Oeuvres de Napoleon Bonaparte, Tome IV.
Publié le 12/04/2014
Extrait du document


«
brigade Lapisse, avec le seizième d'infanterie légère, enlevait à la baïonnette un village qui servait de point
d'appui à l'ennemi.
La division Heudelet se déployait et marchait à lui.
A trois heures après midi, le feu était
des plus chauds.
Le grand-duc de Berg fit exécuter avec le plus grand succès plusieurs charges, dans
lesquelles la division de dragons Klein se distingua.
Cependant la nuit arrivant trop tôt, le combat continua
jusqu'à onze heures du soir.
L'ennemi fit sa retraite en désordre, laissant son artillerie, ses bagages, presque
tous ses sacs, et beaucoup de morts.
Toutes les colonnes ennemies se retirèrent sur Ostrolenka.
Le général Fenerolle, commandant une brigade de dragons, fut tué d'un boulet.
L'intrépide général Rapp,
aide-de-camp de l'empereur, a été blessé d'un coup de fusil, à la tête de sa division de dragons.
Le colonel
Sémélé, du brave vingt-quatrième de ligne, a été blessé.
Le maréchal Augereau a eu un cheval tué sous lui.
Cependant le maréchal Soult, avec son corps d'armée, était déjà arrivé à Molati, à deux lieues de Makow; mais
les horribles boues, suite des pluies et du dégel, arrêtèrent sa marche et sauvèrent l'armée russe, dont pas un
seul homme n'eût échappé sans cet accident.
Les destins de l'armée de Benigsen et de celle de Buxhowden
devaient se terminer en deçà de la petite rivière d'Orcye; mais tous les mouvemens ont été contrariés par l'effet
du dégel, au point que l'artillerie a mis jusqu'à deux jours pour faire trois lieues.
Toutefois, l'armée russe a
perdu quatre-vingt pièces de canon, tous ses caissons, plus de douze cents voitures de bagages, et douze mille
hommes tués, blessés ou faits prisonniers.
Les mouvemens des colonnes françaises et russes seront un objet de
vive curiosité pour les militaires, lorsqu'ils seront tracés sur la carte.
On y verra à combien peu il a tenu que
toute cette armée ne fût prise et anéantie en peu de jours, et cela, par l'effet d'une seule faute du général russe.
Nous avons perdu huit cents hommes tués, et nous avons eu deux mille blessés.
Maître d'une grande partie de
l'artillerie ennemie, de toutes les positions ennemies, ayant repoussé l'ennemi à plus de quarante lieues,
l'empereur a mis son armée en quartiers d'hiver.
Avant cette expédition, les officiers russes disaient qu'ils avaient cent cinquante mille hommes: aujourd'hui ils
prétendent n'en avoir eu que la moitié.
Qui croire, des officiers russes avant la bataille, ou des officiers russes
après la bataille?
La Perse et la Porte ont déclaré la guerre à la Russie.
Michelson attaque la Porte.
Ces deux grands empires,
voisins de la Russie, sont tourmentés par la politique fallacieuse du cabinet de Saint-Pétersbourg, qui agit
depuis dix ans chez eux comme elle a fait pendant cinquante ans en Pologne.
M.
Philippe Ségur, maréchal-des-logis de la maison de l'empereur, se rendant à Nasielsk, est tombé dans une
embuscade de cosaques, qui s'étaient placés dans une maison de bois qui se trouve derrière Nasielsk.
Il en a
tué deux de sa main, mais il a été fait prisonnier.
L'empereur l'a fait réclamer; mais le général russe l'avait sur-le-champ dirigé sur Saint-Pétersbourg.
De notre camp impérial de Pultusk, le 31 décembre 1806.
«M.
l'archevêque (ou évêque), les nouveaux succès que nos armées ont remportés sur les bords du Bug et de
la Narew, où, en cinq jours de temps, elles ont mis en déroute l'armée russe, avec période son artillerie, de ses
bagages et d'un grand nombre de prisonniers, en les obligeant à évacuer toutes les positions importantes où
elle s'était retranchée, nous portent à désirer que notre peuple adresse des remercîmens au ciel, pour qu'il
continue à nous être favorable, et pour que le Dieu des armées seconde nos justes entreprises, qui ont pour but
de donner enfin, à nos peuples, une paix stable et solide, que ne puisse troubler le génie du mal.
Cette lettre
n'étant pas à autre fin, nous prions Dieu, M.
l'archevêque (ou évêque), qu'il vous ait en sa sainte garde.
NAPOLÉON.
Oeuvres de Napoleon Bonaparte, Tome IV.
De notre camp impérial de Pultusk, le 31 décembre 1806.
75.
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