- Moi-même !
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
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Catherine
morditseslèvres decolère ettordit sesbelles mains.
– Tout celaestparfaitement exact,deMouy, ajoutaleroi.
– Alors, repritlareine mère, sitout était arrêté entrevousetleroi deNavarre, àquelle finl’entrevue que
vous avezeuecesoir avec lui ?
– Moi, madame, avecleroi deNavarre ? ditdeMouy.
M. de Nancey, quim’a arrêté, ferafoique j’étais seul.
Votre Majesté peutl’appeler.
– Monsieur deNancey !dit leroi.
Lecapitaine desgardes reparut.
– Monsieur deNancey, ditvivement Catherine, M. de Mouy était-iltoutàfait seul àl’auberge delaBelle-
Étoile ? –Dans lachambre, oui,madame ; maisdansl’auberge, non.
– Ah !dit Catherine, quelétait soncompagnon ?
– Je ne sais sic’était lecompagnon deM. de Mouy, madame ;maisjesais qu’il s’estéchappé parune porte de
derrière, aprèsavoircouché surlecarreau deuxdemes gardes.
– Et vous avezreconnu cegentilhomme, sansdoute ?
– Non, pasmoi, mais mesgardes.
– Et quel était-il ? demanda CharlesIX.
– M. le comte Annibal deCoconnas.
– Annibal deCoconnas, répétaleroi assombri etrêveur, celuiquiafait unsiterrible massacre dehuguenots
pendant laSaint-Barthélemy.
– M. de Coconnas, gentilhommedeM. d’Alençon, ditM. de Nancey.
– C’est bien, c’estbien, ditCharles IX ;retirez-vous, monsieurdeNancey, etune autre fois,souvenez-vous
d’une chose…
– De laquelle, Sire ?
– C’est quevous êtesàmon service, etque vous nedevez obéirqu’àmoi.
M. de Nancey seretira àreculons ensaluant respectueusement.
DeMouy envoya unsourire ironique à
Catherine.
Ilse fit un silence d’uninstant.
La reine tordait laganse desacordelière, Charlescaressait sonchien.
– Mais quelétait votre but,monsieur ? continuaCharles ; agissiez-vous violemment ?
– Contre qui,Sire ?
– Mais contre Henri, contreFrançois oucontre moi.
– Sire, nous avions larenonciation devotre beau-frère, l’agrémentdevotre frère ; et,comme j’aieul’honneur
de vous ledire, nous étions surlepoint desolliciter l’autorisation deVotre Majesté, lorsqueestarrivée cette
fatale affaire duLouvre.
– Eh bien, mamère, ditCharles, jene vois aucun malàtout cela.
Vous étiezdans votre droit, monsieur de
Mouy, endemandant unroi.
Oui, laNavarre peutêtreetdoit êtreunroyaume séparé.Ilya plus, ceroyaume
semble faitexprès pourdoter monfrère d’Alençon, quiatoujours eusigrande envied’une couronne, que
lorsque nousportons lanôtre ilne peut détourner lesyeux dedessus elle.Laseule chose quis’opposait àcette
intronisation, c’étaitledroit deHenriot ; maispuisque Henriotyrenonce volontairement…
– Volontairement, Sire.
– Il paraît quec’est lavolonté deDieu !Monsieur deMouy, vousêteslibre deretourner versvosfrères, que
j’ai châtiés… unpeu durement, peut-être ; maisceciestune affaire entremoietDieu : etdites-leur que,
puisqu’ils désirentpourroideNavarre monfrère d’Alençon, leroi deFrance serend àleurs désirs.
Àpartir dece
moment, laNavarre estunroyaume, etson souverain s’appelleFrançois.
Jene demande quehuit jours pourque
mon frère quitte Parisavecl’éclat etlapompe quiconviennent àun roi.
Allez, monsieur deMouy, allez!…
Monsieur deNancey, laissezpasserM. de Mouy, ilest libre.
– Sire, ditdeMouy enfaisant unpas enavant, VotreMajesté permet-elle ?
– Oui, ditleroi.
Etiltendit lamain aujeune huguenot.
DeMouy mitungenou àterre etbaisa lamain duroi.
– À propos, ditCharles enleretenant aumoment oùilallait serelever, nem’aviez-vous pasdemandé justice
de cebrigand deMaurevel ?
– Oui, Sire.
– Je ne sais oùilest pour vouslafaire, carilse cache ; maissivous lerencontrez, faites-vousjusticevous-
même, jevous yautorise, etde grand cœur.
– Ah !Sire, s’écria deMouy, voilàquimecomble véritablement ; queVotre Majesté s’enrapporte àmoi ; je
ne sais non plus oùilest, mais jeletrouverai, soyeztranquille.
Et de Mouy, aprèsavoirrespectueusement saluéleroi Charles etlareine Catherine, seretira sansqueles
gardes quil’avaient amenémissent aucunempêchement àsa sortie.
Iltraversa lescorridors, gagnarapidement
le guichet, etune foisdehors nefitqu’un bonddelaplace Saint-Germain-l’Auxerrois àl’auberge delaBelle-
Étoile, oùilretrouva soncheval, grâceauquel, troisheures aprèslascène quenous venons deraconter, lejeune
homme respirait ensûreté derrière lesmurailles deMantes.
Catherine, dévorantsacolère, regagna sonappartement d’oùellepassa dansceluideMarguerite.
Elley
trouva Henrienrobe dechambre etqui paraissait prêtàse mettre aulit..
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