Michel Strogoff Nicolas voulut s'élancer!
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
«
Michel Strogoff s'était jeté sur le talus de la route.
Nadia, debout, attendait un mot de lui pour se remettre en
marche.
Il était dix heures du soir.
Depuis trois heures et demie, le soleil avait disparu derrière l'horizon.
Il n'y avait
pas une maison, pas une hutte en vue.
Les derniers Tartares se perdaient dans le lointain.
Michel Strogoff et
Nadia étaient bien seuls.
«Que vont-ils faire de notre ami? s'écria la jeune fille.
Pauvre Nicolas! Notre rencontre lui aura été fatale!»
Michel Strogoff ne répondit pas.
«Michel, reprit Nadia, ne sais-tu pas qu'il t'a défendu lorsque tu étais le jouet des Tartares, qu'il a risqué sa vie
pour moi?»
Michel Strogoff se taisait toujours.
Immobile, la tête appuyée sur ses mains, à quoi pensait il? Bien qu'il ne lui
répondit pas, entendait-il même Nadia lui parler?
Oui! il l'entendait, car, lorsque la jeune fille ajouta:
«Où te conduirai-je, Michel?
A Irkoutsk! répondit-il.
Par la grande route?
Oui, Nadia.»
Michel Strogoff était resté l'homme qui s'était juré d'arriver quand même à son but.
Suivre la grande route,
c'était y aller par le plus court chemin.
Si l'avant-garde des troupes de Féofar-Khan apparaissait, il serait
temps alors de se jeter par la traverse.
Nadia reprit la main de Michel Strogoff, et ils partirent.
Le lendemain matin, 12 septembre, vingt verstes plus loin, au bourg de Toulounovskoë, tous deux faisaient
une courte halte.
Le bourg était incendié et désert.
Pendant toute la nuit, Nadia avait cherché si le cadavre de
Nicolas n'avait pas été abandonné sur la route, mais ce fut en vain qu'elle fouilla les ruines et qu'elle regarda
parmi les morts.
Jusqu'alors, Nicolas semblait avoir été épargné.
Mais ne le réservait-on pas pour quelque
cruel supplice, lorsqu'il serait arrivé au camp d'Irkoutsk?
Nadia, épuisée par la faim, dont son compagnon souffrait cruellement aussi, fut assez heureuse pour trouver
dans une maison du bourg une certaine quantité de viande sèche et de «soukharis», morceaux de pain qui,
desséchés par évaporation, peuvent conserver indéfiniment leurs qualités nutritives.
Michel Strogoff et la
jeune fille se chargèrent de tout ce qu'ils purent emporter.
Leur nourriture était ainsi assurée pour plusieurs
jours, et, quant à l'eau, elle ne devait pas leur manquer dans une contrée que sillonnent mille petits affluents de
l'Angara.
Ils se remirent en route.
Michel Strogoff allait d'un pas assuré et ne le ralentissait que pour sa compagne.
Nadia, ne voulant pas rester en arrière, se forçait à marcher.
Heureusement, son compagnon ne pouvait voir à
quel état misérable la fatigue l'avait réduite.
Cependant, Michel Strogoff le sentait.
Michel Strogoff
CHAPITRE IX.
DANS LA STEPPE.
164.
»
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