Monsieur Bergeret a Paris facile, disposée à l'amusement qu'un homme procure par des plaisanteries un peu grasses et par une certaine laideur.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
Et vous me promettez que Dieudonné passera.
Dieudonné ou Goby.
Comment?...
Dieudonné ou Goby? Si vous n'étiez pas plus sûr que ça, vous auriez dû me prévenir....
Dieudonné ou Goby!...
A vous entendre, on dirait que c'est la même chose.
Ce n'est pas la même chose.
Mais dans les deux cas, Brécé échoue....
Vous savez, Brécé est de nos amis.
Et des miens!...
Dans les deux cas, vous dis-je, Brécé échoue avec sa liste, et M.
de Gromance, en
contribuant à son échec, se sera acquis des titres à la reconnaissance du préfet et du gouvernement.
Après les
élections, quel qu'en soit le résultat, vous reviendrez voir mes Baudouin, et je fais votre mari...
tout ce que
vous voudrez qu'il soit.
Ambassadeur.
Au scrutin du 28 janvier, la liste des nationalistes: comte de Brécé; colonel Despautères; Lerond, ancien
magistrat; Lafolie, boucher, obtint cent voix en moyenne.
La liste des républicains progressistes: Félix
Panneton, industriel; Dieudonné de Gromance, propriétaire; Mulot, explorateur; docteur Fornerol, obtint cent
trente voix en moyenne; Laprat-Teulet, compromis dans le Panama, ne réunit sur son nom que cent vingt
suffrages.
Les trois autres sénateurs sortants, républicains radicaux, obtinrent deux cents voix en moyenne.
Au second tour de scrutin, Laprat-Teulet tomba à soixante voix.
Au troisième tour, Goby, Mannequin, Ledru, sénateurs sortants radicaux, et Félix Panneton, républicain
progressiste, furent élus.
XX
Contemplez ce spectacle, dit, sur les marches du Trocadéro, M.
Bergeret à M.
Goubin, son disciple, qui
essuyait les verres de son lorgnon.
Voyez: dômes, minarets, flèches, clochers, tours, frontons, toits de chaume,
d'ardoise, de verre, de tuile, de faïences colorées, de bois, de peaux de bêtes, terrasses italiennes et terrasses
mauresques, palais, temples, pagodes, kiosques, huttes, cabanes, tentes, châteaux d'eaux, château de feu,
contrastes et harmonies de toutes les habitations humaines, féerie du travail, jeux merveilleux de l'industrie,
amusement énorme du génie moderne, qui a planté là les arts et métiers de l'univers.
Pensez-vous, demanda M.
Goubin, que la France tirera profit de cette immense Exposition?
Elle en peut recueillir de grands avantages, répondit M.
Bergeret, à la condition de n'en pas concevoir un
stérile et hostile orgueil.
Ceci n'est que le décor et l'enveloppe.
L'étude du dedans donnera lieu de considérer
de plus près l'échange et la circulation des produits, la consommation au juste prix, l'augmentation du travail
et du salaire, l'émancipation de l'ouvrier.
Et n'admirez-vous pas, monsieur Goubin, un des premiers bienfaits
de l'Exposition universelle? Voici que, tout d'abord, elle a mis en déroute Jean Coq et Jean Mouton.
Jean Coq
et Jean Mouton, où sont-ils? On ne les voit ni ne les entend.
Naguère on ne voyait qu'eux.
Jean Coq allait
devant, la tête haute et le mollet tendu.
Jean Mouton allait derrière, gras et frisé.
Toute la ville retentissait de
leur cocorico et de leur bêe, bêe, bêe; car ils étaient éloquents.
J'ouïs, un jour de cet hiver, Jean Coq qui disait:
»Il faut faire la guerre.
Ce gouvernement l'a rendue inévitable par sa lâcheté.
Monsieur Bergeret a Paris
XX 68.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- L'Histoire contemporaine : l'Orme du mail, le Mannequin d'osier, l'Anneau d'améthyste, Monsieur Bergeret à Paris
- Monsieur Bergeret a Paris --Et pour les honnêtes gens, répondit Lacrisse.
- Monsieur Bergeret a Paris --Oui, dit M.
- Monsieur Bergeret a Paris Les Pères, qui possédaient dans le quartier une chapelle et d'immenses immeubles, se gardèrent d'intervenir dans une affaire électorale.
- Monsieur Bergeret a Paris --Et républicain?