Nerval - Odelettes : Fantaisie
Publié le 04/03/2011
Extrait du document
Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart, tout Weber1,
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets! 5 Or, chaque fois que je viens à l'entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit...
C'est sous Louis treize; et je crois voir s'étendre
Un coteau vert, que le couchant jaunit, Puis un château de brique à coins de pierre,
10 Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs; Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
15 Que, dans une autre existence peut-être,
J'ai déjà vue... et dont je me souviens!
1. On prononce Webre.
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