Musset a publié une longue Lettre à Lamartine en vers où il semble considérer Lamartine comme le poète qui l'a le plus profondément ému et le plus directement inspiré. Vous chercherez dans quelle mesure l'œuvre de Lamartine et celle de Musset se ressemblent.

   Les raisons de l'admiration de Musset sont que : la poésie de Lamartine est une poésie-confidence et une confidence du cœur ; — qu'elle est toute pleine de cette mélancolie, de ces tourments qui éveillent dans notre âme les échos les plus émouvants, — mais qu'elle est en même temps un élan vers tout ce qui est grand et beau, vers un idéal de vie spirituelle généreuse et pieuse.    Le sujet précédent nous a montré qu'on trouve dans l'œuvre de Musset la poésie-confidence, la confession d'amours douloureuses et d'une façon générale l'inquiétude d'une âme malheureuse. Musset est aussi bien non pas un stoïque sceptique comme Vigny, mais un spiritualiste attaché à l'essentiel des croyances traditionnelles. Il croit à la purification par la douleur {les Nuits) et en un Dieu-providence (Rolla, L'Espoir en Dieu, etc.). Il y a pourtant des différences. Comme nous venons de le montrer, les détresses de Musset sont plus profondes, sa confession plus déchirante parce qu'il se sent enchaîné à des faiblesses ou à des vices dont il désespère de se guérir. D'autre part, Lamartine s'écarte peu d'un christianisme orthodoxe et il y revient assez vite. Musset n'est que déiste et se désintéresse des dogmes chrétiens.    Enfin, il n'y a qu'une partie de l'œuvre de Musset qui ressemble à celle de Lamartine. Rien chez Lamartine ne rappelle le Musset fantaisiste et ironique.