Nouvelles lettres d'un voyageur jugements humains, le public lui-même, qui n'est
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
on pourrait évaluer à plusieurs millions les fonds employés à encourager une industrie, cause de ruine pour
beaucoup de gens et n'ayant servi qu'à détériorer une race appelée à jeter des germes d'amélioration dans nos
espèces...»
Et plus loin:
«Si tout le mérite du cheval était dans la vitesse, cette préoccupation serait excusable; mais à quoi sert le
meilleur coureur, quand il ne joint pas à cette qualité une bonne construction et de belles allures? Repoussé
pour la reproduction, ne trouvant pas même d'emploi chez celui qui l'élève, il ne sert qu'à engager des paris et
à compromettre ainsi la fortune de celui auquel il appartient.
»Rien ne pourrait mieux faire naître le doute, qu'un mode amenant d'aussi tristes résultats.
En tout état de
cause, à quoi sert d'obtenir un degré de plus grande vitesse parmi les individus d'une même race et tous
soumis aux mêmes conditions? seront-ils pour cela plus de pur sang?
»Si la lutte s'établissait entre des chevaux d'espèce différente, et que deux systèmes fussent en présence, je
comprendrais fort bien alors les luttes à outrance pour faire prévaloir un de ces deux systèmes; mais ici tout le
monde est d'accord; et l'on tient si fortement à l'être, que, dans les concours, on n'admet pas un cheval dont
l'origine ne soit bien constatée, tant on craint de réveiller la controverse, si un cheval dont l'origine serait
douteuse était vainqueur.»
Voilà donc pourtant où nous en sommes; voilà le résultat de ces grands moyens d'amélioration, considérés
aujourd'hui comme la panacée universelle.
M.
d'Aure, qui admet bien les épreuves de courses pour certains
chevaux, voudrait cependant aussi que des primes, des encouragements fussent accordés à des chevaux qui ne
peuvent et ne doivent pas être achetés comme étalons, et qui sont destinés à entrer dans la consommation.
Cet
encouragement serait certainement le meilleur, car l'éducation donnée à nos chevaux indigènes contribuerait
puissamment à combattre la concurrence étrangère.
Laissons encore parler M.
d'Aure:
«Pourquoi, en exigeant quelques preuves d'énergie, ne pas primer aussi les allures, la construction, le dressage
et la bonne condition? Le cheval une fois soumis à des exercices qui ne serviraient qu'à le mettre en valeur,
une grande concurrence s'établirait alors pour obtenir un prix, et, si on ne l'obtenait pas, on disposerait, en tout
état de cause, le cheval à une vente facile et avantageuse.
Dans cette hypothèse, il n'est pas douteux qu'une
foule de chevaux ne soient achetés par le consommateur à un prix souvent beaucoup plus élevé que ne sont
vendus annuellement au haras quelques étalons.»
De quelque manière que soit envisagée cette grande question, la création d'hommes spéciaux est une chose
indispensable.
Quand bien même nous enlèverions à l'équitation son importance sous le point de vue
d'économie industrielle, ou sous le point de vue militaire et politique, elle a encore une valeur immense sous
le point de vue artistique.
L'équitation est, en effet, une science et un art.
C'est un art pour celui qui dispose du cheval tout dressé.
C'est
une science pour le professeur, qui dresse et l'homme et le cheval.
Le professeur a donc à créer l'instrument et
le virtuose: il faut qu'il possède à fond la physiologie du cheval; faute de quoi, il est exposé à demander
violemment à certains individus ce que leur conformation, des défauts naturels ou des tares peu apparents leur
interdisent de faire avec spontanéité.
L'ignorance de l'éducateur, inattentif à ces imperfections ou à ces
particularités, provoque infailliblement chez des animaux, peut-être généreux et dociles d'ailleurs, la
souffrance, la révolte et une irritation de caractère qu'eux-mêmes ne peuvent plus gouverner.
Nouvelles lettres d'un voyageur
IV.
UTILITÉ 62.
»
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