Michel Strogoff Quant à Nicolas Pigassof, il ne s'était jamais mieux porté.
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
«
De Kamsk à la bourgade prochaine, l'étape fut très-longue, environ cent trente verstes.
Il va sans dire que les
haltes réglementaires furent observées, a sans quoi, disait Nicolas, on se serait attiré quelque juste réclamation
de la part du cheval.
Il avait été convenu avec cette courageuse bête qu'elle se reposerait après quinze verstes,
et, quand on contracte, même avec des animaux, l'équité veut qu'on se tienne dans les termes du contrat.
Après avoir franchi la petite rivière de Biriousa, la kibitka atteignit Biriousinsk dans la matinée du 4
septembre.
Là, très-heureusement, Nicolas, qui voyait s'épuiser ses provisions, trouva dans un four abandonné une
douzaine de «pogatchas», sorte de gâteaux préparés avec de la graisse de mouton, et une forte provision de riz
cuit à l'eau.
Ce surcroît alla rejoindre à propos la réserve de koumyss, dont la kibitka était suffisamment
approvisionnée depuis Krasnoiarsk.
Après une halte convenable, la route fut reprise dans l'après-dînée du 8 septembre.
La distance jusqu'à
Irkoutsk n'était plus que de cinq cents verstes.
Rien on arrière ne signalait l'avant-garde tartare.
Michel
Strogoff était donc fondé à penser que son voyage ne serait plus entravé, et que dans huit jours, dans dix au
plus, il serait en présence du grand-duc.
En sortant de Biriousinsk, un lièvre vint à traverser le chemin, à trente pas en avant de la kibitka.
«Ah! fit Nicolas.
Qu'as-tu, ami? demanda vivement Michel Strogoff, comme un aveugle que le moindre bruit tient en éveil.
Tu n'as pas vu?....» dit Nicolas, dont la souriante figure s'était subitement assombrie.
Puis il ajouta:
«Ah! non! tu n'as pu voir, et c'est heureux pour toi, petit père!
Mais je n'ai rien vu, dit Nadia.
Tant mieux! tant mieux! Mais moi...
j'ai vu!....
Qu'était-ce donc? demanda Michel Strogoff.
Un lièvre qui vient de croiser notre route!» répondit Nicolas.
En Russie, lorsqu'un lièvre croisa la route d'un voyageur, la croyance populaire veut que ce soit le signe d'un
malheur prochain.
Nicolas, superstitieux comme le sont la plupart des Russes, avait arrêté la kibitka.
Michel Strogoff comprit l'hésitation do son compagnon, bien qu'il ne partageât aucunement sa crédulité a
l'endroit des lièvres qui passent, et il voulut le rassurer.
«Il n'y a rien à craindre, ami, lui dit-il.
Rien pour toi, ni pour elle, je le sais, petit père, répondit Nicolas, mais pour moi!»
Et reprenant: Michel Strogoff
CHAPITRE VIII.
UN BIÈVRE QUI TRAVERSE LA ROUTE.
158.
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