dessalves decarabine, lavoix aigre d’un clairon danslanuit, mais c’étaient làdes images statiques etfroides, des illustrations maldessinées. Adam accomplit satâche honnêtement ettristement.

Ilne pouvait admettre d’envoyer de jeunes hommes au-devant delamort.

Et,comme ilse savait faible, ildevint deplus en plus sévère etde moins enmoins ouvert auxexcuses etaux motifs quiauraient pu entraîner uneréforme.

Ilétudiait leslistes chezlui,rendait visiteauxparents, eten faisait plusqueceque l’on attendait delui.

Ilse sentait danslapeau d’unjugequiaurait horreur desgibets. Henry Stanton observait Adam,sinistre etsilencieux.

Henryaimait lerire –ilen avait besoin.

Uncollègue àtriste minelerendait malade. « Détendez-vous, dit-ilunjour àAdam.

Ondirait quevous portez àvous seultout le fardeau delaguerre.

Vousn’êtes pasresponsable.

Votretravail consiste àsuivre les règles établies.

Obéissez-leur etdétendez-vous.

Vousnedirigez paslaguerre. » Adam descendit lestore debois pour masquer lesoleil defin d’après-midi etfixa les yeux surlesombres parallèles projetéessurson bureau. « Je lesais, dit-il aveclassitude, oh !Jelesais.

Oùjesuis troublé c’estlorsqu’il faut choisir, quandceladépend demon propre jugement.

J’aiaccepté lefils dujuge Kendal et ilaété tué àl’entraînement. – Cela nevous regarde pas,Adam.

Pourquoi nebuvez-vous pasquelques verresavantde vous coucher ? Allezdoncaucinéma, celavous changera lesidées.

(Henry enfilases pouces danslesentournures deson gilet etse renversa danssonfauteuil.) Puisquenous en parlons, Adam,jeme permets devous direque, malgré vosscrupules, lesrecrues ne s’en portent pasmieux.

Jevous aivu accepter desgarçons quej’aurais réformés. – Je sais, ditAdam.

Jeme demande combiendetemps celavaencore durer. » Henry luilança unregard aigu,prituncrayon danssapoche degilet eten tapota ses incisives supérieures. « Je voisceque vous voulez dire. » Adam, étonné, leregarda. « Et queveux-je dire ?demanda-t-il. – Je vous enprie.

Pasdesusceptibilité.

Jusqu’ici,jene m’étais jamaisrenducompte de mon bonheur.

Jen’ai que desfilles. » Adam suivitdudoigt unedesombres surson bureau. « Oui, dit-il,d’une voixlégère comme unsoupir.. »

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