Oeuvres de Napoleon Bonaparte, TOME III Nous sommes forcés à faire la guerre pour repousser une injuste agression.
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
«
[Footnote 51: Le colonel Sébastiani, envoyé dans l'Orient, avait imprimé dans le Moniteur le rapport de son
voyage.]
Le rapport du colonel Sébastiani ne renferme pas un seul mot contre le gouvernement de sa Majesté; pas un
seul mot contre le peuple anglais, pas un seul mot contre l'armée anglaise; il attaquait, il est vrai, un colonel de
cette nation; mais qu'est-ce qu'un individu britannique qui se dit outragé en regard des grands intérêts des
deux gouvernemens de France et d'Angleterre? Est ce dans la balance même de l'Europe qu'il est permis de
placer même tous les noms des colonels anglais, passés, présens et futurs? et le colonel devait-il s'attendre à
ce grand honneur d'être vengé par une guerre européenne, de quelques paroles prononcées en Afrique et de
quelques justes réponses à des outrages faits au héros et à l'armée qui ont défendu le monde par leurs
victoires, et qui l'ont rempli par leur renommée? Eh! quoi, un officier français ne pourra répondre aux injures
proférées par un officier anglais contre l'armée et son chef, sans qu'il faille verser toutes les calamités de la
guerre sur le pays offensé? A quoi donc se réduit cette récrimination officielle? L'affaire des colonels
Sébastiani et Stuart est purement individuelle; elle ne peut, par conséquent, devenir jamais nationale: les lois
de l'honneur et les usages militaires sont suffisans pour de tels faits.
Mais convient-il bien au roi d'Angleterre de se plaindre diplomatiquement même de la réponse faite par le
général Sébastiani, aux outrages faits à Bonaparte et à l'armée française par un officier anglais, dans une
brochure, où il accuse Bonaparte d'avoir empoisonné son armée, brochure que le roi d'Angleterre a reçue de sa
main? Le général Sébastiani ne défendait-il pas sa vie contre cet officier qui choisit le moment où ce premier
est arrivé au Caire, pour l'accuser auprès du pacha, en lui envoyant un ordre du jour de l'armée d'Egypte, écrit
en l'an 7, et excitant contre lui la multitude égarée par des suggestions perfides? Ah! s'il y avait eu des
satisfactions à réclamer, elles l'eussent été bien légitimement contre l'odieuse conduite d'un général anglais qui
à voulu faire assassiner un officier français, en le livrant aux poignards des Turcs! Nous entrons dans tous ces
détails, parce qu'il est essentiel de faire connaître à toute l'Europe la ridicule injustice des plaintes de S.
M.
britannique.
D'ailleurs, rien n'est minutieux quand il s'agit des droits de l'humanité; tout s'agrandit devant
l'Europe, juge naturel de cette cause.
Le roi d'Angleterre, toujours ingénieux à chercher des outrages pour remplir son manifeste, en trouve un
nouveau dans la communication du premier, consul au corps législatif.
C'est là que Bonaparte a dit, avec tous les politiques et les militaires de l'Europe, cette grande vérité, que
l'Angleterre seule ne peut pas lutter contre la France; mais ce n'est là ni un défi ni une jactance.
Il n'y a dans le
style d'un grand général et d'un gouvernement célèbre que des aperçus-profond et des résultats politiques.
Lorsque le premier consul, après avoir présenté au corps législatif l'état des diverses puissances de l'Europe, a
parlé de la Grande-Bretagne, comme ne pouvant lutter seule contre la France, il n'en a tiré qu'une
conséquence favorable à la pacification générale.
Le duc de Clarence n'existe-t-il pas dans les îles
britanniques pour les préserver de toute attaque de la part des Français.
Je désire, a-t-il dit éloquemment, voir
la nation française employer les vastes ressources qu'elle a dans son sein, pour convaincre ce puissant consul
que nous sommes capables de nous mesurer seuls contre la France et contre tous ceux qui se joindront à elle;
je désire voir la Grande-Bretagne châtier la France: ce n'est pas la première fois que nous-l'aurions fait.
Non, ce n'est point là un outrage pour la république française de la part du duc de Clarence; victorieuse de
toutes les coalitions, triomphante de tous les crimes et de toutes les intrigues payées par l'or britannique, elle
ne peut se croire blessée par les rodomontades d'un jeune lord qui croit qu'on châtie la France, comme la
France a châtié le duc d'Yorck et ses soldat à Hondscote et sur les dunes de Dunkerque.
Il sied bien à un jeune
prince anglais de braver la belliqueuse France au moment où elle dépose à peine ses armes victorieuses, au
moment où l'étoile d'Albion pâlit, au moment où le fisc et la dette menacent d'engloutir l'Angleterre, au
moment où l'Inde opprimée est plus près encore du période des révolutions que ne l'est l'Irlande asservie, au
moment où la liberté prépare l'expulsion, des Anglais des Antilles; au moment où l'Europe continentale, Oeuvres de Napoleon Bonaparte, TOME III
Paris, le 18 prairial an 11 (7 juin 1803).
186.
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