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Mazzini, République et royauté en Italie (extrait)

Publié le 14/04/2013

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En 1850, après la flambée révolutionnaire de 1848-1849 — à laquelle il a activement pris part en dirigeant la République romaine avec Saffi et Armelli —, Giuseppe Mazzini défend le principe d’une République italienne unifiée. Contre les modérés et les fédéralistes, il exhorte le peuple italien à saisir les rennes de son indépendance, de son unité et de son destin national, ce qui exige d’abattre la domination étrangère (en particulier celle de l’Autriche-Hongrie) et le pouvoir pontifical. Selon le patriote, la conquête de la liberté italienne passe donc par une insurrection populaire et révolutionnaire — qu’il tente, vainement, de mettre en pratique avec son « parti d’Action « (1853).

République et royauté en Italie de Giuseppe Mazzini

 

L’Italie veut être une NATION, pour elle et pour les autres, par droit et par devoir ; droit de vie collective, d’éducation collective ; — devoir envers l’humanité, au sein de laquelle elle a une mission à remplir, une vérité à promulguer, une idée à répandre.

 

 

L’Italie veut être Nation, et nation Une, non de l’unité napoléonienne, non de la centralisation administrative exagérée, qui annule au bénéfice d’une capitale et d’un gouvernement la liberté des membres ; mais de l’unité du pacte ; de l’unité de relations internationales, d’armées, de codes, d’éducation, de l’unité en harmonie avec l’existence de régions circonscrites par des caractères locaux et traditionnels, et avec la vie des grandes et fortes communes, participant le plus possible au pouvoir par l’élection et dotées de toutes les forces nécessaires pour remplir le but de l’association, forces dont l’absence les rend aujourd’hui impuissantes et nécessairement asservies au gouvernement central.

 

 

L’autonomie des États actuels est une erreur historique. Ce n’a point été par leur rivalité propre et spontanée que les États se sont formés, mais par l’arbitrage d’une domination étrangère ou locale. […]

 

 

L’Italie veut être une nation d’hommes égaux et libres, une nation de frères associés à l’œuvre du progrès commun. Pour elle la pensée, le travail, la propriété créés par le travail sont choses sacrées, sacré aussi, selon la mesure des devoirs accomplis, le droit au libre développement des facultés et des forces, de l’esprit et du cœur.

 

 

Le problème italien, comme celui de l’humanité, est un problème d’éducation morale. L’Italie veut que tous ses enfants deviennent progressivement meilleurs. Elle vénère la vertu et le génie, non la richesse ou la force, elle veut des instituteurs et non des maîtres, le culte du vrai, non du mensonge ou du hasard. Elle croit en Dieu et au peuple ; non au pape et aux rois.

 

 

Et pour que le peuple soit, il faut qu’il conquière par l’action et le sacrifice la conscience de ses devoirs et de ses droits. L’indépendance, c’est-à-dire la destruction des obstacles intérieurs et extérieurs qui s’opposent à la constitution de la vie nationale, doit donc s’obtenir non seulement pour le peuple, mais par le peuple. La guerre par tous, la victoire pour tous.

 

 

L’insurrection est la bataille livrée pour conquérir la révolution : c’est-à-dire la nation. L’insurrection doit donc être nationale ; elle doit surgir de partout avec le même drapeau, la même foi, le même but. […]

 

 

C’est un pouvoir concentré dans les mains de quelques hommes choisis par le peuple insurgé, à cause de leur bonne renommée de vertu, d’énergie éprouvée, qu’il appartient d’exécuter le mandat de l’insurrection et de terminer la lutte ; c’est au peuple seul, à ses seuls élus, qu’appartient le gouvernement de la révolution.

 

 

Source : Mazzini (Giuseppe), République et royauté en Italie, trad. par George Sand, 1850.

 

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